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Il bricole des vélos chez «Selle que j’aime»

Michael Todd, alias Teddy, nettoie une jante au soleil de la rue de Veyrier© FK
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Michael Todd, alias Teddy, nettoie une jante au soleil de la rue de Veyrier© FK

Visite à Carouge d’un minuscule atelier un peu particulier à la rue de Veyrier.

On le voit souvent pédaler, sourire en coin, dans les rues du vieux Carouge, chevauchant une étrange bicyclette. Une sorte de chopper, avec une selle longue comme le bras et un guidon tout droit sorti des années 70 qui rappelle les virées à moto des années Woodstock. Michael Todd, qui tient l’atelier de vélos «Selle que j’aime», a la science mécanique bien vissée dans la tête. Sans oublier ses bras et mains qui ont acquis tous les automatismes requis pour réparer un pneu crevé, des freins épuisés, ou une selle usée jusqu’à l’os.

Son atelier de vente et réparation est petit comme une enveloppe, soit environ 15 m2, mais rempli jusqu’à la gorge de bicyclettes, pièces de rechange et outils en tout genre. Ici, c’est le domaine des vélos. Mais pas n’importe lesquels. On trouvera rarement chez «Selle que j’aime» de cadre en carbone ou de vélos électriques ou même de vélos neufs. Le 1, rue de Veyrier est un univers de récupération et de réparation en tout genre. On peut y trouver un deux-roues entièrement révisé avec trois mois de garantie entre 200 et 600 francs. Et des pièces de rechange (notamment Campagnolo) rares introuvables ailleurs. Pendant de nombreuses années, Michael Todd a vendu ses vélos à foison, jusqu’à un par jour, avec des prix défiant toute concurrence. Mais depuis deux ans, c’est la pénurie. «Je ne vends pas plus d’un vélo par semaine et l’essentiel de mon activité réside maintenant dans la réparation. 2020 a été une bonne année, mais depuis 2021, presque plus rien. La raison en est peut-être que 2021 a été une année très pluvieuse, la vente par internet aussi, ou l’essor des vélos et trottinettes électriques. Je ne sais pas.»

Michael Todd s’est lancé dans la réparation de vélo dans les années 2000. «Personne ne m’a jamais appelé Michael, précise-t-il, par contre Eddy, Freddy, Teddy, Henry ou encore Andy, c’est fréquent.» Teddy, donc, dont la devise est «Pedalo, ergo sum», a ouvert «Selle que j’aime» en 2001. «Cette devise, dont je suis fier, a été reprise par le cycliste et conférencier Claude Marthaler. Quant au magasin, je voulais un nom à l’ancienne, un jeu de mots. J’ai hésité avec «À la bonne pédale», mais finalement j’ai opté pour «Selle que j’aime». Avant de réparer et vendre des vélos, j’étais musicien de rue. À mon arrivée à Genève, j’ai été surpris par le nombre de vélos jetés à même la rue. Je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose. Comme je suis Écossais et que là-bas on ne jette rien, je me suis donc mis à les réparer, sans rien connaître à la mécanique.» L’expérience viendra avec la pratique.

Chez «Selle que j’aime», Teddy travaille à l’ancienne. Aucun ordinateur. Pour la comptabilité, il fait tout de tête: «C’est un bon exercice pour le cerveau.» Et à l’entrée de son magasin, une affiche bien visible indique «Cash only. Pas de carte de crédit.» Décidément

Mais le plaisir est là et Teddy adore son travail. «J’ai beaucoup de plaisir à faire de la mécanique et à bien faire mon travail. Et il est très important pour moi de rendre service. C’est ça qui me motive. On me dit que je suis précieux, et je trouve ça très encourageant.» Quant à la clientèle de l’atelier, elle est pour moitié carougeoise. Et si certains clients y viennent depuis le début, soit il y a vingt ans, d’autres découvrent en passant devant cet atelier mécanique d’un autre temps. «Souvent les gens ont beaucoup d’affection pour leur bicyclette, alors ils viennent ici. Mes clients aiment ma façon de faire, ce travail à l’ancienne.»

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Journaliste RP, fasciné par le tissu local genevois, ses petites histoires et sa fascinante diversité,  je participe avec l’équipe des Reporters de quartier à la réalisation de Signé Genève sur le site et dans le journal.

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