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Changement de voie: des TPG à la photo

Mathias Deshusses. © Steve Iuncker Gomez Terminus de la ligne 14 (P+R Bernex) au petit matin.© Mathias Deshusses Tram fantôme. © Mathias Deshusses Terminus des lignes 6 et 19 (Vernier Village). © Mathias Deshusses Le port de Versoix. © Mathias Deshusses Les tours du Lignon depuis Loëx. © Mathias Deshusses Vue sur le bassin Genevois depuis le Jura à l'aube. © Mathias Deshusses Sur la route du travail par les chemins de traverse. © Mathias Deshusses Architecture à Sécheron. © Mathias Deshusses
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Vue sur le bassin Genevois depuis le Jura à l'aube. © Mathias Deshusses

Voici l’étonnante chronique d’un homme, mais surtout d’une reconversion à marche forcée suite à des ennuis de santé. Cette histoire est celle de Mathias Deshusses, enfant de Carouge, habitant de La Plaine et citoyen genevois depuis toujours. Un homme plein d’énergie, qui sait garder le sourire malgré les mésaventures de la vie qui ne lui a pas toujours souri. À 34 ans, ce père de deux enfants est encore et toujours passionné par les transports. Il y a quelques années de cela, cet intérêt l’avait d’ailleurs porté vers les Transports publics genevois (TPG). Il y a travaillé en tant que conducteur de tram et trolley depuis 2009 et adore ce métier. «J’ai passé le permis trolleybus en 2009 et celui de tram en 2013. J’ai souvent travaillé la nuit. Pour moi, conduire ces engins est un métier merveilleux. On a le bureau avec la plus belle vue possible, une vue qui change, de surcroît à chaque instant, dit-il. De plus, j’adore la sensation de glisser sur des rails.»

Wattman, une profession exigeante
Le métier est certes difficile avec les horaires qui changent, la circulation, les piétons inattentifs ou les clients qui ne comprennent pas les impératifs de la route. «Oui, c’est un métier délicat, dit-il. Par exemple, lorsqu’on est à un feu rouge, les gens ne comprennent pas que nous n’ouvrions pas la porte du tram. Si on le fait, on perd la phase du feu et donc entre trente secondes et deux minutes. Après, les retards s’accumulent vite!» Sur le tracé de la ligne 12, aux heures de pointe, il y a un tram toutes les quatre minutes, si le conducteur prend du retard, il se forme rapidement des grappes de véhicules. «À partir de deux minutes de retard, ce n’est plus rattrapable», explique-t-il. Avant d’ajouter, enthousiaste: «J’ai adoré ce métier!»
Ce bonheur sur rail et sur route a été de courte durée pour Mathias Deshusses, rattrapé par des soucis de santé et des douleurs chroniques. Dès lors, la conduite de véhicules professionnels lui est exclue. Mais l’homme a plus d’une corde à son arc et comme, dans le cadre de son travail, il avait pris de nombreuses photos avec son smartphone – bus trams, levers de soleil, entrepôts, etc. – il s’est empressé de les partager sur Facebook et Instagram. Avec le secret espoir d’une reconversion aux TPG.
Succès sur les réseaux sociaux
Les clichés de sa vision du travail de wattman font illico un carton sur les réseaux sociaux. Les «like» se multiplient ainsi que les commentaires encourageants. À ce jour, Insta’grumpf – c’est son nom sur Facebook – est suivi par près de 4300 followers. Il décide alors de publier un livre à compte d’auteur avec ses photos. «Sur les réseaux sociaux, mes photos sont très appréciées car elles changent la vision du métier de conducteur. J’espérais une potentielle reconversion aux TPG avec ces images, mais jusqu’à présent, cela n’a rien donné.» Il faut dire que Mathias n’est pas un béotien en matière de photo. Dans les années 2000, il avait suivi un apprentissage de photographie de laboratoire, et ce goût prononcé pour l’image ne l’a jamais lâché depuis.
Changement de voie professionnelle requis
Désormais dépouillé d’un métier qu’il adore, Mathias Deshusses s’interroge sur un changement de voie dans sa vie professionnelle. L’assurance invalidité (AI), qui le suit depuis ses ennuis de santé, n’est pas vraiment entrée en matière sur la photo: «Ce n’est pas viable», m’a-t-on dit.» Mathias prend donc son courage à deux mains et se lance, après en avoir défini tous les contours et tous les angles, dans une procédure de financement participatif (crowdfunding). Le but étant d’acquérir du matériel photo professionnel et des connaissances en photo à travers une formation idoine. «Je voulais tracer ma propre voie, dit-il. Ce projet de financement était basé sur trente jours. Passé ce délai, j’ai obtenu deux fois et demie le montant recherché, un succès inespéré! Cela m’a permis d’investir dans du matériel et de la formation.» Mais surtout cette quête financière a engendré de nombreux contacts très enrichissants pour l’ancien wattman: bons plans, conseils, lieux d’exposition pour ses photos. C’est ainsi que Mathias a décroché une collaboration avec l’IFAGE (Fondation pour la formation des adultes à Genève): il leur fournit des photos pour enrichir leurs réseaux sociaux en échange d’une formation en photographie et en postproduction. «C’est un superpartenariat pour moi», s’exclame-t-il.
La plume dans l’objectif
Ainsi va la vie pour celui qui, contractuellement, est toujours wattman pour les TPG: «Mon but est de développer ça, même si je suis conscient qu’il s’agit d’un chemin difficile. La photo constituera probablement une voie parallèle à une reconversion via l’AI. Ce qui compte pour moi, c’est le côté positif de cette recherche; la vie continue, elle ne s’arrête pas. J’ai deux enfants et une vie heureuse. Avec ce qui m’est arrivé, je serais au fond du gouffre sans ma famille.» Une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule, cet habitant de La Plaine, qui ne manie pas que le volant et la caméra avec dextérité, a décidé de s’investir dans la plume en tant que reporter de quartier pour Signé Genève. On se réjouit d’ores et déjà de lire sa prose.

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Journaliste RP, fasciné par le tissu local genevois, ses petites histoires et sa fascinante diversité,  je participe avec l’équipe des Reporters de quartier à la réalisation de Signé Genève sur le site et dans le journal.

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