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Damien Maurel, l’homme sage-femme des Grangettes

Damien Maurel,  maieuticien à la maternité de la Clinique des Grangettes© DR
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Damien Maurel, maieuticien à la maternité de la Clinique des Grangettes© DR

 

J’ai eu l’occasion de rencontrer Damien Maurel, maïeuticien de profession, au sein de la maternité de Hirslanden Clinique des Grangettes. Un terme pas très connu qui vient du grec ancien «maieutike» signifiant «l’art d’accoucher» par analogie avec le personnage de la mythologie grecque «Maïa», déesse qui veillait sur les accouchements. Damien est donc un homme sage-femme, métier qui s’ouvre de plus en plus aux hommes actuellement.

Quel est votre parcours?

Il débute dans le sud de la France à la fac de médecine de Nice après un bac scientifique. Après le concours d’entrée en médecine, j’ai dû faire un choix d’orientation professionnelle et je me suis dirigé vers le métier de sage-femme un peu par défaut et avec une méconnaissance du métier. Mes quatre ans de spécialisation m’ont fait découvrir un métier particulier qui m’a beaucoup plu. J’ai commencé ma carrière à l’hôpital de Grasse. Puis j’ai travaillé dans plusieurs établissements du sud de la France. J’ai ensuite complètement changé de situation géographique, et je suis parti en Guyane française loin de la métropole pour découvrir une autre facette de mon métier. Depuis 2019, je travaille à la maternité de la Clinique des Grangettes à Genève.

Étiez-vous le seul homme lors de ces études?

Bien qu’ouverte aux hommes, cette profession reste majoritairement pratiquée par des femmes, nous sommes peu nombreux dans cette profession. Ma promotion était cependant exceptionnelle, car nous étions sept hommes. Cela n’est plus arrivé depuis. Habituellement il n’y a qu’un seul homme par promotion maximum.

Qu’est-ce qui vous a motivé à pratiquer cette discipline qui était, jusqu’il y a quelques années, plutôt dévolue aux femmes?

La profession de sage-femme a été ouverte aux hommes en France en 1982, à la suite d’une directive européenne qui portait sur la non-discrimination sexuée dans toutes les professions. Et ce n’est qu’en 2004 qu’il y a eu le premier homme sage-femme en Suisse.

Dès le début de ma carrière, je me suis toujours senti utile et à ma place. C’est une chance énorme de pouvoir contribuer concrètement à faire de la naissance un moment magique et émouvant. À la fin de mes journées ou de mes nuits, je rentre très souvent à la maison avec un immense sourire sur le visage.

Vos activités sont-elles les mêmes que celles des femmes?

Oui, mon travail reste foncièrement le même que celui de mes collègues femmes. Nous avons tous le même objectif: être aux petits soins des parents, assurer le confort et la sécurité de la maman et du bébé et faire notre maximum pour que l’accouchement soit un moment merveilleux pour le couple. Je suis quelquefois sollicité par mon équipe pour de la manutention un peu plus lourde, mais cela ne reste des exceptions.

Comment se déroule une journée type?

Ma journée commence par la relève à 7 h 00 ou 19 h 00. À ce moment-là, les équipes se transmettent les informations médicales des patientes. Les patientes nous sont ensuite attribuées et nous allons nous présenter directement au couple pour faire connaissance.

Nous faisons notre maximum pour le bien-être et le confort des parents. Si le travail de la maman a commencé, nous l’accompagnons et lui proposons différentes alternatives pour soulager ses douleurs afin que l’accouchement se déroule dans les meilleures conditions possibles. Notre rôle est d’établir avec le couple une relation de confiance en assurant la sécurité de la maman et du bébé. Nos journées ou nos nuits durent 12 heures afin d’éviter trop de changement de personnel lors d’un accouchement, car on le sait, une femme accouche rarement en une heure, comme dans les films.

En général quel est l’accueil que vous réservent les futures mamans que vous accompagnez? Comment se passe le premier contact?

La plupart du temps, le fait que je sois un homme ne pose aucun problème aux mamans. Je suis bien accueilli car souvent leur gynécologue est un homme. Elles voient que je suis aussi compétent qu’une femme et le contact passe très bien.

Et, grande nouveauté, vous donnez également des cours de préparation à l’accouchement destinés uniquement aux futurs papas. Quelles sont les activités et ateliers que vous leur proposez?

Depuis plus d’un an, la maternité de la Clinique propose aux futurs papas de suivre un cours de préparation à l’accouchement. Différents thèmes y sont abordés, tels que le rôle du papa pendant et après l’accouchement. Nous abordons également des aspects psychologiques de la paternité et proposons un aspect plus pratique avec un atelier de portage et de manipulation du bébé. L’intérêt des papas pour ces cours est réel. Ils sont très nombreux à chaque fois.

D’après vous quelles sont les qualités nécessaires pour pratiquer ce métier?

Une sage-femme doit être réactive et attentive. Nous essayons d’anticiper un maximum les risques de l’accouchement au préalable. Il faut arriver à être sûr de soi tout en sachant se remettre en question parfois. Et enfin, il faut avoir une bonne résistance psychologique et physique.

Vous souvenez-vous de situations particulièrement marquantes que vous avez vécues depuis que vous exercez cette profession?

Celle qui me vient vite à l’esprit est ma première procidence du cordon en Guyane. C’est une situation d’urgence que l’on ne rencontre que rarement dans une vie de sage-femme. Au lieu que ce soit la tête du bébé qui descende en premier, c’est le cordon ombilical. Le cordon ombilical se trouve alors écrasé par la tête, et donc ne perfuse plus le bébé en oxygène. Je me revois pousser le lit de la patiente dans les couloirs le plus vite possible, je revois aussi le personnel de bloc courir pour nous ouvrir les portes. Et au final nous avons réussi à sauver le bébé. Pour vous citer une deuxième situation marquante, elle se déroulait lors de mes études, lors de mon tout premier stage en salle d’accouchement, la patiente n’était pas sur le point d’accoucher et le rythme cardiaque du bébé a ralenti. C’est ce que l’on appelle une bradycardie. Les secondes duraient des heures, et je me souviens ne pas avoir été capable d’ouvrir un simple soluté pour la perfusion tellement je tremblais. Mais s’il ne fallait retenir qu’une seule situation particulièrement marquante, cela serait la naissance de mon fils. L’accouchement s’est très bien passé pour nous puisque nous maîtrisions parfaitement le domaine, mais le plus inattendu et le moins prévisible lors d’une naissance est la rencontre avec son propre bébé. C’est très surprenant et chargé d’une immense émotion.

J’ai eu le plaisir de m’entretenir avec Madame Blanc, responsable de la maternité de la Clinique des Grangettes, concernant la formation de sage-femmes à la HEdS (Haute École de santé de Genève), elle m’a confirmé que la clinique était très ouverte à accueillir des hommes diplômés de cette école et pouvait les former. Alors si certaines personnes de la gent masculine veulent postuler, plus d’hésitations! D.W.

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Photo du profil de Dominique Wyss
Journaliste, productrice et animatrice d'émissions durant quelques années auprès d'une radio locale genevoise, Dominique est actuellement rédactrice free-lance auprès de divers magasines. Elle a décidé de l'investir également pour Signé Genève.

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