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Des jeunes Vaudois du Piémont sur la route de l’exil de leurs ancêtres

Le but de leur voyage. © Loïc Zen Ruffinen Les jeunes marcheurs venus des Vallées vaudoises du Piémont sur les traces de leurs ancêtres traversent Carouge, accompagnés par une délégation  du Musée de la Réforme. © Loïc Zen Ruffinen Les jeunes marcheurs venus des Vallées vaudoises du Piémont sur les traces de leurs ancêtres traversent Carouge, accompagnés par une délégation  du Musée de la Réforme. © Loïc Zen Ruffinen
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Les jeunes marcheurs venus des Vallées vaudoises du Piémont sur les traces de leurs ancêtres traversent Carouge, accompagnés par une délégation du Musée de la Réforme. © Loïc Zen Ruffinen

Le 3 août, à midi, par 30 degrés et un soleil torride, je cours vers le Rondeau de Carouge, pour accueillir un groupe de jeunes marcheurs. Le comité d’accueil est accablé de chaleur, mais les cinq jeunes, Anna, Chiara, Daniele, Giacomo et Stefano arrivent frais et souriants, après 350 kilomètres à pied, partis il y a 15 jours de Saluzzo, dans le Piémont. Ces jeunes de 20 ans, « Vaudois » des Vallées du Piémont, ont tenu à refaire le parcours de leurs ancêtres déportés et accueillis à Genève en 1687, il y a 330 ans.

A l’époque, sous le règne de Louis XIV, les persécutions religieuses s’abattaient sur les Réformés, notamment sur les Vaudois, ces chrétiens évangéliques, protestants depuis les prêches du Lyonnais Valdo, un précurseur de la Réforme du 12e siècle.

Si en 2017 cette marche a signifié une jolie randonnée, effectuée dans les meilleures conditions et de magnifiques paysages, en 1687, elle a été une horreur pour les 3000 prisonniers sortis des prisons du duc de Savoie, allié du roi de France, et déportés vers Genève : elle a duré des mois dans le froid (le col du Mont-Cenis à plus de 2000 mètres en plein hiver), le manque de nourriture et de vêtements chauds et les brimades. Des enfants étaient arrachés à leurs parents, vendus comme esclaves à la noblesse turinoise.

A Genève, les déportés furent accueillis fraternellement. Ils étaient déjà attendus près de Carouge, au pont d’Arve, qui marquait la frontière entre l’État de Genève et la Savoie.

Les Genevois-e-s, très impressionnés par l’état misérable de leurs coreligionnaires, les ont hébergés, nourris et soignés. Mais si la déportation était terminée, restait encore une longue route de l’exil vers les cantons suisses et l’Allemagne. Leur histoire est belle : certains se sont installés définitivement dans ces régions protestantes et d’autres sont rentrés au Pays victorieusement et glorieusement, deux ans plus tard. Cela est une autre histoire qui sera probablement célébrée en 2019.

Genève comme Lampedusa

Cette année, les jeunes Italiens, engagés dans l’accueil des migrants, voulaient rappeler les souffrances des exilés et le devoir de les assister, comme l’ont fait les Genevois en 1687. Genève était alors comme Lampedusa : le lieu du premier accueil des réfugiés, avant de les répartir vers d’autres régions. Les cinq jeunes Vaudois, ont monté un petit spectacle rappelant le dur chemin de l’exil, et dans cette histoire tragique, ils ont même inséré une romance amoureuse. Ils ont pris la peine de traduire leur texte en français, afin de le présenter à Genève, à l’Espace solidaire des Pâquis et au Musée international de la Réforme. Ils ont été aussi reçus au Palais Eynard par le Maire de la Ville. Car un nouvel événement se prépare pour enfin faire sortir de l’ombre les liens noués entre les Genevois et les Vaudois des vallées du Piémont : le Conseil municipal a accepté une motion demandant qu’une plaque commémorative soit placée 13 rue de la Madeleine. Elle rappellera qu’à cet emplacement se trouvait la maison de Josué Javanel, le « capitaine des Vallées », formidable résistant aux armées françaises et savoyardes. Banni de sa vallée, il avait trouvé refuge à Genève en 1664 et organisa l’accueil de ses compatriotes en 1687. On reparlera donc de cette belle histoire de nos liens avec les Vallées piémontaises. Merci à Anna, Chiara, Daniele, Giacomo et Stefano, qui me l’ont fait découvrir ! Ainsi qu’à Tobias Schnebli, conseiller municipal de la Ville de Genève, et Pierre-Alain Glauser, président de la Fondation « Sur les pas des Huguenots et des Vaudois du Piémont » qui m’ont fourni une passionnante documentation.

https://www.ville-geneve.ch/conseil-municipal/objets-interventions/detail-objet/objet-cm/1291-174e/

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2 commentaires

  1. Les jeunes Vaudois du Piémont ont été reçus au Palais Eynard, outre par le Maire Rémy Pagani, par le Président du Conseil municipal de la Ville de Genève, Jean-Charles Lathion, qui tenait à marquer cet événement important en tant que représentant des citoyens de la Ville

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  2. Le maire de la Ville de Genève est de juin 2017 à juin 2018, Rémy Pagani ! Et non plus Guillaume Barazzone, comme indiqué dans la version parue dans la Tribune de Genève de ce 16 août… La faute ne vient pas de moi !

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