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Hugo Lopes, un Genevois au Dakar

Photo ©Mathias Deshusses
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Photo ©Mathias Deshusses

Vernier, par une froide soirée d’automne. Le brouillard est levé, la nuit est tombée et les températures estivales se sont définitivement envolées. Je suis au garage de Julien Gertsch, un mécanicien talentueux de 31 ans, à son compte depuis près de 7 ans. C’est dans cet atelier de la campagne genevoise que se prépare l’aventure d’Hugo Lopes. L’aventure avec un grand A. Car Hugo a un rêve. Depuis toujours, il le sait. Un jour, il fera le Dakar. Et ce jour, ce sera la 6 janvier 2019. Il s’élancera alors de Lima, au Pérou, pour une course de près de 5’000km, réputée la plus dure du monde. Un rêve de gosse. Un rêve qu’ils étaient deux à partager. Mais que Hugo vivra seul. Leur solide amitié prend ancrage il y a près de 20 ans. Sur ce terrain de motocross, à Sézegnin, où ils vivaient leurs passions. La passion de la moto, la passion de la course, la passion des filles aussi, puisqu’à l’époque, les futurs inséparables sortent alors avec 2 sœurs. Un amour de jeunesse qui s’est d’ailleurs transformé en amour de sa vie pour Julien. Virginie, sa chère et tendre, est d’ailleurs 5x championne Suisse de motocross catégorie féminine, et dans le top 10 mondial. Un signe.

Hugo doit à son père, Armando, sa passion dévorante pour le cross. Comment ne pas tomber dedans avec un papa qui courait les circuits au Portugal, s’y rendant sur la moto elle-même à défaut d’avoir une remorque, et se faisant régulièrement poursuivre par la police locale ? Alors à 3 ans, Hugo s’assied pour la première fois sur une moto, et à 4 ans, Armando lui achète un Peewee 50, une petite moto de cross. A partir de ce moment, le père et le fils vivront pleinement leur passion. Le rituel du dimanche passé sur terrain de motocross. Et celui de suivre le Paris-Dakar, chaque année. Une époque magique pour Armando, qui m’explique avec émotion que ce sont ses « meilleures années » Pour autant, l’éducation de son fils est prioritaire à ses yeux, et il le pousse à s’investir avec sérieux dans ses études. « Ma plus grande fierté, ajoute-t-il, c’est le jour où il a reçu son diplôme. Le plus beau jour de ma vie. »

Car à 28 ans, Hugo Lopes est à présent instituteur. Il s’occupe cette année d’une classe de 6P et 7P à l’Ecole Primaire de Cressy. Bien occupé par les compétitions de motocross durant son enfance (il a été vice-champion Suisse en catégorie Kids 65cm3 en 2001, à l’âge de 11 ans), il a choisi de mettre sa carrière sportive entre parenthèse à l’âge de 18 ans, pour se consacrer à son avenir. Pour autant, il n’a jamais cessé de rouler, en se faisant plaisir sur des courses régionales. Des expériences qu’il vit encore une fois avec Julien, son ami de toujours, son ami pour la vie. Entre ces deux-là, le lien est fort. Armando, le papa d’Hugo, considère d’ailleurs Julien comme son « fils de cœur ». « Le projet de faire le Dakar ensemble est venu en 2009 », m’explique Hugo. « Ah non, en 2008 », corrige Julien. « Je me souviens, on était chez ma grand-mère, en Provence. On faisait de l’enduro, on roulait, on prenait du plaisir, c’était une belle journée. Et lors d’une pause, à l’ombre d’un arbre, on s’est regardé et c’était évident. On ferait le Dakar ensemble ! » Ils se préparent alors, font des endurances de cross en équipe et courent le Touquet à 3 reprises. « Moi, j’en rêvais », me glisse Julien, le sourire aux lèvres. « Quand tu pars sur une plage à plus de 1000 pilotes, c’est une expérience de fou ! Un truc à vivre absolument ! » En 2013, ils partent ensemble au Maroc rouler sur les traces des premiers Paris-Dakar. « Plus de 2000km en 10 jours. Une sorte de bac à sable géant. Le paradis pour nous ! », s’exclame Julien. Sauf que. La santé de Julien, qui s’est dégradée à la suite de la perte d’un rein, doit lui faire admettre l’évidence. « C’était vraiment dur. J’ai fait chaque journée, avec beaucoup de plaisir. Mais je tapais dans le rouge. Le manque d’eau était difficile. Je me suis rendu compte que je n’étais plus à 100% et sur une course comme le Dakar, ça peut être dangereux ». Pour lui, le rêve est terminé. Il le vivra par procuration. Je décèle une once d’amertume dans le ton de sa voix. « Non, ce n’est pas ça. J’ai déjà de la chance d’avoir pu faire tout ça. Et d’être là aujourd’hui. Je suis heureux qu’Hugo puisse y aller. Et je fais tout ce que peux pour l’aider et le soutenir.» Entre ces deux-là, le lien est désormais fraternel. Cette force qui les unit donne de frissons.

Pour cette course, réputée la plus dure du monde, Hugo sera seul. Il est engagé dans la catégorie dites des « malles moto ». Car il n’a droit qu’à une malle, d’une capacité de 95l, pour emporter avec lui de quoi affronter les 5000 kilomètres de course, composée à plus de 70% de sable. Une malle pour son équipement de moto, pour ses outils et pour ses pièces de rechange. Et pas la moindre assistance. Le 6 janvier, Armando et Julien seront à Lima, pour l’encourager dans ce challenge qu’il a choisi d’affronter. Alors cette course, c’est aussi la leur. Et si Hugo sera seul à prendre le départ en ce 1er dimanche de l’année 2019, ils seront bien 3 sur la moto. Dans sa tête et dans son cœur.

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