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La caravane de Solidarité fédère toutes sortes d’aides

Matériel pour la troisième mission. © DR Distribution de repas à Lesbos, en Grèce.© DR
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Distribution de repas à Lesbos, en Grèce.© DR

Dans notre bonne vieille ville de Calvin, il existe de nombreuses organisations ou associations qui aident les démunis, quels qu’ils soient, et à ce sujet j’ai eu l’occasion de parler avec Charlemagne. En chair et en os. Rassurez-vous, je ne délire pas, et il ne s’agit pas du fils de Pépin le Bref, Carolus Magnus, qui fut roi des Francs, non il s’agit de Charlemagne, un homme originaire des Philippines, qui préfère qu’on l’appelle Charlie tout simplement. Il est responsable d’une association humaniste « La Caravane de Solidarité » fédérant toutes sortes d’aides.

Historiquement, qui a été à l’origine de cette association et dans quel but ?
Silvana Mastromatteo et moi-même à l’été 2015. Peu de temps après, nos partenaires nous ont rejoints pour fonder l’association. Il est intéressant de noter que Silvana et moi avons eu la même réaction instinctive au même moment face à l’immense souffrance des réfugiés que nous voyions dans les médias et avons décidé d’agir. Cela a été facilité par le fait que nous étions alors des activistes chevronnés aidant les migrants et les personnes dans le besoin à Genève depuis, dans mon cas, 1998, l’année de mon arrivée à Genève. L’une de nos activités a débouché sur le projet Papyrus.
Au départ, l’objectif spécifique de la Caravane de Solidarité était d’aider les réfugiés sur la route des Balkans en leur fournissant de la nourriture, des vêtements ou toute autre aide nécessaire.
Je suis donc parti avec mes amis activistes et leurs voitures de toutes parts de la Suisse formant une caravane pour la frontière serbo-croate en été 2015.

Qui êtes-vous Charlie ? Quel est votre parcours, qu’est-ce qui vous a motivé pour en arriver à vous dévouer et être responsable de cette Caravane de Solidarité ?
Je suis né à Manille en 1970. J’ai vécu mes premières années sous la loi martiale et dans la pauvreté, deux circonstances, compliquées encore par un père journaliste d’investigation et une mère étudiante activiste, qui ont marqué toute ma vie. A Genève j’ai travaillé en qualité de traducteur pour des associations dont j’ai finalement adopté la cause. Au cours des années 2000, je rejoins un groupe dont l’action, près de deux décennies plus tard, débouchera sur l’opération Papyrus visant à la « régularisation » des personnes sans statut légal. A l’été 2015, le terrible sort des réfugiés sur sol européen nous interpelle et nous décidons d’agir. C’est ainsi qu’est née la Caravane de la Solidarité. De nombreuses autres missions suivront entre 2015 et 2018 de Munich à Lesbos. Certaines m’ont marqué psychologiquement et physiquement. Dès le départ, les appels de dons auprès de la population genevoise ont été massivement entendus. Cela m’oblige en retour à garantir une continuité et à essayer d’être irréprochable en ce qui concerne la gouvernance de notre association.

L’année dernière, en avril 2020, en plein confinement lors de la crise sanitaire particulièrement aiguë, des agents de l’ordre sont intervenus lors de la remise de repas gratuits au Plainpalais et l’instigatrice de l’action a été amenée au poste. La caravane et les denrées ont été confisquées afin d’éviter tout risque de récidive. Qu’en est-il en 2021 ? Votre association est-elle reconnue d’utilité publique ?
En avril 2020, la Caravane est projetée sous les feux de la rampe des médias en s’attachant à aider les travailleurs précarisés par la situation sanitaire qui sévit alors, malgré l’interdiction en place. Cette entreprise et la médiatisation de l’arrestation ont mené aux distributions de milliers de sacs de nourriture aux Vernets. Aujourd’hui, je continue dans la même voie en qualité de coordinateur de site pour les Colis du Cœur qui distribuent encore des sacs de nourriture aux plus démunis. Avec la Caravane de la solidarité, je participe à la distribution de nourriture chaude et aide au logement. La caravane est également active dans l’information et le soutien social.

Vous êtes une association à but non lucratif. Comment faites-vous pour arriver à joindre les deux bouts, avoir un bureau, conseiller les gens ? Quels sont vos partenaires ?
Si nous pouvons aider financièrement des personnes, c’est grâce aux dons privés ! D’ailleurs, n’hésitez pas à consulter notre page Facebook, Caravane de Solidarité – Genève, si vous souhaitez faire partie de nos donateurs, notamment pour les sacs cadeaux que nous souhaitons offrir pour Noël. A part une personne salariée à 50%, nous sommes tous des bénévoles. Nous avons des partenaires de tous horizons. Il y a les autres organisations comme l’hospice général, l’EPER, le collectif du soutien aux sans-papiers, les gens de l’administration municipale, MSF mais aussi les associations communautaires.

Êtes-vous arrivé à déterminer quelle est la couche de population qui vient solliciter assez régulièrement la distribution de vos repas gratuits?
Ils viennent de tout bord. Mais beaucoup sont des migrants, des personnes qui ont perdu leur emploi dans des restaurants, des hôtels, du domaine du spectacle, comme nourrices, étudiants, bref les travailleurs pauvres de la Suisse.

En ce qui concerne justement ces repas gratuits, vous m’avez spécifié que vous aviez obtenu une collaboration avec différents restaurateurs en difficultés dû à la crise sanitaire et que vous aviez conclu un partenariat avec eux. Finalement c’est une bonne chose ? Quels sont-ils ?
Oui, pour des raisons d’organisation et de logistique, mais aussi dans l’espoir d’aider les gens avant qu’ils ne deviennent des bénéficiaires, nous avons décidé d’aider les restaurateurs et les anciens cuisiniers en difficulté. Pour des raisons évidentes, nous ne voulons pas nécessairement les nommer…

Où se passe la distribution de vos repas actuellement ?
Dans nos bureaux, Rue de la Navigation 19 à Pâquis. Tous les mardis, de 17h à 19h, et tous les samedis, de 14h à 16h, 100 portions pour les deux jours.
Nous essayons également d’aider deux autres cafés/magasins des Pâquis que nous utilisons temporairement pour distribuer 2×100 portions supplémentaires le samedi, de 12h à 14h.

Est-ce ouvert à tout le monde ? Peut-on venir spontanément chercher un repas ?
Oui, nous accueillons tout le monde.

Est-ce que vous continuez aussi à distribuer des sacs de vivres ?
Oui, mais de manière irrégulière et en fonction des besoins détectés de nos bénéficiaires. En ce moment par exemple, nous recherchons plutôt des vestes chaudes, des chaussures et des chaussettes pour les hommes adultes.

J’ai compris que vous étiez aussi très actifs dans le conseil aux personnes en difficulté au niveau administratif, que ce soit pour formuler une lettre aux différentes administrations caritatives genevoises ou pour trouver de quoi s’habiller, un logement, avoir une vie plus ou moins décente ? Combien de bénévoles employez-vous et qui sont-ils ?
Nous avons une vingtaine d’habitués qui sont souvent entre deux emplois, mais aussi des gens comme moi qui croient simplement à l’aide et qui donnent des heures et des heures de leur temps pour aider leurs concitoyens genevois.

Charlie, vous vous investissez énormément dans votre association, c’est louable, mais êtes-vous aussi aidé financièrement ou politiquement par la ville de Genève ou au niveau cantonal dans vos actions ?
S’il s’agit de savoir si on reçoit un soutien financier direct des autorités pour la distribution des repas, la réponse est non. Les donations de la Caravane de Solidarité à ce jour sont 100 % des privés.

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Photo du profil de Dominique Wyss
Journaliste, productrice et animatrice d'émissions durant quelques années auprès d'une radio locale genevoise, Dominique est actuellement rédactrice free-lance auprès de divers magasines. Elle a décidé de l'investir également pour Signé Genève.

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