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Lettre ouverte de Béatrice Graf, prix suisse de musique 2019

Elue comme représentante des artistes et acteurs culturels au Conseil consultatif de la culture (Etat de Genève), j’ai assisté depuis trois ans à de nombreuses séances de présentation du projet de Cité de la Musique. C’est un crève-cÅ“ur pour la musicienne que je suis de devoir dénoncer l’absurdité d’un tel projet. Force est de constater qu’il ne répond à aucun des enjeux vitaux de notre époque.
Sortie de la tête d’un promoteur immobilier-avocat d’affaires, rêvant de construire une nouvelle salle philharmonique sur un emplacement de prestige, la Cité de la Musique a reçu le soutien de la Fondation Wilsdorf. Le territoire genevois comporte environ 160 institutions et associations actives dans la musique, or ce projet a été conçu pour seulement deux structures: l’Orchestre de la Suisse romande (OSR) et la Haute Ecole de musique (HEM). Il se résume pour l’heure à la construction d’une salle philharmonique pour l’OSR – ce seul orchestre reçoit déjà 19 millions par an, soit 55% de toutes les subventions monétaires allouées à la musique –, pour les orchestres de prestige de passage, ainsi qu’à la création de locaux pour les étudiant·es de la HEM (27 millions de subventions fédérales).

Les plans du bâtiment le montrent: les autres musiques n’ont jamais été prévues dans le projet. Dans une salle philharmonique, on fait des orchestres philharmoniques, c’est à peu près tout. Avant de penser au contenant on réfléchit au contenu, tous les architectes vous le diront. Leurs propositions à notre égard se résument à «Venez, on vous louera des salles!» Nous ne manquons pas de salles, on en compte plus de 80, tous styles confondus. Genève est une cité des musiques à elle toute seule!

Ce qui manque, ce sont les moyens financiers: les musiques actuelles de création et toutes leurs scènes (jazz, pop, rock, rap, salsa, electronica, chanson, improvisation, musiques du monde…) représentent 85% des musiques écoutées et jouées, mais ne reçoivent que 6% d’argent public du domaine musique. Dans une lettre ouverte, plus de 300 institutions, associations, organisateurs, salles de concert, acteurs et actrices de la culture vivante répètent une revendication vieille de trente ans, un rééquilibrage des dotations publiques qui ne vient jamais. Or les exemples similaires le montrent, aucune salle de la taille celle qui est prévue à la Cité de la musique ne fonctionne sans argent public. Ce projet sera un gouffre financier.

Voter contre ce projet n’est pas un non à la musique, c’est promouvoir une culture tournée vers l’avenir, les générations futures. Non à la prise en otage par des bétonneurs de la musique. Non à cet écocide dans une Genève promise à des pics de chaleur estivaux à 45 degrés d’ici 2030.

Béatrice Graf prix suisse de musique 2019. Music Declares Emergency. FGMC
Citoyenne, musicienne et mère de famille

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comité référendaire contre CETTE cité de la musique

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