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Le marché des Mattines à Perly

Coeur de tomates. © DR Bernard, Jeremy et Michel. © DR Cultures. © DR Cultures. © DR Cultures. © DR Vue du magasin. © DR
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Bernard, Jeremy et Michel. © DR

Je suis arrivée à Perly en 1979, dans un immeuble de 2 étages sur rez, ainsi qu’en a décidé il y a longtemps la commune, qui veut garder le cachet du village. Anciennement, il était constitué de fermiers et de maraîchers. Il reste encore des chevaux, des vaches et des moutons dans les prés avoisinants.

Dès mon installation, j’ai su que les maraîchers Baussand tenaient un « petit marché » deux fois par semaine, en face de chez nous. Ainsi, je me suis approvisionnée en légumes du jour pendant des années. Les enfants des clientes recevaient une carotte, ce qui les changeait des machins sucrés de la grande distribution. Le père a vieilli, le fils, après quelques années, a renoncé et s’est engagé dans une grande structure, le petit marché a fermé, les clientes du quartier l’ont regretté.

Je me suis inscrite aux Charrotons, une association qui fonctionnait selon le modèle des « Jardins de Cocagne » : on devient membre en payant une cotisation d’entrée, puis une somme mensuelle, qui vous donne droit à un sac par semaine, abondant en été (trop pour une personne seule, mais il n’existait pas de demi-panier), plus restreint en hiver. J’ai découvert des légumes que je ne connaissais pas : le panais, le rutabaga, le pâtisson, que j’apprêtais en m’informant sur Internet. Puis le peuple genevois a voté la construction des Cherpines, les Charrotons ont dû fermer.

Je me suis donc tournée vers le marché des « Mattines », sur le chemin du même nom, qui relie la route de Saint-Julien à la route de Base. Un vaste magasin aéré, qui a remplacé en 2016 la boutique d’avant, située à côté des bureaux. On y est bien accueilli par un personnel stable, toujours de bonne humeur, constitué 60 personnes, 5 pour le magasin et 55 dans les cultures. Les légumes viennent des serres alentour, sont bien présentés, le prix est aisément lisible. On peut aussi acheter des fruits, fournis par des collègues, des œufs provenant de la ferme du Lignon, des paquets d’orge, de farine, du miel, plusieurs sortes de pain, des produits carnés, etc. Il est ouvert du lundi après-midi au samedi après-midi, à cinq minutes de chez moi, j’y vais à pied avec mon caddy. Ainsi, les légumes que je me procure n’ont pas utilisé un centilitre d’essence en transport. « Nous avons ouvert un magasin pour avoir un contact direct avec les consommateurs, et connaître leurs avis et besoins. », m’explique Jeremy Blondin, le patron.

Il fait partie de la sixième génération, travaille avec son père Michel, qui tient un atelier de mécanique à Certoux, et son oncle Bernard, maraîcher à Charrot, où leurs aïeux ont commencé le maraîchage en 1814 et où la famille a encore des terres, puis ils se sont étendus à Perly-Certoux en 2001. Ils cultivent 60 variétés de tomates, des courgettes, concombres, aubergines, poivrons, salades, radis. Ils n’ont pas le label « bio », parce que les cultures se font hors sol (les racines poussent dans des sacs de substrat, renouvelé chaque année), mais sont attentifs à l’environnement. Ils n’utilisent pas de pesticides, mais des insectes qui mangent les nuisibles, et des attrape-mouches. Les abeilles n’appréciant pas l’odeur des feuilles de tomates, ce sont donc des bourdons qui œuvrent à la pollinisation. L’arrosage se fait par ordinateur, les tomates ont besoin de 10 à 20 apports d’eau de 2 minutes par jour. On me montre une pipette plantée dans un cube de substrat, recouvert par une bâche de plastique. Tout est recyclé, le CO2 est récupéré des fumées de combustion du gaz naturel la journée et injecté dans les cultures, afin d’optimiser la photosynthèse. La chaleur n’étant pas utile à ce moment vu que le soleil chauffe naturellement les serre, elle est stockée sous forme d’eau chaude dans une grosse citerne et la nuit, elle circule dans des tuyaux à l’intérieur de la serre (système du cumulus). Les tomates grimpent le long d’une ficelle, jusqu’au toit de la serre, à 6 mètres. La tige pousse de 20 cm en une semaine, on tourne alors le crochet du haut, ce qui libère 20 cm de ficelle, la tige retombe d’autant et s’enroule, en bas, le long du substrat, on se croirait dans la forêt de Tarzan ! Ainsi, les personnes qui cueillent les tomates sont toujours à bonne hauteur. Pour les pousses en hauteur, il dispose de nacelles élévatrices électriques. Le confort du personnel est important aux Mattines. Tout a été pensé, planifié pour l’efficacité et le bien-être des travailleurs. D’ailleurs, ils sont engagés à l’année et restent stables. Les plants de tomates viennent de Hollande. Il y a la même qualité toute l’année. On cueille des tomates, 60 sortes, tous les jours de mars à octobre. 95% de la récolte est vendue à l’Union Maraîchère, à 200 mètres, qui achète la production du canton de Genève et alentour, et fournit les grandes surfaces, en proposant des actions quand il y a trop de légumes.

L’Union Maraîchère organise aussi la Fête de la tomate, à Carouge, qui aura lieu les 5, 6, 7 juillet en 2019. C’est Jeremy Blondin qui élabore la fresque... en tomates, comme l’écusson genevois. L’UMG organisera de nouveau des portes ouvertes le dimanche 22 septembre à l’occasion des 70 ans de la coopérative.

L’entretien m’a confirmé qu’il faut acheter local.

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Huguette Junod s’intéresse très tôt à l’écriture. À douze ans, elle gagne un concours radiophonique pour adultes ; dès l’âge de treize ans, elle publie des contes puis des articles dans différents journaux. Pendant 33 ans, elle est professeure de français à l’école secondaire genevoise, où elle fait connaître la littérature romande. Parallèlement, elle anime des ateliers d’écriture et organise des manifestations culturelles. En 1987, elle fonde les Editions des Sables. Elle a touché à tous les domaines : le journalisme, la chanson, le théâtre, la publicité, la poésie, le récit, la fiction, l’essai, et publié une vingtaine d’ouvrages. Huguette Junod a obtenu le Prix des Écrivains genevois en 1986 pour le récit Ceci n’est pas un livre et en 2008 pour le poème Le Choix de Médée. Depuis janvier 2013, elle écrit chaque semaine une chronique féministe dans « Gauchebdo ».

1 commentaire

  1. J’habite à Certoux depuis ma naissance.
    Le marché des Mattines est un lieu incontouenable de Perly-Certoux! Ils mériteraient d’avoir plus de clients…

    Répondre

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