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Percho à travers ses perchettes

Percho © Eugénie Rousak La boutique Percho © Eugénie Rousak La boutique Percho © Eugénie Rousak La boutique Percho © Eugénie Rousak La boutique Percho © Eugénie Rousak La boutique Percho © Eugénie Rousak
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La boutique Percho © Eugénie Rousak

Les 20 ans de l’aventure carougeoise de l’artiste Percho

Installée à l’embouchure de la Rue Ancienne, l’arcade Percho se démarque directement par son explosion de couleurs, matières et objets en vitrine. Derrière le verre se dévoile une enseigne de près de 20 mètres carrés entièrement dédiés à l’univers de l’artiste. Vaudoise d’origine, Carougeoise d’adoption, Percho a pris possession de ce lieu il y a exactement 20 ans pour le transformer en un espace intime pour la création, mais ouvert aux rencontres et échanges. Dans un format hybride de boutique, galerie et atelier, Percho accueille elle-même les visiteurs, n’hésitant pas à percho-naliser ses créations directement sur place. Des cartes aux tasses, en passant par des sacs, des cahiers de notes et des figurines, tous les objets se marient dans cette pépite artistique. Rencontre avec l’artiste.

Comment votre parcours artistique a-t-il débuté ?
Dès le plus jeune âge, je baignais dans un milieu artistique. En famille, nous avons régulièrement visité des lieux culturels, ce qui, je pense, a forgé mon Å“il assez rapidement. J’ai un souvenir de mes premiers rêves de personnages très élancés, un peu à la Giacometti, même si à trois ans je ne connaissais pas ce nom. La vie a fait qu’à la fin de mes études j’ai travaillé dans le domaine socio-culturel jusqu’à l’arrivée de mes enfants. A ce moment, je me suis posée beaucoup de questions par rapport à la suite de ma carrière professionnelle ou une potentielle reprise d’études de psychologie. En parallèle, le temps de leurs siestes j’ai commencé à gribouiller. J’étais en permanence avec une feuille, un crayon et mes aquarelles. Je ressentais vraiment ce besoin de dessiner en moi ! Le déclic pour continuer dans cette direction plus sérieusement, sans pour autant en faire une profession, est venu au milieu des années 90. Un artiste, dont j’aimais beaucoup le coup de crayon, a regardé mon travail et s’est exclamé « Ah, mais qui a fait ça ? ». L’émotion, que mes dessins ont suscitée chez l’autre, a fait gonfler une bulle de bonheur et de motivation en moi !

Comment avez-vous abordé cette période de transition jusqu’à l’ouverture de votre enseigne carougeoise en 2001 ?
C’était surtout une sorte d’apprentissage directement sur le terrain ! Mon grand saut était le vide-grenier des Pâquis durant La rue est à vous. A ce moment, j’avais quelques cartes réalisées à la main avec une presse, suivant une technique de multiples différenciés. J’ai donc trouvé un parasol, inventé un personnage avec son chevalet, comme un épouvantail, et suspendu ces cartes. Pendant ce weekend, j’ai ressenti une émotion extraordinaire au travers des échanges avec des personnes intéressées par mes quelques cartes et peintures. Ces rencontres n’auraient jamais eu lieu si je n’avais pas pris un crayon dans ma main ! A ce moment, j’ai réalisé que je pouvais montrer mon travail à un public plus grand. Cette envie s’est concrétisée dans un stand au marché de la Fusterie, où j’ai vraiment eu cette première expérience en tant qu’artiste, artisane et commerçante.

Finalement, pourquoi avez-vous eu cette envie d’ouvrir une enseigne, qui est un projet plus contraignant, alors que les marchés attiraient déjà un public ?
Un marché d’artisan est vraiment une ambiance particulière, il faut batailler pour une place et souvent être dépendant des intempéries, surtout en proposant des cartes. Je commençais à regarder tranquillement des enseignes, quand, lors d’une balade à Carouge, je suis passée devant une arcade à louer au numéro 6 de la rue Ancienne. Et j’ai postulé. En attendant leur réponse, j’ai également candidaté pour un autre local, mais les discussions devenant assez tendues avec la gérance j’ai retiré mon dossier. Je voulais du calme pour travailler. La bonne surprise est directement venue le lendemain, j’ai eu l’arcade carougeoise. C’était surement le destin !

Vous vous présentez aujourd’hui sous le nom de Percho, un pseudonyme, que symbolise-t-il pour vous ?
Percho est à la fois le début de mes deux noms de famille et la représentation de mon univers de percho-nages élancés, comme des perchettes. Pour l’anecdote, quand tout au début je faisais des cartes pour les copines de mes enfants, je signais de mon vrai nom un peu long, jusqu’au jour où j’ai décidé d’inscrire Percho pour la première fois. A ce moment, leurs parents m’ont demandé qui était l’artiste avant d’éclater de rire. Rapidement, ils ont surnommé mes deux filles les perchettes.

Alors que vous avez débuté avec les cartes, vous avez aujourd’hui différents articles en papier, tissu, céramique et verre. Pourquoi cette évolution ?
Ma boutique est mon propre tableau, un tableau qui évolue grâce aux personnes que je rencontre et le développement de mon travail. En 20 ans, il y a des objets que je ne fais plus ou que je réalise différemment, alors que de nouvelles idées se sont ajoutées en cours de route. Par contre, mon objectif, quant à lui, n’a pas évolué : mettre de la créativité dans le quotidien des gens et le mien. Dans ce sens, j’ai, par exemple, toujours proposé des cartes réalisées par mes soins en dessous de 10 francs pour rendre l’art et l’artisanat accessible à tous.

Vous utilisez beaucoup de couleurs très vives, avec des personnages étirés ou animaux fantastiques. Comment votre style si particulier s’est-il forgé ?
J’ai beaucoup dessiné, observé et essayé. Je suis convaincue que la clé de la réussite est de s’amuser, tout en travaillant d’une manière sérieuse et persévérante. N’étant pas une artiste de paysage, je suis plus dans l’imaginaire, mais avec quand même une certaine vision de la réalité. Mon style est un mélange de différentes influences, mais j’ai de la peine à le classer dans un cadre défini académiquement. Et est-ce qu’il le faut vraiment ?

Vous avez développé différentes thématiques avec des personnages récurrents. Quelles sont vos réflexions en abordant une nouvelle série ?
Je travaille beaucoup avec les émotions. Si un nouveau thème apparaît, c’est qu’il m’est venu naturellement en prenant mon crayon. Est-ce qu’il y a une réflexion ? Oui, mais pas forcément au moment de la création, du jaillissement, mais par la suite. Dans un second temps, je me pose des questions et m’interroge sur mes raisons et motivations. Par exemple, lors de l’exposition avec la Palette Carougeoise en 2019, j’ai eu la chance de pouvoir « habiter » la petite maison des Halles de la Fonderie. Pour ce projet, appelé L’esprit s’envole, j’ai décidé de suspendre une kyrielle d’oiseaux, dessinés et découpés, qui s’animaient par un jeu d’air. L’idée de cette installation était de montrer que l’esprit « carouge », symbolisé par ces volatiles, était fragile. Une sorte de jeu de mot car le carouge est réellement une espèce d’oiseaux aux couleurs diverses. C’était ma façon de parler des questions qui se posent à la cité Sarde, comme la désertification de certaines rues par exemple. Encore aujourd’hui, quand je fais une vente, je ressens le besoin de dessiner un oiseau sur l’emballage pour symboliser le fait que mon travail s’en va pour vivre une autre vie.

En 20 ans vous avez réalisé différentes collaborations, quelles étaient les plus atypiques ?
En 2014, j’ai été invitée par l’hôtel Mandarin Oriental à habiller la vache qui accueille leurs invités. C’était une expérience vraiment unique ! Je me suis retrouvée dans un garage du centre-ville avec une immense figurine blanche, que j’ai progressivement recouverte de couleurs, symboles et mots. Elle s’appelle Marguerite ! Dans un autre genre, il y a dix ans j’ai participé à une exposition d’artistes au musée Rath. Le concept de Fabrice Gygi était de donner à chacun de nous carte blanche pour décorer l’une des 296 cases de 100 centimètres de largeur, 100 de hauteur et 60 de profondeur. J’ai abordé la thématique en y plaçant des lapins en fil de fer et papier, symbolisant les difficultés de trouver un logement à Genève et la contrainte de vivre dans les « cages à lapins ».

L’année 2021 marque les 20 ans de Percho à la rue Ancienne. Qu’avez-vous prévu pour fêter la fin de cette seconde décennie ?
J’ai placé cet anniversaire sous la thématique de partage. En 20 ans j’ai partagé beaucoup de choses avec les visiteurs et à présent je vous propose de partager avec moi, soit en continuant mon illustration de l’Oiso-percho sur un papier préimprimé, soit en photographiant un marque-page spécialement conçu pour l’événement, soit toute autre idée en lien avec mes créations. J’invite ainsi chacune et chacun à devenir artiste et diffuser ces dessins et photos sur les réseaux sociaux ou mon site. Et pour encore plus de festivités, un tirage au sort de 20 objets Percho aura lieu au courant de l’automne ! Cet anniversaire est l’occasion pour moi de remercier toutes les personnes que j’ai pu rencontrer durant ces 20 ans et qui ont suivi ma démarche.

Informations pratiques :
6, rue Ancienne, 1227 Carouge
Instagram et Facebook: @percho.ch

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Photo du profil de Eugénie Rousak
Passionnée par l’art et les tendances nouvelles, Eugénie Rousak a plus de dix ans d’expérience dans la sphère médiatique. Après avoir vécu quelques années en France et en Allemagne, elle porte un regard nouveau sur les quartiers de Plainpalais et de Versoix et sa campagne. Munie de son bloc-notes et de son reflex, elle est constamment à la recherche des évènements inédits et intrigants de Genève.

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