À Carouge vient d’ouvrir, juste en face de l’Église Sainte-Croix, une boutique de céramique. C’est magnifique.
Lieu de choix, l’arcade, sise au 15, place du Marché à Carouge, en face de l’église Sainte-Croix, est longtemps restée inoccupée. Ce n’est plus le cas depuis le 5 décembre dernier. On entre, donc pour y jeter un coup d’œil.
Un grand espace s’ouvre à la vue; passé un petit couloir où des objets en céramique sont exposés. Ici, une table, recouverte d’assiettes en terre cuite, des tasses à café en faïence, là, des pots et des bols présentés sur des étagères. Les murs d’un blanc immaculé font ressortir les ombres que le soleil projette sur les objets. Plus loin, les couleurs vives font leur apparition un bleu océanique côtoie un jaune solaire. Ce sont les oxydes, des poudres utilisées pour colorer la matière. Des moules et des outils aussi, trace d’une activité céramique antérieure. C’était le cas depuis 20 ans, Renée Duc, céramiste et enseignante à l’école d’arts appliqués à Vevey, y avait son atelier- galerie. Arrivée à l’âge de la retraite, elle a petit à petit cessé de produire des pièces.”, dit Alia Chaker Mangeat, belle-fille de l’artiste, avocate fiscaliste et conseillère municipale à Genève. Tunisienne d’origine, cette dernière a toujours voué un grand intérêt à la céramique. Filiation directe à l’art ottoman et carthaginois? Peut-être. En tout cas, elle a bel et bien repris les lieux et les a transformés en boutique. “J’avais besoin de quelque chose de plus créatif que la fiscalité” sourit-elle.
La boutique se nomme Poesis, soit création en grec ancien et poésie en latin, un nom qui “plait beaucoup” à la nouvelle gérante de l’arcade. On y trouve principalement des objets utilitaires en céramique: tasses, assiettes, vases et pots. ”J’aime bien qu’il y ait un peu de beauté dans le quotidien. Prendre son café matinal dans une belle tasse, ça fait toujours plaisir. J’ai donc commencé ainsi: avec un choix de divers objets que l’on utilise dans la vie de tous les jours. Mais j’ai aussi quelques objets d’art. ”, dit-elle. Au 15, place du Marché, une dizaine d’artistes différents sont représentés, surtout européens et quelques manufactures historiques.
C’est principalement à travers les foires, internet et les revues spécialisées qu’elle les a découverts: “C’est une belle part de mon travail que de rencontrer ces artistes. Durant la pandémie, de nombreuses expositions ont été annulées, mais pas celle de Saint-Sulpice à Paris en septembre dernier. J’y ai remarqué de très belles choses et certains artistes découverts là-bas sont exposés ici, maintenant. »
Si Alia Chaker Mangeat a opté pour la présentation d’objets utilitaires dans un premier temps, elle n’exclut nullement de faire des expositions dans un avenir proche. “Bientôt, je compte faire des expositions dédiées à un thème ou à des artistes, mais j’avance petit à petit, pas à pas.” Avec dans le viseur le parcours céramique de Carouge en septembre prochain.
Quelques tasses à café en provenance de la manufacture Jars, dans la Drôme, nous font de l’œil; on quitte le lieu à petits pas, avec beaucoup d’hésitation.
