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Prismes photographiques de Karine Bauzin

Karine Bauzin, autoportrait Deux jeunes lutteurs en couverture © Karine Bauzin Définition du verbe "préparer" © Karine Bauzin Définition du verbe "hydrater" © Karine Bauzin Définition du verbe "chuter" © Karine Bauzin
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Deux jeunes lutteurs en couverture © Karine Bauzin

Des billboards multicolores, des comics en photo ou encore des gros plans d’une Barbie, tel est l’univers aussi amusant que décalé de Karine Bauzin. A côté de ses travaux personnels, cette artiste suisse est également photographe de presse depuis une vingtaine d’années. Travaillant aussi bien pour des magazines helvétiques que des revues internationales, elle laisse ses sujets s’exprimer à travers le prisme de son objectif. Passionnée des emblèmes suisses qu’elle met régulièrement en lumière, Karine Bauzin a récemment publié un livre dédié à la lutte suisse. Occasion idéale pour lui poser quelques questions sur son parcours atypique et ses nombreux projets.

Signé Genève : Vous avez intégré la Sorbonne, avant de vous tourner vers la photographie. Pourquoi ce changement d’orientation ?
Karine Bauzin : Initialement, je n’étais pas destinée à la photographie et le début de mon parcours est assez atypique. En terminant ma scolarité en Suisse, j’ai décidé de partir à Paris pour rentrer en lettres. Ces études allaient me conduire au métier d’interprète ou de traducteur, mais après un an j’ai été victime d’une rupture d’anévrisme. Du jour au lendemain, ma vie a changé. Agée 20 ans, je suis devenue aphasique et me suis retrouvée en chaise roulante. Ayant perdu l’usage de la parole, j’ai décidé de m’exprimer par la photographie. D’abord autodidacte, puis auditeur libre aux Beaux-Arts de Genève, j’avais envie et surtout besoin de progresser dans cette direction. La voie photographique s’est confirmée lors de ma rencontre avec Raymond Depardon, mon maître de stage à Arles. C’est lui qui m’a initiée au reportage presse et a été le point déclencheur de ma future carrière dans ce domaine. Finalement, dans mon malheur, j’ai eu la chance de trouver mon métier !

Vous avez parlé de cet accident cérébral et de ses conséquences dans votre premier livre, Un jour, tout bascule…
Oui, en 2001 nous avons publié cet ouvrage avec le journaliste Thierry Ott aux éditions du Tricorne. Nos histoires se ressemblent. Suite à une opération cérébrale, il était privé de parole et partiellement paralysé. Comme moi, il a dû réapprendre à marcher et s’exprimer. Deux aphasiques que nous étions, nous nous sommes lancés un défi : écrire un livre-témoignage sur mon parcours et la vie après l’accident. Cet ouvrage contient également mes tout premiers clichés, datant de la période durant laquelle je ne m’exprimais que par la photographie ! Comme il n’y avait que très peu de littérature sur les cérébraux lésés à l’époque, nous voulions aider les familles à comprendre, donner de l’espoir et du courage. Et montrer qu’il est possible de retrouver ses capacités. Chaque cas est bien sûr différent, mais le moral est fondamental dans la maladie ! Ce livre est souvent présent dans les rayons des bibliothèques des hôpitaux de neurochirurgie.

Est-ce que vous avez continué cette thématique dans votre second ouvrage ?
Pas du tout ! Portraits-ge.ch aux éditions Slatkine est le recueil d’une trentaine de rencontres que nous avons réalisées avec la journaliste Marie-Claire Lescaze. Nous voulions montrer la diversité de Genève, en traçant des portraits de passants, qu’ils soient connus ou non. Vous les avez surement croisés dans la ville.

A côté de ces publications, vous travaillez depuis une vingtaine d’années en tant que photographe de presse. Qu’est-ce qui vous plait dans ce milieu ?
En vingt ans j’ai pu collaborer avec des journaux très différents allant du luxe à l’économie en passant par des magazines mode et lifestyle tels que Paris Match Suisse ou Elle Suisse. J’aime surtout ce métier pour les opportunités d’apprentissage qu’il offre au quotidien. Au fil des ans, j’ai eu la chance de découvrir des endroits uniques, visiter des lieux très différents et surtout de rencontrer des personnalités exceptionnelles. C’est pour cette raison que je privilégie le format du magazine plutôt que celui du quotidien. N’étant pas dans le feu de l’action, je peux prendre plus de temps avec la personne pour mieux capturer ses émotions. D’ailleurs, je suis convaincue que les 80% d’une image réussie sont constitués par le bon rapport entre le modèle et son photographe, le reste n’est que technique.

Et pour parler de vos projets artistiques, quels sont vos axes de recherche ?
Autant j’aime le photoreportage très classique, autant je veux créer des formats atypiques mêlant humour et originalité dans mes projets personnels. J’explore de nouvelles directions, parfois décalées, parfois très réalistes. Par exemple, ma série Sans tourner en rond rassemble sous le même format arrondi les symboles suisses, une route de Berverly Hills, une Marilyne Monroe graffitée ou encore un code barre. J’aime montrer l’absurdité de notre vie quotidienne, que cela soit dans une série de clichés faite au camping ou en montant le côté un peu sombre d’une Barbie.

Vous avez fait des collaborations pour vos livres, est-ce que vous aimez également vous associer à d’autres artistes dans vos projets personnels ?
Absolument ! Les collaborations éphémères sont complémentaires et enrichissantes. Par exemple, avec la peintre Costanza Papasogli Tacca nous voulions mélanger nos arts dans la série Face to Face. J’ai d’abord réalisé des portraits ronds dans le style Renaissance, qu’elle a ensuite retouché à la peinture à l’huile. Le résultat est assez surprenant, parfois troublant ! Actuellement, je travaille sur une autre série en collaboration avec une graphiste. L’idée est de taguer et faire des graffitis sur mes photographies.

Vous venez de publier votre dernier livre entièrement dédié à la lutte suisse. Comment cette idée est-elle venue ?
L’année dernière la commune d’Anières, l’Association cantonale genevoise de lutte suisse et le team Gymkhana d’Anières ont organisé la 19ème Fête cantonale genevoise de lutte suisse. Même si ce sport est inscrit dans le patrimoine helvétique, ce genre d’événement se déroule plus souvent en Valais ou en Suisse alémanique. J’ai donc sauté sur l’occasion pour illustrer ce bastion de tradition séculaire et capter les émotions vives aussi bien des participants que du public. L’énergie était très forte, j’ai notamment été subjuguée par la puissance physique et mentale de deux jumeaux-lutteurs, qui font d’ailleurs la couverture ! Après l’événement, j’ai partagé mes photographies avec la Mairie d’Anières qui m’a directement proposé d’en faire un livre, C’est la lutte finale. Ensuite, j’ai étroitement travaillé avec l’éditeur Good Heidi Production, spécialisé dans les ouvrages sur les thématiques suisse. Xavier Casile s’est occupé de la partie écrite aussi bien sur les origines de ce sport que de l’histoire de la Commune. Et moi, des photographies d’Anières et de cette Fête cantonale. Pour mieux définir la lutte suisse, nous avons également décidé de définir et d’illustrer certains verbes, régulièrement prononcés lors de la manifestation. L’ouvrage est depuis peu disponible à la Fnac, chez Payot et dans quelques autres librairies touristiques. Il sera également distribué aux habitants d’Anières lors de cérémonies officielles telles que l’accession à la majorité ou lors de mariages.

Toutes les photographies de ce livre ont été prises avec un appareil Leica, pourquoi ce choix ?
Leica est une marque centenaire allemande, qui se distingue par des angles larges et un résultat très lumineux. Ils ont un rendu assez spécial, qui se remarque facilement sur les photographies! Ainsi, le spectateur se sent directement plus proche du sujet, ce qui est fondamental pour illustrer un sport comme la lutte. Pour justement mettre en avant l’utilisation d’un Leica, un évènement pour présenter du livre, ainsi qu’une séance de dédicace aura lieu dans leur boutique genevoise le 12 septembre 2019.

Vous avez débuté sur l’argentique pour rapidement passer au numérique. Est-ce que vous vous rappelez de cette phase de transition ?
J’ai réalisé mes premiers clichés presse vers 1995 sur l’argentique. Je me rappelle que je devais apporter le tirage papier à la rédaction. Aujourd’hui cela parait fou ! Le numérique était déjà en pleine expansion et la transition était faite assez rapidement. Sur l’argentique, je pouvais imagier le rendu avec mes réglages, sur le numérique c’était la surprise. A l’époque la technologie n’était pas aussi développée, les capteurs n’étaient pas aussi performants et les boitiers devaient encore être améliorés. Le début était très stressant ! Mais grâce du numérique, les photographes ont découvert le métier de post production, de retouche, que nous ne connaissions pas en envoyant notre pellicule au laboratoire. Une nouvelle façon d’exercer le métier était donc née avec le numérique!

Évènement présentation et dédicace :
Jeudi 12 septembre 2019 de 16h30 à 18h30
Leica store Genève
1, place Saint Gervais,
1201 Genève

Ouvrage:
C’est la lutte finale
Karine Bauzin et Xavier Casile
Good Heidi production

http://www.karinebauzin.ch/

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Photo du profil de Eugénie Rousak
Passionnée par l’art et les tendances nouvelles, Eugénie Rousak a plus de dix ans d’expérience dans la sphère médiatique. Après avoir vécu quelques années en France et en Allemagne, elle porte un regard nouveau sur les quartiers de Plainpalais et de Versoix et sa campagne. Munie de son bloc-notes et de son reflex, elle est constamment à la recherche des évènements inédits et intrigants de Genève.

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