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Robert Schmid et sa folle passion des cloches

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Dans le petit village de Loëx, Robert Schmid possède une collection très variée de cloches et toupins. Il aime les montrer à qui veut les voir

Entre deux bras du Rhône, sur la commune de Bernex, se trouve le petit village de Loëx, souvent assimilé à son hôpital accueillant des personnes âgées. Mais Loëx, c’est surtout quelques maisons et une petite centaine d’habitants au bénéfice d’un calme campagnard encore peu gâché par l’urbanisation. Parmi les villageois se trouve un personnage un peu particulier qui se plaît occasionnellement à perturber la sérénité des lieux. Il s’appelle Robert Schmid, c’est un ancien policier et il collectionne les cloches.

Robert Schmid a terminé sa carrière à la police cantonale en 2001 en tant qu’inspecteur chef. Plus de dix ans à la Brigade criminelle avec passage par celle des mœurs ou des cambriolages. Il a tout vu et a notamment participé à l’arrestation du ravisseur de la fille de Frédéric Dard, le père de San Antonio. Charpentier de formation, ce fils de paysans est arrivé à Genève en 1970 après avoir grandi dans le canton de Vaud. De la campagne, il a gardé un intérêt pour l’élevage, notamment des moutons dont certains le mobilisent encore aujourd’hui. Mais ce retraité hyperactif a une foule d’autres passions dans son sac, comme la moto (il parcourt actuellement les États-Unis du nord au sud en Harley-Davidson), les balades avec les «jeudistes du club alpin», la chorale de la police qu’il fréquente depuis trente ans, ou encore l’organisation de fêtes de lutte suisse, dont les trophées traditionnels sont des cloches. «Tout cela m’amène à avoir beaucoup de contacts très enrichissants. J’ai une retraite très active, dit-il, je n’ai pas encore trouvé le temps de m’ennuyer.»

Une passion dévorante

Les cloches, justement, c’est le dada de Robert Schmid. Une passion dévorante, en espace comme en temps. L’ancien policier en possède entre 300 et 400. Toutes plus belles les unes que les autres, elles ornent l’entrée de sa maison et se dispersent subtilement d’une pièce à l’autre de sa maison de Loëx. «J’ai commencé ma collection de cloches il y a environ vingt-cinq ans, dit-il, mais avant j’avais déjà d’autres pièces. J’ai toujours aimé ça, gamin déjà!» Dans l’entrée, des séries de tailles différentes garnissent les murs. «Cela s’appelle une batterie», dit le retraité. Qu’il s’agisse de cloches (alliage de bronze fondu) ou de toupins (métal frappé au marteau), le retraité n’est pas avare en explications: «Un toupin, c’est des bouts de métal chauffés et brasés à chaud, un travail qui n’a pas tellement changé avec le temps. Un gros toupin, c’est entre 8000 et 10 000 coups de marteau. C’est cela qui donne cette si belle résonance: le travail de l’artisan. Quant aux cloches qui, elles, sont fondues, ma plus ancienne date de 1770. Cet artisanat s’est transmis au fil des siècles notamment chez la dynastie de fondeurs Schöpfer dans le Saanenland. La transmission de ce savoir s’est principalement faite par des artisans venant du val d’Aoste, avec des noms comme Albertano, Bertino ou Barinotto.»

Le toupin de Tschanz

Une des plus belles pièces de sa collection, qu’il a un certain plaisir à montrer, c’est ce toupin des forgerons Tschanz à Bière: «C’est une de mes préférées, elle possède une magnifique gravure, celle-là, il a mis trois ans pour me la lâcher!» s’exclame-t-il en montrant la finesse du travail du collier en cuir (la partie accrochée au cou des vaches). «Les belles cloches ont des vieux cuirs avec une grande symbolique (vie, foi, famille). Mais elles doivent aussi avoir une sonorité. Celle-ci a un son fabuleux, très profond. C’est l’épaisseur du métal qui fait le son. Les artisans travaillent toujours à l’oreille», précise-t-il.

À propos de son, ce passionné a une anecdote à raconter: «C’était il y a une dizaine d’années à la désalpe de Saint-Cergues. La meneuse, une vache de près de 10 ans, portait un gros toupin qui faisait beaucoup de bruit. Elle était également ornée d’un sapin. À un moment, elle s’est mise sur les genoux, trop fatiguée par son grand âge. Nous l’avons alors délestée et elle s’est immédiatement dirigée vers la bétaillère (véhicule pour le transport du bétail) pour y monter de son propre chef, ce que les vaches ne font d’habitude pas. Elle avait perdu sa place dans la hiérarchie et n’était plus la reine du troupeau. Et elle l’a aussitôt compris: ce n’était plus elle la meneuse. C’était très impressionnant! On voit là l’importance de ces ornements sonores et visuels.»

Robert Schmid partage sa passion avec son épouse, Huguette, et se plaît à chiner dans les brocantes et les marchés à la recherche de pièces d’exception, mais c’est surtout par le bouche-à-oreille qu’il les trouve: «ça fait voyager, dit-il, laconique, mais vraiment, il existe un monde de la cloche et il y a énormément de collectionneurs». A-t-il jamais songé à ouvrir un musée avec une pareille collection? «J’ai un grand plaisir à montrer mes pièces, dit-il, mais un musée, c’est trop compliqué. Elles sont déjà bien mises en valeur ici, non? C’est d’ailleurs grâce à l’un de mes frères que je les expose, avant elles étaient toutes rangées dans des caisses et ce dernier m’a dit que cela ne servait à rien puisque personne ne pouvait les voir… Il avait raison. C’est à ce moment que j’ai commencé à les mettre en valeur. La porte est souvent ouverte ici quand je suis là, alors les gens qui traversent le village en profitent pour jeter un œil à l’intérieur et admirer toutes ces sonnailles.» Et sa femme, Huguette, d’ajouter en conclusion: «C’est sûr, s’il y a un tremblement de terre par ici, ça va faire du bruit!»

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Journaliste RP, fasciné par le tissu local genevois, ses petites histoires et sa fascinante diversité,  je participe avec l’équipe des Reporters de quartier à la réalisation de Signé Genève sur le site et dans le journal.

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