Dans leurs dernières années de formation, les élèves du secondaires II (les 15-18 ans) doivent réaliser un travail de longue haleine qui représente pour la plupart une première expérience de recherche scientifique. Un concours ouvert aux jeunes de 16 à 23 ans prolonge cette expérience en permettant à certains de ces travaux, particulièrement remarquables, de participer à une compétition au niveau national. Caroline Genoud dont le travail de maturité a reçu le prix Emilie Gourd en juin dernier, a été sélectionnée pour participer au Concours national de la Fondation Science et jeunesse.
La jeune lancéenne, maintenant étudiante en sociologie à l’Université de Genève, a rédigé un travail de maturité portant sur « La binarité et ses conséquences sur les jeunes filles en Suisse. » « La problématique des genres, explique-t-elle, est un sujet très actuel dont on parle beaucoup dans mon entourage. Comme le projet de maturité doit être réalisé sur une durée assez longue puisqu’il s’étend sur une année, je me suis dit que cela représentait une bonne occasion de développer une réflexion personnelle sur ce thème dont il me semblait avoir beaucoup à apprendre. Mon travail de maturité visait à déconstruire la notion de binarité homme – femme. En effet, notre société divise les individus en deux catégories séparées : les femmes et les hommes. Dans d’autres collectivités, les femmes et les hommes ne sont pas nécessairement séparés en catégories distinctes mais pensés comme une pluralité de genres ou comme un continu entre l’un et l’autre sexe. Ce qui m’a semblé intéressant dans la déconstruction de cette binarité, c’est que cela permet d’évacuer la notion de norme. Or la norme contribue à justifier la domination d’un genre sur l’autre, autrement dit binarité des genres et patriarcat sont intimement liés. En déconstruisant cette binarité, on peut rendre évidentes les inégalités existant entre hommes et femmes. Ma recherche a donné naissance à un rapport d’une cinquantaine de pages dans lesquelles j’ai étudié l’impact de l’intériorisation de ces normes par les jeunes filles d’aujourd’hui. Les personnes que j’ai interrogées se sont montrées conscientes de ce biais même s’il leur est difficile de sortir de ce modèle. »
A la remise des maturités, Caroline Genoud a eu l’heureuse surprise de recevoir le Prix Emilie Gourd. Ce prix décerné chaque année par la fondation du même nom vise à récompenser des travaux qui traitent des rapports sociaux entre hommes et femmes ainsi que des représentations sociales liées au genre. Peu après, on a proposé à la jeune lancéenne de soumettre son travail au Concours national de Science et jeunesse, un concours qui a pour objectif de d’encourager les jeunes à approfondir leurs projets de fin d’études ou d’apprentissage. Créée en 1970, cette fondation a permis à plus de 2’000 jeunes de participer aux activités qu’elle propose. En janvier dernier, Caroline Genoud a ainsi pu profiter d’un atelier de sélection au cours duquel une spécialiste lui a prodigué moult conseils et remarques qui lui permettront de présenter une nouvelle version de son travail à la finale du concours. La jeune femme a trouvé cette expérience extrêmement enrichissante même si tout a dû se dérouler sous la forme de visio-conférences. « Avoir le regard d’une experte sur mon travail a été à la fois intimidant et passionnant. Les conseils donnés vont me permettre de me préparer pour la finale du concours qui aura lieu en avril prochain à Lugano. Et qui sait ce qu’il se passera ensuite ? » En effet, les meilleurs travaux de ce concours représentent la Suisse lors de compétitions scientifiques internationales. Ainsi en 2019, trois jeunes femmes parmi les sept jeunes Romands et Romandes primés ont pu se rendre à Taïwan et en Bulgarie pour représenter leur pays lors de compétitions scientifiques internationales.