Initiée à l’art de la lumière par Pierre-Alain Ferrazzini, la photographe va exposer à la galerie Cyril Kobler.
«Je suis entré dans le monde de la photographie étant petite. Ma mère baignait dans cet environnement et c’est tout naturellement que je passais des instants dans la chambre noire avec elle, pour m’initier au développement en noir et blanc.» Après avoir effectué un apprentissage dans la banque, Diane Bouchet quitte ce milieu pour suivre divers stages en photographie. Puis elle trouve un apprentissage et obtient son diplôme. Elle photographie de très beaux objets pour des musées et des collections privées, pour l’horlogerie et la publicité. Aujourd’hui, la photographe souhaite orienter son activité vers quelque chose de plus humain.
Au début, elle entre un peu à reculons dans le portrait. Puis, progressivement, s’intéresse à des personnalités carougeoises. «En 2019, j’ai eu à cœur d’aller photographier des résidents du Nouveau Prieuré. Avec Pierre-Alain Ferrazzini, un photographe de la Cité sarde, nous avons amené notre studio photo sur place pour une durée d’un mois. Aller à la rencontre des résidents, être à leur écoute, les mettre en valeur était notre priorité. La personnalité de chacun était ce que je voulais faire ressortir, dans une atmosphère empathique et douce. Les valoriser et les mettre en avant en leur offrant des moments d’attention a été une expérience très enrichissante et nous avons fait la même chose avec l’EMS des Charmilles. Suite à cette aventure, j’ai voulu montrer mon travail au galeriste Cyril Kobler. C’est alors qu’il m’a proposé d’exposer les photos de ces résidents en me mettant au défi de réaliser 25 portraits genevois.»
Le choix des personnalités
Le projet a débuté en 2020 pour s’achever en 2021. Un an de recherche, de rencontres, de travail intense a été nécessaire, mais toujours avec cette patience et cette passion qui animent Diane Bouchet. «Le choix de montrer des personnalités genevoises s’est fait tout naturellement. Ce qui était important pour moi, c’était d’avoir de la diversité. Avec Pierre-Alain Ferrazzini, nous allions à leur rencontre ou bien ils venaient prendre la température au studio, afin de faire tranquillement connaissance. S’imprégner de leur monde, de leur histoire et sentir leur caractère était passionnant.» Diane Bouchet explique que l’idée a été de choisir des personnes qui n’avaient plus rien à prouver, et de les photographier telles quelles.
Parmi ces portraits, nous retrouvons Jean-Philippe Rapp, journaliste et animateur suisse, Pierre Challandes, fondateur du Parc Challandes (aujourd’hui Bioparc Genève), Exem, auteur de bande dessinée, et bien d’autres. Dans leurs milieux respectifs, ils ont fait carrière, mené des recherches, se sont battus pour faire changer les choses et ont souvent obtenu des prix.
Diane Bouchet est entrée dans le monde de chacune de ces personnes, a su privilégier le contact humain pour faire ressortir leurs traits magnifiés sous son œil empathique, qui est très perceptible dans chacun de ces portraits.
«Je me souviens de ma rencontre avec Maurice Aufair, dit-elle. Il est très attachant.» Diane Bouchet expose ensuite la richesse de chacun et souligne qu’ils lui ont laissé une empreinte indélébile et qu’ils ont gardé de très bons contacts.
Les séances de studio
Dans son studio à Carouge, Diane Bouchet a accueilli chaque personne le temps d’un café, histoire de s’installer tranquillement avant de commencer la séance. Mettre en lumière nécessite beaucoup d’observation. Une fois saisis les gestes, les mimiques et la manière de se mouvoir, entrent alors en ligne de compte le fond et l’éclairage afin de magnifier les traits que la photographe veut faire ressortir. «Le fauteuil est également une pièce maîtresse. Je n’ai rien imposé, ni posture, ni sourire, laissant la liberté à chacun de pouvoir aller au cœur de leurs envies, de leurs émotions, explique Diane Bouchet. Lors de ma rencontre avec Cyril Kobler et de nos échanges, nous avons parlé de ce projet à Jacques Boesch, qui s’est inspiré des photos pour créer un texte littéraire pour chaque portrait. Il révèle le prénom, le nom, puis une question prétexte qui oriente son texte de 1602 caractères, chiffre se référant à l’Escalade.»
«Portraits genevois 2021» Photographies de Diane Bouchet, texte de Jacques Boesch, à l’Espace Cyril Kobler, 52bis, rue de Genève, Chêne-Bourg, du 17 novembre au 17 décembre. Vernissage le 16 novembre de 18 h à 20 h
