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A Bardonnex, une fabrique donne de la couleur à nos toits

Exemple de tuiles de Bardonnex, © Anne Pastori Le pressage de l'argile, , © Anne Pastori Exemple de tuiles de Bardonnex, © Anne Pastori Les wagonnets de tuiles avant leur entrée dans le four, © Anne Pastori La tuilerie de Bardonnex, © Gasser Ceramic Vue du four, © Anne Pastori Tapis de transport de l'argile,  © Anne Pastori Le façonnage manuel de certains accessoires , © Anne Pastori Le toit du collège Calvin, © Gasser Ceramic
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Les wagonnets de tuiles avant leur entrée dans le four, © Anne Pastori

A quelques centaines de mètres du village de Bardonnex, la campagne genevoise recèle un trésor naturel dans les replis de ses vallonnements. Un important gisement d’argile – car c’est de cela qu’il s’agit – y a en effet été découvert en 1933. Aujourd’hui encore, la Tuilerie de Bardonnex utilise ce gisement pour ses tuiles aux couleurs lumineuses. Son ouverture au grand public lors des Journées européennes du patrimoine a représenté une occasion unique de découvrir un pan peu connu de la culture industrielle de Genève.

Parties intégrantes mais discrètes de l’architecture patrimoniale, les tuiles donnent couleur et esthétique aux constructions. Celles de Bardonnex ont pour particularité d’être plates, cannelées ou à l’ancienne et de convenir particulièrement bien aux bâtiments historiques. Leur quatre coloris qui répondent aux jolis noms de Nuancé Rouge, Nuancé Jaune, Nuancé Brun et Nuancé Vieilli animent les toits d’innombrables bâtiments de la région lémanique, ainsi que d’une centaine de châteaux – dont ceux de Chillon et de Vufflens – et du Collège Calvin.
Dans les siècles passés, la fabrication de tuiles était une activité d’appoint de la paysannerie. Aussi les tuileries artisanales étaient très répandues. En Suisse romande au début du 20ème siècle, on en comptait encore plus d’une centaine. Cependant la mécanisation d’une partie de la production – amorcée dès les années 1870 – et l’évolution des matériaux imposeront le regroupement progressif de ces entreprises ou leur disparition. La tuilerie de Bardonnex est une excellent exemple d’une entreprise qui a su s’adapter au changement.

Découvert en 1933, le gisement de Bardonnex est remarquable par son étendue qui devrait permettre une exploitation jusque vers 2070. D’excellente qualité, cette argile a d’abord été utilisée par la tuilerie de Bellevue. Puis en 1946, une usine a été construite à proximité du gisement. La tuilerie qui appartient alors à la famille Barraud est vendue en 1953 à l’entreprise Morandi qui possède déjà plusieurs usines en Suisse romande ; c’est là un premier regroupement. En 1974, un incendie ravage plusieurs bâtiments. Une fatalité selon Laurent Vitello, responsable commercial à Bardonnex: « Comme on y joue en permanence avec le feu, les tuileries finissent toutes par brûler un jour ou l’autre. Par chance, nos bâtiments construits en briques ont bien résisté. D’ailleurs, ces bâtiments continuent à être utilisés et sont inscrits depuis quelques années à l’inventaire du patrimoine industriel de la Ville de Genève. »

L’évolution des méthodes de fabrication et la dure concurrence des nouveaux matériaux imposeront une rationalisation de la production. Ainsi, si au début des années soixante plus de 350 personnes étaient employées dans le « petit bagne » – surnom donné à la tuilerie de Bardonnex qui reflète bien la pénibilité du travail des ouvriers – , aujourd’hui, la tuilerie fonctionne avec le secours d’une vingtaine d’employés seulement. Par ailleurs, les alliances faisant la force, le groupe Morandi passe en 2010 à la Ziegelei Rapperswil Louis Gasser qui devient Gasser Ceramic en 2013. La tuilerie de Bardonnex a su toutefois conserver une identité propre grâce au caractère artisanal de ses tuiles dont les nuances subtiles et uniques sont très prisées pour les toitures des bâtiments historiques.
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Comment fabrique-t-on des tuiles ?
La fabrication des tuiles se fait en plusieurs étapes : tout d’abord, il faut extraire puis préparer la terre, avant de la façonner. Prélevée à la belle saison, l’argile est transportée sur des tapis roulants jusqu’à des machines qui vont par pressage séparer les corps étrangers – rochers, cailloux ou racines – de l’argile. Puis, l’argile est transportée dans de grandes cuves où elle est entreposée. La terre est ensuite moulée de manière mécanique ou, pour certains accessoires, façonnée à la main. Après un passage de plusieurs jours dans un séchoir hygrométriquement régulé, les tuiles sont ensuite empilées sur des wagonnets, avant d’être cuites dans un four. Pour traverser ce four horizontal d’une longueur de 105 mètres et dont la température maximale est de 1100 degrés, les wagonnets mettront pas moins d’une semaine. A leur sortie, la solidité de chaque tuile devra encore être vérifiée manuellement avant de partir recouvrir les toits de Suisse et de Navarre.

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Photo du profil de Anne Pastori Pastori
Anne est aux premières loges pour assister au développement fulgurant de sa commune de Plan-les-Ouates. Elle s’intéresse particulièrement à «ce mélange fascinant entre la campagne et l’évolution urbaine qui fait apparaître de nouvelles problématiques.» Experte en communication et réseaux sociaux, passionnée par le graphisme, elle réside et participe à la vie publique de Plan-les-Ouates depuis près de quinze ans.

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