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Alexandra Briffaz, prof de yoga

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Il y a quelques années, j’ai décidé de me bouger. La mairie m’a indiqué les possibilités qui existent à Perly, j’ai choisi le yoga, la séance du mardi à 16h15, une heure et quart de concentration, de postures et de moments de repos. J’en ressors détendue et sereine. C’est Alexandra Briffaz qui nous guide, de ses formules magiques en sanscrit. Nous sommes une dizaine de dames d’un âge certain. Mais les séances ont été interrompues mi-mars à cause du coronavirus.

L’interview a lieu par téléphone.
Alexandra, peux-tu me dire quelle est ta formation ?
Au début, j’étais employée de commerce et travaillais à mi-temps tout en m’occupant de mes enfants. Lorsque nous avons déménagé à Sion, avec mon mari, j’ai entrepris une formation Bansuri (qui signifie la flûte de Krishna en sanscrit), de 600 heures sur 4 ans, qui comprend différentes branches : philosophie, anatomie, pathologie, postures, dans un groupe de 4-5. Quand nous sommes revenus à Genève, je faisais les trajets jusqu’à Sion. Les examens ont lieu à Berne, je les ai passés en 2011. Le titre de mon travail de diplôme était : « Le yoga traditionnel peut-il freiner la fuite en avant de l’Occident ? »

Tout un programme !
En effet (elle rit). Mon diplôme en poche, en 2011, j’ai d’abord donné des cours chez moi, puis à Carpe diem, un centre de thérapie énergétique dans le nouveau quartier de Bernex-Confignon. Je donne aussi des cours dans la ville d’Onex, rue des Evaux, l’Hospice général y a un service social, dont un département destiné aux seniors, comprenant des cours de bien-être et de mobilité. Enfin à Perly, la mairie met à disposition la salle de rythmique de l’école primaire.

J’apprécie ton calme, ta sérénité. Ce n’est pas fatigant de répéter la même chose durant les trois cours que tu donnes de suite ?
(Elle éclate de rire). Pas du tout ! D’abord, je ne répète pas la même chose, je varie en fonction des notions abordées, selon l’accent mis sur foie, la colonne vertébrale, les articulations, le système nerveux, etc. Le yoga est une passion, je ne m’ennuie jamais.

Pratiquais-tu le yoga quand tu étais petite ?
J’en ai toujours entendu parler par ma grand-mère, qui pratiquait le yoga dans les années 70. Quand j’ai perdu mon père et ma sœur, j’ai éprouvé un besoin de spiritualité.

Comment as-tu vécu le confinement ?
Ce fut une douche froide, le 13 mars, quand il fut annoncé. Cela m’a perturbée pendant une semaine, je me faisais du souci au niveau sanitaire, pour mes enfants, et financier, naturellement. Mon salaire dépend des cours que je donne. Puis j’ai décidé de mettre ce temps à profit pour vivre tranquillement, avec mes enfants, à faire des balades en forêt, au bord de l’Aire, une à deux heures par jour. Je goûtais le silence, la nature qui explosait, les senteurs, le chant des oiseaux, j’éprouvais une grande paix, en contraste avec la peur des magasins dangereux. C’était un temps suspendu. En outre, je recevais des indemnités de l’Etat, 80% du revenu. Un soulagement.

Tu nous envoyais le programme de la semaine.
A la demande des participant-e-s, j’ai imaginé des séances plus courtes, 30’ au lieu de 75’, et préparé des enregistrements audios, mes fils m’ont prêté un smartphone, j’ai dû me mettre à la technologie. Certain-e-s apprécient d’entendre ma voix en faisant leurs exercices. Mais ces séances raccourcies manquent de corps, d’équilibre. Ne pas voir les gens perd en qualité, c’est assez frustrant.

Et tu as eu l’idée de donner tes cours dehors.
J’attendais l’autorisation du Conseil fédéral. Affiliée à Yoga suisse, je recevais régulièrement des informations. Nous avons pu réunir 5 personnes en respectant 2 mètres de distance. A Carpe diem, j’ai démultiplié les cours, dont j’ai réduit la durée. Je n’ai pas pu prendre tout le monde. Onex n’ouvre pas encore, et à Perly, j’ai convié les personnes qui ont un abonnement annuel. Comme nous n’avons pas accès à la salle, j’ai proposé de nous retrouver dehors, et le voisin d’une participante nous a prêté son jardin, planté de cerisiers.

C’est sympa, dehors, il y a d’autres sensations : le vent, les feuilles qui bougent sur le ciel…
Il faut essayer de rester dans l’observation, attentives à notre bien-être. Ce n’est pas une reprise franche, la directive des 2 m de distance pose problème. Je m’adapte, au jour le jour. Tout peut changer dans un sens comme dans l’autre. C’est plus compliqué, plus fatigant, je travaille plus pour gagner moins, je fais du bricolage, mais c’est mieux que rien.

Tu es toujours sereine avec tes enfants ?
Pas toujours. Le yoga, ce n’est pas être zen en permanence, mais il permet de ne plus s’identifier à la colère. Elle ne dure pas, ne laisse pas de trace. Le yoga permet de prendre du recul, d’avoir une autre perspective, tout est moins dramatique.

Une conclusion ?
J’espère que cette situation va nous donner de la sagesse, nous faire comprendre que le bonheur, la vraie liberté se trouvent à l’intérieur de soi, pas à l’extérieur, dans le divertissement.

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Photo du profil de Huguette
Huguette Junod s’intéresse très tôt à l’écriture. À douze ans, elle gagne un concours radiophonique pour adultes ; dès l’âge de treize ans, elle publie des contes puis des articles dans différents journaux. Pendant 33 ans, elle est professeure de français à l’école secondaire genevoise, où elle fait connaître la littérature romande. Parallèlement, elle anime des ateliers d’écriture et organise des manifestations culturelles. En 1987, elle fonde les Editions des Sables. Elle a touché à tous les domaines : le journalisme, la chanson, le théâtre, la publicité, la poésie, le récit, la fiction, l’essai, et publié une vingtaine d’ouvrages. Huguette Junod a obtenu le Prix des Écrivains genevois en 1986 pour le récit Ceci n’est pas un livre et en 2008 pour le poème Le Choix de Médée. Depuis janvier 2013, elle écrit chaque semaine une chronique féministe dans « Gauchebdo ».

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