Ce printemps, plus que toute autre année, me semble-t-il, on plante, on taille, on cultive, on met les mains dans la terre. Même les urbains. Partout, je croise des gens traînant de gros sacs de terre ou rapportant des plantons des marchés. A Carouge (au Parc des Pirates, par exemple) et à la Jonction, plusieurs plantations publiques ont été organisées, notamment dans mon écoquartier. Cet hiver, j’entendais des ricanements « ce lieu dit Carré vert, c’est du béton ! », et maintenant les arbres s’épanouissent, les légumes poussent et les coquelicots égaient les toits et autres coins insolites. « Pour que pousse le coqu’licot » se nommait le premier projet d’habitat coopératif sur le site d’Artamis, en 2006 ! On s’en rappelle. Et au pied de chaque arbre du très soiffard boulevard Carl-Vogt une petite ère verte se déploie, signalée par l’affichette : « Espace bio en développement ». Il n’y a pas si longtemps, toutes les rues étaient grises, et j’entendais de vieilles personnes grommeler, en arrachant les brins verts des pavés : « Les fleurs n’ont rien à faire ici ! ».
A Carouge, le Printemps était naturellement orienté sur la nature, par son vert conseiller administratif Desforêts, et Henriette Stebler, déjà si active pour l’établissement d’une zone piétonne à la Place du Marché, est repartie au combat en lançant la pétition « Pour la création de places publiques dans nos quartiers (Fontenette, Tambourine, Grosselin, Tours, Noirettes et futur PAV) ». Elle demande non seulement des zones protégées du trafic motorisé, mais encore des aménagements permettant la convivialité, la rencontre et les pique-niques, avec des bancs, des tables et de vrais arbres apportant ombre et fraîcheur lors des étés caniculaires. Elle précise que ces places doivent être accessibles à toutes et tous, avec chaises roulantes, déambulateurs et poussettes.
Bien sûr, Henriette n’agit pas seule ; moteur d’actions, elle s’entoure toujours de ses camarades d’Ensemble à Gauche et des associations de quartiers qui récoltent aussi avec succès des signatures. Voici quelques commentaires recueillis sur les stands :
– Nous voulons prendre l’apéro et manger sous les arbres entre voisins et voisines !
– Nous aimons les arbres, nous en voulons plus et des vrais, des beaux, pas des anorexiques !
– Pour nous rencontrer, il n’y a pas assez de salles ; sur les espaces verts, on ne peut pas s’asseoir dans l’herbe à cause des crottes de chiens, nous voulons des sièges et des tables !
– Beaucoup de gens viennent de pays où l’on pratique la culture du pique nique, ces places et ce simple mobilier urbain rapprocherait les gens de quartier, de toutes cultures, de toutes classes sociales et de tous âges.