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Éphémère et durable, une balade artistique au bord de l’Aire

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Connaissez-vous l’Aire ? C’est une rivière qui prend naissance au pied du Salève, en Haute-Savoie, serpente le Genevois jusqu’à Saint-Julien, avant de franchir la frontière et de traverser les communes de Perly-Certoux, Bernex, Confignon, Onex, Lancy, parcourant 11 km, dont 9 sur le territoire suisse. Elle rejoint l’Arve, à la hauteur du pont de Saint-Georges, par une canalisation. Jusqu’en 1931, elle cherchait son lit dans une plaine marécageuse, par de nombreux méandres. Elle fut canalisée entre Perly-Certoux et Onex entre 1888 et 1936. Il s’agissait d’éviter que la rivière n’inonde les cultures maraîchères riveraines. À la fin du 20e siècle, l’Aire est alimentée en été par les rejets de la STEP (station d’épuration) de Saint-Julien, qui ne fonctionne plus correctement, et reçoit les eaux de celle de Confignon. Elle est alors la seule rivière de Suisse interdite à la pêche et à la baignade ! Les dramatiques inondations de Lully, en novembre 2002, ont démontré la nécessité de renaturer la rivière. Les eaux usées de Saint-Julien ont été traitées par la STEP d’Aïre, et celle de Confignon a été condamnée. Au même moment, le canton de Genève a lancé un concours pour renaturer l’ensemble du cours d’eau entre Saint-Julien et le pont du Centenaire, soit une distance de 4 km. Une première en Suisse. Le projet est réalisé, par étapes, depuis 2002. L’inauguration de la renaturation de l’Aire a eu lieu le 11 juin 2016, j’y étais. Après quelques minutes, il pleuvait tellement que le conférencier a dû interrompre ses explications et que nous sommes allés nous mettre à l’abri sous une tente. Ces travaux ont obtenu plusieurs distinctions locales, nationales et internationales, dont le Prix du paysage par le Conseil de l’Europe en 2020. Depuis que l’Aire a troqué ses eaux canalisées et putrides pour des écoulements naturels, de multiples promeneurs, adultes et enfants, lui rendent visite, à pied, jouent, se reposent sur les bancs mis à disposition, pique-niquent et sont heureux.

Afin de lui rendre hommage, durant cet été 2021, cinq communes se sont réunies pour créer une exposition et des événements autour d’œuvres contemporaines : Onex, Confignon, Bernex, Perly-Certoux, Saint-Julien. Onze œuvres sont disposées le long de l’Aire. Il s’agissait de découvrir ses bords autrement, « d’effacer les frontières ». Le projet a été lancé il y a deux ans, à l’initiative d’Elisabeth Gabus-Thorens, maire de Confignon, qui a pris contact avec Hélène Mariéthoz, curatrice indépendante pour l’art contemporain.. Elle a sollicité une trentaine d’artistes, en respectant la parité, qui ont soumis un projet sous forme anonyme. Un jury a été constitué (un-e déléguée par mairie et trois experts en art contemporain), qui en a retenu onze, où ne figurent plus que trois femmes. Ces artistes ont réalisé des œuvres avec les matériaux pris sur place, afin de rendre sensibles la diversité et l’évolution de la rivière. Un plan à disposition situe les œuvres sur le long de l’Aire. On peut également s’y promener avec son téléphone (Google Map). Les œuvres sont signalées sur le plan et sur le parcours par de petits écriteaux où sont inscrits les noms des artistes, les titres et un QR code. Cependant, certaines ne sont pas visibles depuis le chemin, il faut donc sortir des ornières. Jusqu’au 25 septembre, on peut les chercher et les contempler lors d’une promenade, ou s’y rendre exprès, sur une partie des 4 km de tracé.

Depuis le 19 juin, il y eut divers événements : visites, animations, performances, ateliers, lectures, concerts, land’art. Du lundi au samedi, entre 8h30 et 11h30, sont organisées des visites guidées (inscription par e-mail). Et tous les jours ont lieu des performances.
Le dimanche 19 septembre, St-Julien propose un brunch musical à 11h autour de l’œuvre de Jean-Samuel Coste. Il a tracé un labyrinthe naturel à l’aide de baguettes d’arbres fruitiers.
Le finissage aura lieu dimanche 26 septembre à Saint-Julien, promenade de 2 heures organisée avec les autorités d’Onex. Toutes les informations figurent sur le site « éphémère et durable ».

Samedi 21 août, à 16h, je me suis rendue au pont du Centenaire pour une présentation de deux œuvres d’artistes et une performance de Maëva Weissen, designer-artiste, en présence d’autorités d’Onex. Nous sommes une vingtaine, on nous guide, sous les arbres, jusqu’à une installation de textiles sur un grand support en bois. L’artiste prend la parole, elle travaille à partir de maillots de foot dont les clubs se débarrassent, les teint, les retisse, leur ajoute différentes matières. Elle a demandé à trois jeunes hommes de la banlieue d’Onex, où elle vit, d’interpréter un rap, sous les cagoules qu’elle leur a créées. Il paraît qu’ils étaient morts de trac. Elle est la fille de Mikaëla Halvarsson, la soprano qui accompagne certains concerts de notre chorale du Val-de-l’Aire. Le monde est petit !
Un peu au-dessous du chemin, nous suivons Andreas Kressig. Il nous désigne ce qui reste de la structure de branches qu’il avait créée d’une berge à l’autre de la rivière. Mais la récente tempête a tout emporté ! La nature est toujours la plus forte. De l’œuvre Ouvrage il ne reste que Rage : une tourelle construite avec les débris, mais sur terre ferme. Il nous montre des photos de son œuvre éphémère.
Nous traversons le pont pour admirer « Water Drop », une installation-sculpture faite de tiges de jonc, disposées de manière à créer une goutte d’eau géante en suspension dans l’air, sonore si le vent le décide. L’artiste Vincent du Bois et un représentant de Strata Architecture nous décrivent leur démarche.
Nous nous retrouvons dans la prairie, où trois jeunes filles portent des tenues créées par Maëva, rejointes par les trois jeunes gens de tout à l’heure. Cette petite troupe se met à danser sur un air de rap, puis on nous offre un vin d’Onex, dans des verres du Premier Août, qu’on peut emporter en souvenir. Un après-midi qui aura comblé nos cinq sens.

Huguette Junod

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Huguette Junod s’intéresse très tôt à l’écriture. À douze ans, elle gagne un concours radiophonique pour adultes ; dès l’âge de treize ans, elle publie des contes puis des articles dans différents journaux. Pendant 33 ans, elle est professeure de français à l’école secondaire genevoise, où elle fait connaître la littérature romande. Parallèlement, elle anime des ateliers d’écriture et organise des manifestations culturelles. En 1987, elle fonde les Editions des Sables. Elle a touché à tous les domaines : le journalisme, la chanson, le théâtre, la publicité, la poésie, le récit, la fiction, l’essai, et publié une vingtaine d’ouvrages. Huguette Junod a obtenu le Prix des Écrivains genevois en 1986 pour le récit Ceci n’est pas un livre et en 2008 pour le poème Le Choix de Médée. Depuis janvier 2013, elle écrit chaque semaine une chronique féministe dans « Gauchebdo ».

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