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La grande crue de l’Allondon

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Lorsque l’envie me prends, le 23 janvier dernier, d’aller me promener au bord de l’Allondon au niveau de son embouchure sur le Rhône, je ne m’attends pas à me retrouver face à un impétueux torrent de montagne ! Ou est donc passée la paisible rivière au bord de laquelle se retrouvent les familles pour pique-niquer une fois les beaux jours venus ? Sur place, plus de bras qui serpentent entre les bancs de galets. Plus de bucolique sentier au fil de l’eau. Même les petites cascades pittoresques qui font le bonheur des enfants à la hauteur du pont CFF de La Plaine ont été gommées par ce désormais fleuve aux allures d’Amazone. Les flots tumultueux se déversent avec force et fracas dans un vacarme assourdissant. Impressionnant !

Après une courte recherche, il apparait en effet que le débit de l’Allondon a été multiplié par vingt ce jour-là, passant ainsi de 3,8 à 77, 5 m3 par seconde. Ce qui corresponds à une crue décennale, comme nous l’explique le Pr Franck Cattanéo, d’hepia Genève : « Une crue de cette ampleur, qui n’est pas extraordinaire en soi, peut se produire statistiquement tous les dix ans. Les causes sont à rechercher dans les précipitations et la fonte des neiges bien sûr, mais également dans l’augmentation des surfaces imperméabilisées tout au long du lit de la rivière. Cette urbanisation a pour conséquence au fil du temps de diminuer le temps de transit de l’eau et d’accentuer les pics de crue.»

Mais alors, quels sont les risques pour les habitants des communes de Satigny, Russin et Dardagny, que longe le cours d’eau ? Étienne Monbaron-Jalade, Chef de secteur au Service de l’Ecologie de l’Eau du DETA, tiens à nous rassurer : « Malgré la force apparente de l’Allondon durant cette crue, le niveau d’alerte n’a pas été dépassé. Les données de la station de mesure de l’Office Fédéral de l’Environnement située aux Granges-Malval nous permettent de suivre l’évolution des crues en temps réel et de prendre les mesures adéquates si nécessaire. » En l’occurrence, les deux zones potentiellement inondables le long de son parcours sur sol suisse – le camping du Val de l’Allondon, fermé actuellement, à Satigny et l’usine Firmenich à La Plaine – n’ont donc jamais été menacées, car le premier seuil d’alerte pour l’Allondon se situe aux alentours de 100 à 110 m3 par seconde. « La norme à Genève veut que l’on puisse se protéger des crues centennales, c’est-à-dire des crues qui ne se produisent qu’une fois tous les cent ans. » Ce qui représenterait dans ce cas précis un débit de quelques 160 m3 par seconde. « Néanmoins, précise encore Mr Monbaron-Jalade, un projet visant à renforcer la protection de l’usine chimique de Firmenich est actuellement en cours, et devrait aboutir d’ici à 3 à 5 ans, le site étant particulièrement sensible ». Aucun danger à l’horizon pour les habitants du Mandement, la rivière est sous bonne garde !

Questionné sur l’impact écologique du phénomène, le Pr Cattanéo¬ se veut lui aussi rassurant, précisant que les crues font partie de la dynamique du cours d’eau, qu’elles favorisent le brassage des sédiments et qu’en refaçonnant le lit de la rivière, elles permettent de rajeunir les habitats de la faune qui y a trouvé refuge. Pas de danger pour les poissons alors ? « La reproduction des truites a eu lieu en décembre déjà, et les œufs sont actuellement enfouis sous 10 à 15 centimètres de gravier. Bien qu’il puisse y avoir eu des dégâts ce jour-là, une telle crue se produisant au mois d’avril aurait eu un impact beaucoup plus fort et destructeur car c’est la période durant laquelle les larves éclosent et sont livrées à elles-mêmes. »

Qu’on se le dise, malgré les crues, les truites et les ombres de l’Allondon font face à un avenir radieux… jusqu’à l’ouverture officielle de la pêche en tout cas !

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3 commentaires

  1. Très belle photo et article intéressant…. ainsi que le commentaire de M.Prevedollo.
    J’aime me promener au bord de l’Allondon, en partant des Granges de Malval

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  2. Bonjour Monsieur Deshusses,
    J’ai lu avec intérêt votre article. Dommage qu’il ne tienne pas compte de la réalité. En effet, cet été 2017, les truites de l’Allondon ont été décimées par la MRP (Maladie Rénale Proliférative) et les rares géniteurs survivants ont certainement eu bien du mal à encaisser la crue dont vous parlez. En effet, les graviers recouvrent les rares frayères qui ont été occupées avant Noël, mais des alevins parviendront-ils à en sortir ? Rien n’est moins sûr ! Pour ma part je n’ai dénombré que 3 frayères certaines et 1 probable … (de l’embouchure au Pont des Baillets) ce qui est extrêmement peu pour un tel cours d’eau. Donc dire que les truites et les ombres « ont un avenir radieux » relève de la méconnaissance de la situation. Enfin, en concluant avec : « … jusqu’à l’ouverture officielle de la pêche » vous mettez en cause assez explicitement la pêche comme un facteur aggravant. Pour votre information, en 2016, les pêcheurs de l’Allondon n’ont conservé que 50 truites ! et aucun ombre puisque cette espèce est entièrement protégée par la règlementation de la pêche en rivière depuis de nombreuses années. Je reste à votre disposition pour vous emmener le long des ruisseaux pépinières gérés par deux sociétés de pêche (Eaux-Chaudes et Eaux-Froides) et qui contribuent par leur travail sur le terrain au repeuplement naturel de ce cours d’eau … bien mal en point en réalité.
    Avec mes salutations halieutiques.
    Maxime Prevedello
    Président de la Commission de la Pêche

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    • Photo du profil de Mathias

      Bonjour Mr Prevedello,

      Je vous remercie pour votre intervention et votre éclairage. J’ignorais que la situation de l’Allondon avait été aussi catastrophique en 2017! N’étant ni pêcheur, ni biologiste, mais journaliste, j’ai justement recherché des gens susceptibles de pouvoir m’informer, ainsi que nos lecteurs, sur cette crue survenue fin janvier. Et ces derniers n’ont pas évoqué les événements dont vous me faites part. Si le fond est correct (la crue n’a eu que peu d’impact sur la situation actuelle), il aurait été en effet pertinent de joindre votre point de vue à l’article de manière à pouvoir mieux coller à la réalité. Je ne manquerai pas de faire appel à votre expertise en la matière lors d’un prochain sujet, et c’est très volontiers que j’accepte votre proposition de vous accompagner sur le terrain dans le courant du printemps!

      Pour finir, je suis désolé que vous vous soyez senti offensé par la conclusion de l’article: cette dernière est une simple tirade sur le fait que la pêche représente une fin en soit pour le poisson, et son but n’était bien entendu pas de décrédibiliser les amateurs de pêche.

      Je vous souhaite une belle fin de semaine!

      Mathias Deshusses
      instagrumpf@gmail.com

      Répondre

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