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La Bulle dans le jardin des roses

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© Maryelle Budry

Le quartier de la Praille, où le PAV commence à monter, n’est pas encore entièrement démoli. C’est le tout dernier moment pour encore voir la fameuse gigantesque photographie de Renate Buser au 66 route des Acacias et les peintures murales « street art », autour de la Maison Baron. Dans mon article du 25 juin « Carouge-La Praille et la Jonction en plein chamboulement » http://www.signegeneve.ch/geneve/centre/carouge-la-praille-et-la-jonction-en-plein-chamboulement.html, je craignais les brutales destructions. Elles ne sont pas encore arrivées.
En traversant la route des Acacias, de Carouge à Genève, à la hauteur de la rue Industrielle, on peut aller rue Ternier manger la fondue ou un plat du jour à « La Bulle », un bar établi dans l’ancien jardin de roses d’une belle maison du début du vingtième siècle. Cet été, il offrait une terrasse à cocktails sous parasols, et pour l’hiver il a su se convertir en lieu original et cosy, sous bulles chauffées.
Et j’ai retrouvé la dernière propriétaire de la maison ! Maya Stalder m’en a raconté son histoire. Je lui en suis très reconnaissante. En fait il y a deux maisons semblables au chemin Ternier, celle dont je vous raconte l’histoire et celle peinte en rouge entourée de voitures à vendre. Ces deux maisons familiales se ressemblent et datent du début du vingtième siècle. Elles avaient fière allure, à l’époque déjà, aristocrates au milieu de maisons d’ouvriers et de jardins communaux, toutes proches des usines, dont celle produisant les cuisinières « Le Rêve ». La famille Stalder achète sa maison en 1938 à un marchand de chevaux, faisant aussi abattage et boucherie chevaline sur les lieux mêmes. C’est dire si le grand-père et le père de Maya ont dû l’améliorer pour en refaire une demeure agréable à vivre ! La mère de Maya investit le jardin, légumes, fruits et fleurs sur une grande surface, ainsi que de l’espace libre pour des chèvres et des lapins. Les deux chèvres avaient été achetées en Valais et ramenées en train aux Acacias, afin de nourrir la famille en lait et en viande durant la guerre. La famille a aussi un droit de fauche sur les pentes du bord de l’Aire (route des Jeunes actuellement). On ramène le foin pour les chèvres dans l’annexe appelée la feunière.
Les légumes et les fruits du jardin gardés à la cave permettent à la famille de se sustenter. L’autre annexe sert d’atelier au père qui toute sa vie se consacrera à entretenir la maison. Maya et sa sœur, sous l’autorité du grand-père, s’occupent des animaux.
Quelle belle enfance !
Hum ! En fait, me précise Maya, je n’avais qu’une envie : m’échapper de ce jardin. Ma sœur et moi devions aider ma mère à arracher les mauvaises herbes, à ramasser les légumes, alors que j’entendais les enfants ouvriers jouer librement dehors ! Je n’avais pas le droit de les inviter, mes parents avaient trop peur qu’ils ne détériorent les plantes… Nous étions des petits bourgeois dans une cage. A ma majorité, je me suis enfuie. Je n’ai repris la maison qu’à la mort de ma mère qui a cultivé les roses jusqu’au bout de sa vie. J’ai essayé d’y vivre, mais le travail du jardin et les escaliers n’étaient pas bons pour mes hernies discales. Mes neveux et nièces, enfants de ma sœur décédée, n’étaient pas intéressés à la garder. J’ai donc décidé de la vendre. Non sans regrets, bien sûr. C’est alors que j’ai eu l’idée de rappeler le passé agricole de la demeure, en fabriquant ces personnages en chiffons et en papier mâché avec leurs instruments aratoires et de les exposer sur les balcons de la feunière. Je suis très bricoleuse, ainsi que mon compagnon. D’ailleurs dans ma vie professionnelle j’ai été jardinière d’enfants et j’ai beaucoup pratiqué la couture et le bricolage avec les enfants de Lancy.
La maison familiale est donc vendue et les nouveaux propriétaires ont accepté ce bar provisoire dans le jardin. L’avenir de la maison est incertain. Mais il n’est pas impossible qu’elle soit gardée dans la zone de parc prévue au PAV et qu’elle continue à perpétrer le souvenir des Prailles (prairies).

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