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A la fin du mois de mai dernier, ils étaient une bonne centaine de personnes à se réunir à Troinex pour célébrer une étape majeure de la réalisation de leur coopérative d’habitation. Au programme des réjouissances : jacuzzi, jeux pour les enfants, pizza et gaufres au feu de bois.
Il faut dire que l’occasion méritait d’être marquée d’une pierre blanche. Fin février, la commune de Plan-les-Ouates a en effet informé la coopérative La Bistoquette que son projet d’habitation avait remporté l’adhésion du jury et que celui-ci lui confiait la réalisation d’une centaine de logements répartis sur trois immeubles dans le quartier de La Chapelle/Les Sciers. La construction de cette coopérative représentera la phase finale de l’aménagement de ce nouveau quartier établi à cheval entre les communes de Lancy et Plan-les-Ouates.
Suite à l’appel à projet lancé par la commune en 2018, plus d’une dizaine de primo-coopératives avaient déposé un projet. Selon la commune, celui « de La Bistoquette s’est, quant à lui, distingué tant par la qualité de son architecture que par son programme qui permettra d’offrir au quartier de nouvelles façons d’habiter et des services fortement attendus. »
Quelles sont donc les particularités du projet lauréat et en quoi se distingue-t-il d’un projet non coopératif ? Telles ont été quelques-unes des questions que je suis allée poser à Michael Hofer et Stéphane Fuchs du bureau d’architectes atba responsable de la conception architecturale de la Bistoquette et de plusieurs autres coopératives à Genève.
Un premier constat à propos du projet lauréat est qu’il dispose en son sein de nombreuses compétences. Issue de la fusion de quatre primo-coopératives qui se sont alliées pour défendre à Plan-les-Ouates un projet d’habitation participatif et écologique, La Bistoquette s’est adjoint le soutien d’Équilibre, une des grandes coopératives de Genève. Celle-ci met à disposition son expertise en tant que partenaire conseil. Par ailleurs, le bureau d’architectes atba qui a entre autre réalisé la coopérative d’habitation de Soubeyran dispose d’une expérience importante en matière de conception d’habitat collectif et écologique.
» Mon travail en tant qu’architecte, m’explique Michael Hofer, consiste d’une part à trouver des solutions innovantes et écologiques et d’autre part à maintenir un équilibre financier. » Ainsi, à Soubeyran, le choix d’un sytème d’isolation en matériaux naturels (bois-terre-paille) et le système de toilettes à compost impliquaient des surcoûts qui ont pu être maîtrisés en limitant le recours au béton armé, en gardant le béton brut – ce qui a permis d’éviter des frais de peinture – et en faisant réaliser certains travaux par les futurs habitants. A la Bistoquette, l’utilisation de béton sera limité aux îlots centraux de chaque bâtiment, les murs porteurs seront réalisés avec un mélange de terre de chantier et de ciment. Les poteaux porteurs des balcons seront en rondins de chêne. Quant à l’isolation, elle sera constituée de petite bottes de paille. Tous les matériaux naturels -terre, paille, rondins seront locaux. Et pour maintenir les coûts dans les limites du budget, les coopérateurs et coopératrices participeront à certains aspects du chantier. Finalement, un accent tout particulier sera mis sur la mobilité douce et l’autopartage.
Un autre aspect stimulant du projet tient à son caractère participatif. Atba travaille en effet étroitement avec les futurs habitants de la coopérative. Cette collaboration se présente sous la forme de séances régulières au cours desquelles sont discutés les nombreux aspects de la construction et du mode d’habiter. » Nous travaillons de concert avec les coopérateurs et coopératrices qui sont parties prenantes dans les décisions « , explique Stéphane Fuchs qui précise encore que ces échanges sont très riches et fonctionnent bien.
Mais au-delà du caractère écologique et organisationnel, ce qui intéresse les architectes d’atba dans la conception d’une coopérative, c’est qu’il s’agit de réaliser une architecture pensée autour du lien social. En effet, en tant qu’architecte, Michael Hofer conçoit son travail comme l’habillage d’un corps social. Aussi à la Bistoquette, une grande importance est-elle accordée à la vie communautaire. Cela se traduit architecturalement par de nombreux lieux d’échanges et de partage entre habitants, qu’il s’agisse d’économats, de salles de fête, de bricolage ou de grandes terrasses végétalisées et ouvertes à tous.
Les paliers, par exemple, seront des espaces habités qui comprendront des aménagements tels que meubles à chaussures, bancs ou encore « ressourceries » où les habitants pourront déposer les objets – aspirateur, caquelon à fondue, canoë gonflable, etc. – qu’ils souhaitent partager avec leurs voisins ; autant d’éléments qui faciliteront à n’en pas douter les rencontres entre voisins et un esprit solidaire.
