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La fontaine fantôme des Champs-Fréchets à Meyrin

La fontaine fantôme des Champs-Fréchets à Meyrin

Le cadavre de la fontaine des Champs-Fréchets gît éternellement atone et morne. Son histoire nourrit les rumeurs tant le bruit de l’eau cristalline ne tinte plus à l’oreille des habitants. Deux versions se chuchotent ; les voici.

Risque d’affaissement

Selon l’une des doyennes de la cité, au Local des Aînés, les blocs de béton qui accueillaient autrefois les jeux d’eau ne méritent qu’un qualificatif : « C’est une verrue ! » L’excroissance vidée de son fluide serait inactive depuis plus de 20 ans… Pourquoi ? « La fontaine, lorsqu’elle était en activité, était trop lourde. Sachant qu’il y a un parking souterrain exactement sous cette fontaine, le risque d’affaissement était à prendre au sérieux », selon les dires de cette doyenne, résidante des Champs-Fréchets depuis près de 35 ans. Le sol subit effectivement les stigmates du poids de l’architecture ; le pourtour de la fontaine est marqué de fissures sur un rayon d’environ de cinq mètres, voire plus… « D’ailleurs, nous avons proposé de la remplacer par une ribambelle de fleurs pour trancher avec le côté bétonné de la cité ; aucune réponse de la part de la mairie ! », ajoute cette dame, l’indignation dans le ton.

Une affaire de régies

Au salon de coiffure à proximité de la fontaine, l’estimation du temps d’inactivité est plus précis : cela ferait 28 ans qu’elle n’accueille qu’une eau de pluie stagnante lui donnant des allures marécageuses. « Cette fontaine faisait beaucoup de bruit ; les habitants ont apparemment fait une pétition qui demandait son interruption. Pourtant, elle s’éteignait automatiquement à 19h… », rapporte une coiffeuse qui déplore la tristesse qui émane de l’architecture. Elle ajoute qu’un démantèlement de la fontaine serait du ressort de plusieurs régies différentes ; ce qui demande une décision consensuelle dont la coiffeuse doute qu’elle puisse aboutir un jour. « Le pire, confie-t-elle, c’est la présence de seringues que me rapportent parfois des enfants qui s’amusent à grimper au sommet des blocs de bétons. C’est dangereux ; j’étais effaré ! ».

Dans tous les cas, la présence spectrale du monument ne laisse pas indifférent et continuera à faire jaser parmi des habitants qui ressassent à l’unisson : « redonnons vie à cette espace ! ».

 


« La commune n’étant pas propriétaire, elle n’a pas la possibilité de la remettre en fonction. »

Olivier Morand, Chef de service urbanisme, travaux publics et énergie et secrétaire général adjoint à la commune de Meyrin, explique pourquoi l’imposante fontaine des Champs-Fréchets est à l’abandon. Interview.

Question: Depuis quand cette fontaine est-elle inactive?

Réponse: Depuis trop longtemps !!! Certainement des décennies. La Commune de Meyrin déplore le manque d’entretien de cet équipement privé.

Q: Pourquoi est-elle en état d’inactivité?

R: Historiquement, le quartier de Champs-Fréchets a été construit au début des années 70 sur des sites privés par des promoteurs privés. Les promoteurs de l’époque ont construit des aménagements ambitieux comportant des places, des allées, des jeux et des fontaines mais l’entretien, lourd, de ce dispositif n’a pas été suffisamment mesuré. Au fil des années, les jeux et le mobilier urbain se sont dégradés. Cette fontaine appartient à l’ensemble des copropriétaires qui ne sont pas capables d’entretenir les espaces extérieurs privés. Ils ne parviennent pas à provisionner suffisamment sur les loyers perçus pour entretenir le mobilier urbain.

Q: La commune prévoit-elle de la remettre en fonction?

R: La Commune n’étant pas propriétaire de cette installation privée, elle n’a pas la possibilité de la remettre en fonction.

Q: Dès lors, pour quelle raison la fontaine n’a-t-elle pas été détruite?

R: Nous ne pouvons répondre à cette question qui doit être posée aux propriétaires privés. Si elle n’a pas été détruite, c’est certainement en raison du coût de démolition et de mise hors service.

 

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Photo du profil de Romain Iantorno
Journaliste en herbe et étudiant en Lettres à l’Université, Romain vit à Meyrin depuis sa plus tendre enfance. «C’est une ville dans la ville où j’ai mes repères», dit-il. Ainsi, il se dit prêt à se lancer dans ce «laboratoire d’expérimentation journalistique ». Ses domaines d’intérêt sont sans borne. Sa priorité: le terrain.

3 commentaires

  1. Je suis né à Champs-Fréchets. Et je garde de très bon souvenir de jeux. Mon frère n’emmenait à la fontaine et avec tous les copains du cartier nous passions des heures à jouer.
    Quelle dommage que la nouvelle génération ne puisse pas en profiter, c’est regrettable, mais peut être qu’ils sont mieux devant des consoles de jeux…

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  2. J’avais 8 ans en 1976 quand mes parents ont déménagé au Champs-Fréchets. Cette fontaine était un vrai bonheur pour le petit garçon que j’étais. Une cascade, des bassins, des amis à éclabousser… des mamans qui papotaient en se rafraîchissant. Et puis dans les années 80, la fontaine a arrêté de faire la joie des enfants. Les locataires étaient contents : plus de bruit d’eau, plus d’enfants et une oeuvre d’art abstraite inutile, moche. Le quartier a commencé à dépérir, à devenir moins attirant. J’y repasse de temps en temps et repense avec tristesse à mes joies d’enfants…

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    • J’avais deux ans et demi quand j’ai vécu pour la première fois à Champs-Fréchet en 1979. Cette fontaine en fonction représentait un « symbole » qui a fait la joie de tant de personnes de toutes âges, surtout les enfants du quartier. Mais malheureusement il y avait des locataires avec un état d’âme de « porcelaine » qui tout leur dérangeait y compris les carrousels et les folklores tellement sympa qui donnaient le sourire aux amis du quartier et d’ailleurs. On s’amusait trop bien, que de bon souvenirs mais ma foi quelque chose est parti. Reviendra-t-il un jour? Quand j’y passe et repense, le sourire ne s’est pas perdu à mes joies d’enfants, il faut garder espoir.

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