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© Maryelle Budry
Dans la nuit du 7 au 8 janvier, un loup a été identifié à Genève. On ne dit pas où exactement. Il a été photographié, vous pouvez le voir, bien reconnaissable avec sa gorge blanche, flairant une barrière : www.facebook.com/geenvironnement
Il y avait 150 ans que le loup avait disparu du canton. Les dernières mentions de son existence à Genève, rapportées par le naturaliste Robert Hainard, datent de 1826 à la Queue-d’Arve et de 1830 à Chambésy. En 1871, « des dames de Châtelaine ont eu trois loups dans leur campagne ». C’était il y a tout juste 150 ans, et puis plus rien… L’Office cantonal de l’agriculture et de la nature (OCAN) se vante de ce retour d’une espère sauvage disparue, prouvant la qualité de la biodiversité originale du canton, de l’abondance des chevreuils et des sangliers, et grâce à l’existence de corridors biologiques entre la montagne (Jura, Voirons) et la plaine.
Le loup a aussi amené la neige. Durant toute la nuit du 9 au 10 janvier, il a neigé et la dimanche matin, des familles s’amusaient à élever des bonhommes de neige dans tous les parcs de la ville, y compris dans le cimetière des Rois. Beaucoup sont constitués de deux grosses boules de neige, avec un nez en carotte et des bras en branches d’arbre, c’est un archétype amusant, mais certaines personnes ont plus d’imagination… Ce n’est malheureusement que quelques jours plus tard que j’ai découvert, entre la tombe de la résistante Aimée Stitelmann et celle du communiste Léon Nicole, un loup magnifiquement sculpté dans la neige, avec l’inscription en brindilles de pin : « Bienvenue au loup ! ». Il était déjà bien diminué par la chaleur quand je l’ai photographié, mais cette image témoigne de l’habileté d’un-e ami-e de la nature et de l’entrée, historique, d’une nouvelle génération de vrais loups à Genève, qui, nous rappelle l’OCAN, ne mangent pas les humains…
N’empêche que depuis cet évènement la voix bouleversante de Serge Reggiani me hante : « Les lou-ou-ps sont entrés dans Paris ». Vous rappelez-vous de ce tube lancinant de l’époque 1968 ? Allégorie de l’occupation allemande qui fait froid dans le dos ( « Les loups s´en viennent la nuit venue… » ) et de la Résistance parisienne ( « Jusqu´à c´que les hommes aient retrouvé l´amour et la fraternité…. »). Qu’apporteront les loups à Genève ?
