Accueil | Thématique | Actu | Marc Olivier, revenu de la tétraplégie

Partager l'article

Actu | Centre

Marc Olivier, revenu de la tétraplégie

© Léa Chazot © Marc-Olivier Perotti © Marc-Olivier Perotti © Laure Portas © Laure Portas © Léa Chazot © Laure Portas © Marc-Olivier Perotti
<
>
© Marc-Olivier Perotti

Dans la vie chacun de nous traverse des périodes avec des hauts et des bas et en général on fait avec. Marc-Olivier Perotti lui a vécu un véritable cataclysme dans son adolescence quand il s’est retrouvé tétraplégique mis il a su avec force, courage et surtout détermination à ne pas se laisser emporter par ce tsunami. Il a décidé, avec l’aide de médecins et de ses proches de retrouver l’usage de ses jambe, de ses bras et de redevenir valide. Et c’est ce qui est arrivé, il a vaincu la tétraplégie.

Marc-Olivier, vous avez vécu vos premières années de vie comme tous les garçons de votre âge mais à l’âge de 17 ans, le 23 juillet 1984, tout bascule et vous vous retrouvez tétraplégique. Comment est-ce arrivé ?
J’étais en vacances au bord de l’Océan Atlantique avec mon meilleur ami et sa famille. J’ai voulu plonger dans l’eau en courant. Au niveau de mes pieds il y avait 60cm d’eau, mais ma tête a heurté une dune de sable. Du au choc, ma vertèbre cervicale C5 a éclaté et en une seconde je me suis retrouvé tétraplégique dans 30 cm d’eau, face au sable. Mon ami a vu mon corps inerte dans l’eau et pour m’éviter la noyade m’a vite retourné pour que je puisse respirer. Je lui ai dit alors que je n’arrivais plus à bouger. Il m’a sorti de l’eau avec son père en faisant les bons gestes pour ne pas rajouter de dégat.

Le père de votre ami est médecin, il prend les choses en main et décide de vous faire transporter par hélicoptère dans un hôpital à Bordeaux. Dans cet hôpital vous bénéficier immédiatement d’un traitement expérimental, quel est-il ?

Ils m’ont injecté un produit qui permettait de diminuer l’enflure de la moëlle et activer la circulation du sang à l’intérieur de la moëlle lésée. Car pour être paralysé, soit la moëlle est sectionnée, soit elle est fortement compressée. Chez moi, il y avait une micro-section (dont je ne subis aujourd’hui plus de conséquence sur ma mobilité) et j’avais une très forte compression de la moëlle épinière ainsi que 3 disques intervertébraux écrasés.

Quel a été la suite des traitements dans cet hôpital, le temps que l’on vous transfère en Suisse ?

Une opération est prévue d’urgence. Mais comme j’étais mineur il fallait attendre l’arrivée de mes parents si bien que l’on m’a fixé des crochets dans les tempes afin de mettre ma nuque sous extension pour soulager les compressions au niveau de la moëlle épinière. On m’a opéré un jour et demi après l’accident. Le chirurgien a pratiqué une ouverture à côté de la glotte pour retirer les morceaux de cervicale éclatés et on m’a prélevé un os sur la hanche pour reconstruire une cervicale que l’on a fixé avec une plaque métallique au moyen de vis dans trois vertèbres.

Comment se déroule vos journées dans cet hôpital bordelais ?

J’étais aux soins intensifs pendant une semaine ou j’ai vécu un enfer jour et nuit. Ensuite, on m’a transféré en chambre privée avec mes parents qui sont restés à tour de rôle à mon chevet y compris les nuits.

Après deux semaines on vous transfère en Suisse, à l’hôpital Beau-Séjour et vous vous trouvez dans l’unité qui s’occupe des paraplégiques.

Oui , ils m’ont refait tout une batterie d’examens, les même qu’a Bordeaux et j’en étais à 24 médicaments par jour en plus des piqûres.

Quels sont vos sentiments au fil des jours qui passent dans cet établissement et comment arrivez-vous à trouver les ressources nécessaires pour faire face à votre tétraplégie quand vous réalisez que vous êtes physiquement totalement dépendants des autres ?

Je n’avais pas totalement conscience de la gravité de mon cas et avais qu’une idée en tête : pouvoir à nouveau jouer de la batterie dans mon groupe « Clins d’Oeil » que j’avais formé auparavant avec des amis. Cela me donnait une énergie folle et une motivation incroyable pour me sortir de là au plus vite, non seulement debout mais surtout en ayant retrouvé l’indépendance de mes 4 membres, ce qui était un challenge monumental pour le tétraplégique que j’étais malheureusement devenu.

Quelques semaines passent et un miracle se produit lors d’une énième séance de physiothérapie, le thérapeute constate que votre gros orteil a réussi à bouger de quelques milimètres. Ensuite vous arrivez même à gagner de plus en plus de mobilité. Quel est votre état d’esprit à cette période ?

C’est là que je subis un deuxième choc mais mental cette fois -ci, psychologique. Je réalise soudain que durant les deux derniers mois rien ne fonctionnait. Alors que lorsque le physio me motivait pour bouger mes pieds ou pour ouvrir et fermer mes mains je sentais mes ongles toucher ma paume, mais ce n’étaient alors que des sensations fantômes, comme on les appelle dans le jargon médical, car tout était figé et couché sur mon lit, la nuque bloquée par une minerve, je ne voyais que le plafond et pas du tout mon corps pour contrôler si visuellement il bougeait vraiment.

Combien de mois depuis votre accident avant de pouvoir à nouveau retrouver l’usage de vos jambes et de vos bras ?

Six mois après mon accident, j’ai fait mes premiers pas. Je devais réapprendre à monter et, plus difficilement, à descendre des escaliers. C’est à cette période que le personnel médical a demandé à mes parents d’amener ma batterie. Ils l’ont installée dans les sous-sols de l’hôpital Beau-Séjour et j’ai pu enfin réaliser que j’allais pouvoir rejouer un jour, même si il n’y avait alors que mon pied droit qui pouvait, timidement, frapper la grosse caisse. Deux à trois mois plus tard, mes bras se sont remis à fonctionner mais pas mes mains si bien que les ergothérapeutes m’ont fabriqué des manchettes en cuir dans lesquelles on avait fixé mes baguettes de batterie. Cela m’a permis, tout en essayant de rejouer, de rééduquer l’interdépendance de mes quatre membres.

Depuis vous vous êtes marié, avez deux enfants et professionnellement actif dans le domaine de la chimie des parfums et avez créé en paralléle l’association « KyféKoi ». En quelle année et dans quel but ?

Oui j’ai créé cette association franco-suisse en 2011. En faveur de personnes en situation de handicap pour leur proposer diverses manifestations, les sortir de leur isolement dans un esprit de convivialité et de solidarité.

Combien de membres dans votre association et quelles sont leurs pathologies ?

Actuellement 130 membres dont une quarantaine sont en situation de handicap comme la paraplégie, la tétraplégie mais aussi la sclérose en plaque, la myopathie, les traumatisés crâniens, mal voyant, non-voyants et les bipolaires.

Avez-vous encore besoins de bénévoles pour vous aider dans cette mission ?

Toute personne motivée est la bienvenue ainsi que le soutien financier et toutes les personnes en situation de handicap intéressées par nos activités peuvent se joindre à l’association.

Vous avez aussi publié un livre très intéressant intitulé « J’ai vaincu la tétraplégie »,qui a été préfacé par Patrick Ségal, l’aventurier écrivain, devenu paraplégique à 24 ans. Ou peut on se procurer votre ouvrage ?

On peut me contacter via mon compte facebook sur Marc-Olivier Perotti ou par le site www.kyfekoi.com ou encore par le facebook de KyféKoi, ce qui permettra de recevoir le livre dédicacé. Le livre es également disponible en librairie en Suisse et en France (éditions Favre, Payot, Fnac, Amazon)

Merci pour votre témoignage , en quelque mots quel message souhaitez-vous faire passer à des gens qui n’ont pas eu votre chance et sont dans des situations de handicaps ?

Mon but n’est pas de donner de faux espoirs. J’ai eu beaucoup de chance dans mon malheur. La façon dont je m’en suis sorti n’est malheureusement pas le cas de tout le monde. En général 1 cas sur 1000. Mais il faut toujours garder un espoir, une motivation pour aller de l’avant malgré tous les obstacles que la vie ou autrui nous mets dans les roues. Dans mon cas, c’était rejouer de la batterie qui m’a poussé à me dépasser jour après jour pour y arriver. La vie qui suit une épreuve c’est encore la vie…..

Partager l'article

J'écris un article
Photo du profil de Dominique Wyss
Journaliste, productrice et animatrice d'émissions durant quelques années auprès d'une radio locale genevoise, Dominique est actuellement rédactrice free-lance auprès de divers magasines. Elle a décidé de l'investir également pour Signé Genève.

Ajouter un commentaire

Votre adresse email ne sera pas affichée. Les champs obligatoires sont indiqués *

You may use these HTML tags and attributes: <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>

J'accepte les CGU

Mot de passe oublié

Inscription