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Petite visite chez Betty, bientôt centenaire

La bientôt centenaire Betty dans sa cuisine. © FK
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La bientôt centenaire Betty dans sa cuisine. © FK

A 98 ans, Betty est en pleine forme. Elle habite depuis plus de cinquante ans dans le quartier de Saint-Jean et nous livre ici quelques petites histoires qui ont ponctué sa vie et ses astuces pour tenir une forme olympique.

« Quand on me demande mon âge, je réponds systématiquement : l’âge que vous me donnez ! » Elle est comme ça, Betty, directe, la tête sur les épaules et le sens de la répartie aussi aiguisé qu’un rasoir. Mais cette réponse cache quelque-chose : en fait, Betty, son âge, elle s’en moque ! « Je suis née le 9 mars 1919, faites-le calcul. » On s’exécute aussitôt. La réponse ne tarde pas : elle sera centenaire dans deux ans. Vertigineux quand on voit ce petit bout de femme en pleine forme, le teint aussi frais que celui d’un nouveau-né.
Betty Ody est née à Noréaz, dans la Gruyère. Arrivée à Genève peu avant la deuxième guerre mondiale elle s’est finalement installée dans le quartier de Saint-Jean qu’elle n’a plus quitté.
Depuis son appartement , une vue époustouflante sur le Salève. On s’invite dans sa cuisine et Betty s’attable. «Que voulez-vous que je vous dise, je n’ai rien à raconter» On sourit poliment en voyant le livre d’herboristerie qu’elle tient entre ses mains. Petit à petit, la nonagénaire se met à table et explique ce qui l’a fait quitter sa région natale pour le bout du lac: «J’étais jeune fille et je travaillais dans un restaurant près de Gruyère. C’était il y a bien longtemps. Dans l’établissement, il y avait plein de militaires. L’un d’entre eux m’a dit un jour qu’il ne fallait pas rester ici, mais plutôt venir à Genève. Je voulais quand même partir quelque part. Alors je l’ai pris au mot! » Betty quitte son lieu de naissance et file vers la cité de Calvin. Elle ne tarde pas à trouver un emploi et assez vite… un époux. «J’ai tout de suite trouvé du boulot au café-restaurant des Trois Rois,à la rue de Berne. Juste en face il y avait un poste de police. On y était comme une famille. C’est là que j’ai rencontré Charly, mon mari. Il était policier et avait perdu ses parents. Comme il arrivait souvent au resto seul, il venait manger avec l’équipe, avec nous. C’était une personne très gentille et agréable.»
Puis en 1940, année de leur mariage, le couple déménage à Bernex où Charly occupe sa fonction de gendarme. Ils s’installent par la suite à la rue Liotard et enfin dans le quartier de Saint-Jean. Betty reprend: «Après mon mariage, je n’ai plus travaillé, Charly ne voulait pas. Par contre, comme il n’aimait pas compter, lorsqu’il touchait son salaire, il m’en donnait la totalité, hormis de l’argent de poche. Donc je m’occupais des paiements. Quelle confiance, hein?»
Dans la mémoire intacte et galopante de Betty, de nombreux souvenirs, dont celui-ci qu’elle se plait à raconter: «Vous savez, dit-elle, avec Charly, nous avons acheté la première VW coccinelle de Genève au salon de l’auto. Frein mécanique et double embrayage, s’il vous plait! Plus tard, nous l’avons transformée afin de pouvoir dormir à l’intérieur. On a enlevé les dossiers arrières et comme ça elle était toute arrangée pour pouvoir bien voyager. On a pu faire de nombreuses virées, notamment à Nice où on allait en mai et en septembre.»
Dans la vie de tous les jours, Betty se débrouille très bien toute seule ou presque. Les supermarchés avoisinants sont tout près, le bistrot pour un épisodique plat du jour, aussi. Elle reçoit tout de même un petit coup de main de l’Imad (Institution genevoise de maintien à domicile) de temps en temps, bénéficie de l’entourage efficace de sa voisine, de ses amis et de son neveu qu’elle a élevé. «Claudy habite à Austin au Texas, mais il me téléphone tous les jours et vient en Suisse au moins trois fois l’an. Il m’aide beaucoup à distance pour m’organiser, dit-elle.»
Au niveau de la santé, tout va bien pour Betty, sauf ses yeux qui fatiguent. «J’aimais bien faire les mots croisés avant, mais avec la vue qui baisse ce n’est plus possible. Mais à part ça, je ne suis jamais malade; chez le docteur, je n’y vais pas beaucoup. Sauf pour le vaccin contre la grippe. Mais bon, j’ai mes petites astuces pour me tenir en forme.» Elle tapote sur les livres qu’elle tient en main (Les bonnes plantes de Maurice Mességué) et s’explique: «mon eau de jouvence, ce sont les tisanes. De la camomille, de la sauge et du citron, sans sucre. J’en bois une tasse de temps en temps parfois je finis le pot. Mais attention, ce dernier doit toujours être en céramique ou en émail, jamais de métal. Mon docteur m’a dit que lorsque l’on a de la sauge dans son jardin, on est jamais malade. Ça a l’air de fonctionner.»
Une autre astuce de Betty pour tenir la forme, c’est l’exercice: «Tous les jours je vais faire une petite promenade dans le quartier. Et si je ne la fais pas, je descends en ascenseur jusqu’au rez-de-chaussée et je remonte les six étages à pied. Ce sont mes petits exercices à moi. En plus, je cuisine et je ne m’ennuie jamais.» Un dernier truc, Betty? «Oui: Jamais de maquillage pour avoir une belle peau. Et je prends toujours un petit café avant d’aller au lit. Et si je me réveille la nuit, hop, un petit café.» Elle est comme ça, Betty. Pleine de vie.

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Journaliste RP, fasciné par le tissu local genevois, ses petites histoires et sa fascinante diversité,  je participe avec l’équipe des Reporters de quartier à la réalisation de Signé Genève sur le site et dans le journal.

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