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Thierry Desbaillet, l’homme du goût.

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Russin, 1352. Hameau des Baillets, dans une région qui deviendra quelques siècles plus tard le Canton de Genève. Un lopin de terre change de mains et une famille du cru commence la culture d’une parcelle de vigne.
Russin, 2014. Thierry Desbaillet, vingt-deux générations plus tard, se lance un défi de taille : mettre en relation les producteurs locaux et les épicuriens genevois en créant une plate-forme de distribution de boissons alors inexistante.

A 33 ans, Thierry Desbaillet est un père de famille épanoui. Ce fils de vigneron russinois est fortement attaché à sa terre d’origine. « Il est facile de se procurer des produits industriels en quantité. Mais nous avons ici une richesse fantastique, des produits qui ont du goût et des petits producteurs qui en prennent soin ! Il y a là un réel travail de valorisation à effectuer » déclare cet indépendant, fier de sa jeune entreprise. Le goût, en effet, il le connaît bien. Depuis son enfance, baigné dans une campagne généreuse, il donne volontiers un coup de main au domaine familial. C’est un enfant élevé dans le vin, si l’on ose dire. « Dès l’âge de 14 ans, il venait tous les samedis matin m’aider au marché ! », me lance sa maman, Claire-Lise, en rigolant. « Il venait en vélomoteur et une fois terminé, filait rejoindre ses amis scouts ! » précise-t-elle avec un large sourire. Passionné d’informatique, il se forme tout d’abord au métier de médiamaticien et crée le premier site internet du domaine. Il fait un peu de facturation mais se découvre surtout du plaisir à tisser des liens avec une clientèle passionnante et passionnée. Très intéressé par la promotion et la distribution de ces produits en lesquels il croit, c’est naturellement qu’il reprend cette activité sur le domaine. Il se rend alors compte qu’il y a une vraie demande pour des produits comme les siens : sains, artisanaux, sans arômes rajoutés et surtout locaux. « Les gens prennent de plus en plus conscience de la nécessité de s’approvisionner localement mais n’ont pas le temps de passer chez chaque producteur… », analyse le jeune homme. « Et encore faut-il les connaître ! » ajoute-t-il. Il lui faut donc trouver un moyen de centraliser l’offre afin de mettre en relation acheteurs potentiels et familles de producteurs régionaux. Il veut créer une nouvelle marque forte et identitaire, en s’appuyant avant tout sur des produits locaux et des valeurs humaines. Le concept de la Genevoise du Terroir est né. La jeune société est sélectionnée en 2014 pour faire partie du prix IDDEA (Idées de Développement Durable pour les Entreprises d’Avenir) et est suivie depuis 2015 par Genilem, une association qui offre durant 3 ans coaching personnalisé, conseils et réseau à des entreprises novatrices sélectionnées selon des critères très stricts. S’appuyant sur des valeurs éthiques irréprochables, Thierry met en place une structure à taille humaine. Rapidement, le catalogue s’étoffe avec d’autres vins issus de domaines intéressés par sa démarche. Puis du cidre, des jus de pomme (plus d’une dizaine en tout), des bières artisanales, du miel, des confitures… Tout un assortiment labellisé GRTA (Genève Région Terre Avenir), issu uniquement du terroir local et faisant la part belle à l’esprit familial si cher aux producteurs de Genève.

Est-ce difficile de monter son entreprise dans le contexte actuel ? « A part la promotion effectuée par le canton pour le Label GRTA, il n’y a pas d’aide particulière liée au fait que nous nous centrons sur le marché local. Ce n’est pas évident, mais cela sonnait pour moi comme une évidence ! », réponds du tac au tac celui qui est aussi sapeur-pompier volontaire au sein de la Compagnie 101 Dardagny-Russin. Les liens noués dans ce cadre sont d’ailleurs précieux et lui ont récemment permis un joli coup d’éclat : « Nous avons eu un problème avec le muscat dont nous nous servions pour faire du moût, car le raisin a gelé l’année dernière. Nous cherchions donc du raisin pour le remplacer, et j’en ai parlé avec un ami vigneron lors d’un exercice à Dardagny. Il avait justement du Gamaret disponible. » Du moût de Gamaret ? « Oui ! Nous avons fait quelques essais, et le résultat est juste magique ! C’est extraordinaire, au point que des professeurs de l’Ecole de Changins ont été réellement surpris par le goût de celui-ci. » En effet, après m’en être délecté, je peux affirmer que c’est une belle réussite.

« L’avantage de cette proximité est que nous pouvons nous adapter à la demande », ajoute Thierry. « Par exemple, la demande est forte pour un cidre haut-de-gamme. Nous allons donc sortir dans le courant de l’automne notre propre cidre pour compléter la gamme déjà existante. Il sera réalisé avec d’anciennes variétés de pommes, et élaboré en collaboration avec Xavier Chevalley, grand spécialiste genevois de la méthode traditionnelle. Un grand nombre de personnes me demandent régulièrement quand il sera disponible car ils ont hâte de le goûter ». Et ils ne sont pas les seuls, croyez-moi !

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