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Tourner à droite ou non, Vernier-village s’écharpe

Tourner à droite ou non, Vernier-village s’écharpe

Population, commerçants et autorités s’opposent quant à une éventuelle réouverture de la route barrée en 2010. Une initiative municipale est lancée, mais elle pourrait être inutile.

A Vernier-village, on l’appelle «le tourner à droite» où justement, on ne peut pas tourner à droite. L’évoquer dans le quartier, c’est la garantie d’une discussion animée. L’interlocuteur fulmine, se passionne, secoue la tête, fait la moue jusqu’à en perdre, parfois, sa bienséance. Pendant ce temps, en l’espace de quelques secondes d’observation au bout de la route de Vernier, trois véhicules sur quatre bravent l’interdit.

Retour en arrière. En décembre 2010, à l’endroit où les Verniolans s’étaient habitués à rejoindre l’importante route du Nant-d’Avril, une interdiction de tourner à droite en direction de Genève était mise en place. Les responsables de la Direction générale de la mobilité (DGM) expliquaient la mesure par la nécessité d’«améliorer la progression des bus» en évitant «les voitures qui s’encolonnent aux feux.» De ce côté-ci, le changement a produit les effets escomptés, réduisant le trafic de transit dans le quartier.

Séances houleuses

Reste que la fermeture du «tourner à droite» est loin d’être digérée. Les automobilistes sont désormais contraints de faire un détour important pour entrer ou sortir de Vernier-village. Et l’avenue Louis-Pictet sur laquelle ils sont dirigés est bien souvent congestionnée.

Il y a ensuite les commerçants, ulcérés par la fréquentation réduite de la route qui passe devant leurs enseignes. Dans son petit bureau de tabac où les horloges font résonner des cris d’animaux, Laurette Broin s’indigne. «Vous trouvez ça normal que plus personne ne passe par-là? Moi je ne trouve pas. Avant, j’avais même des clients français. Maintenant ils me disent qu’ils font le tour.» En face, la serveuse d’un café avoue: «Eh bien, c’est simple. On ne travaille plus depuis trois ans.»

Intacte depuis 2010, la grogne d’une partie de la population s’est manifestée dans une série de pétitions éparpillées. Des séances d’information ont alors eu lieu avec les responsables de la mobilité cantonale. Ce fut houleux, dans une salle comble et surexcitée, racontent ceux qui étaient présents.

Puis, le Touring Club Suisse (TCS) est intervenu, militant en faveur de la réouverture de la route avant que le Mouvement Citoyen Genevois (MCG) ne rassemble des signatures pour une initiative municipale. Fin septembre, plus de 3000 paraphes ont alors été déposés au service des votations et élections. Leur évaluation est en cours. «Les habitants ont été mis devant le fait accompli. Le détour que doivent faire les voitures est insensé. La circulation devant les écoles et la pollution ont augmenté», lance Thierry Cerutti, le député, conseiller municipal et ancien maire de la commune qui mène la fronde dans son fief de Vernier-village. Quant à Sébastien Ruffieux, élu au Conseil municipal en tant qu’indépendant, il soutient également le référendum: «A la population de pouvoir s’exprimer sur la réouverture ou non de cette route!»

Mais comme souvent, ceux en colère sont les plus bruyants. Car en parallèle, certains riverains manifestent leur désir de maintenir cet aménagement. «Selon moi, c’est environ 50% pour, 50% contre», évalue Jean-François Bouvier, président de l’Association des Intérêts de Vernier-Village (AIVV). Lui -même s’oppose à la réouverture du «tourner à droite», mais admet que la situation n’est pas idéale. «Je comprends la frustration, surtout pour ceux qui habitent à côté et qui passent devant leur maison sans pouvoir tourner. Mais certains en font une fixation alors qu’il s’agit d’une petite contrainte. C’est la moins mauvaise solution qui a été privilégiée, dit-il. Au final, c’est une question de sagesse: moins il y a de trafic de transit dans Vernier-village, mieux c’est.»

Verniolans privés de vote?

Le conseiller administratif en charge de l’urbanisme Yvan Rochat ne dit pas autre chose. «Les comptages ont révélé qu’il passe chaque jour 1000 voitures en moins entre les deux écoles et la pollution a diminué. Si cette route devait être rouverte, les aménagements coûteraient 1,2 million à la Commune.» Des arguments qu’il a exposés à la population par le biais d’une lettre cosignée par la direction générale de la mobilité.

Mais au final, c’est le Conseil d’Etat qui se prononcera quant à la possibilité pour les Verniolans de voter. Et encore une fois, rien n’est simple. Un avis de droit, demandé par les autorités, indique qu’une ouverture ou fermeture de route n’entre pas dans les prérogatives communales. En d’autres termes, c’est le Canton qui prend ce type de décision. «Je crains que l’initiative soit mort-née au niveau de la consultation populaire, avance Yvan Rochat. Malheureusement, ceux qui ont récolté les 3000 signatures n’en ont pas tenu compte.»

 

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Passionné par l’info au coin de la rue, j'ai commencé à écrire dans ma commune de Vernier.
En parallèle, un site Internet consacré au foot des talus, des études et expériences dans le journalisme local ainsi que de longs voyages à vélo ont tracé mon parcours.

8 commentaires

  1. Encore un péjoration pour les automobilistes en FAVEUR des TPG….. il faut que cela cesse

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  2. Ce qu’il faut préciser c’est que les feux n’ont pas été réadaptés! En effet, quand on descend par la route du Nant-d’Avril direction la ville, on se trouve arrêté aux feux au carrefour dont il est question dans cet article alors que ceux qui remonte depuis la ville sont au vert. C’est insensé! A méditer…

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  3. Utilisant les TPG depuis Vernier-Village presque quotidiennement, je dois reconnaître que le bus perd moins de temps à cet endroit.

    Toutefois, le bus perd aujourd’hui plus de temps au carrefour de l’école des Ranches (devant le nouveau centre commercial). En effet, tous les véhicules venant de la route de Peney n’ont désormais qu’une seule possibilité pour se rendre en direction de Genève et s’encolonnent sur 1 voix au lieu de 2 et ralentissent la progression des bus. Globalement, il faut tout de même reconnaître qu’il y a un gain de temps (pour les utilisateurs des TPG).

    Par contre, cette décision de l’interdiction de tourner à droite peut quand même sembler étrange. Juste avant ce fameux carrefour, un nouveau tronçon de route réservé aux TPG a été construit pour accélérer la progression des bus et éviter les bouchons à cet endroit, bouchons qui n’existent plus aujourd’hui en raison de la déviation du trafic. On peut donc se poser la question de l’utilité de cet aménagement coûteux. Au lieu de choisir un des 2 options (déviation du trafic ou création du nouveau tronçon TPG), les 2 ont été appliquées !

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