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A Lancy, un «fou noir» fait salle comble

La tournée romande de Pie Tshibanda a pris fin le dimanche 20 janvier à la salle communale du Petit-Lancy. Le conteur congolais a encore fait salle comble pour scier les cotes de ceux qui étaient venus suivre « Un fou noir au pays des blancs », ce spectacle inspiré de son livre du même titre.

Plus de 350 personnes ont pris d’assaut la salle communale du Petit-Lancy pour assister à la dernière représentation d’une serie de 11 spectacles de Pie Tshibanda. Partout où il est passé, le conteur congolais a quasiment toujours joué à guichets fermés. A travers ce spectacle intitulé «Un fou noir au pays des blancs», Pie Tshibanda raconte sa propre histoire avec beaucoup d’humour et parfois de l’autodérision.

«En tant qu’Africain j’ai vécu des histoires similaires. La différence est que lui est un bon conteur, moi non », s’exclame un Burundais au terme du spectacle. Ancien requérant d’asile, Pie Tshibanda n’a pas réfléchi deux fois pour honorer l’invitation de l’Association auprès des Requérants d’Asile de Vallorbe Œcuménique et Humanitaire (ARAVOH) qui aide les migrants du centre d’enregistrement de  Vallorbe. «Dommage que les requérants d’asile ne soient pas venus nombreux ce soir», regrette Tshitenge, un Congolais venu voir le spectacle avec son épouse.

De la RDC à la Belgique, le parcours de ce psychologue est un mélange d’anecdotes de joie et de tristesse. Des rires, suivis d’acclamations prolongées ont accompagné la prestation de ce talentueux artiste. Mais, parfois, la salle était calme lorsque l’humoriste évoquait des scènes de tristesse vécues sur son parcours. «C’est un grand professionnel du conte. Tenir deux heures sans arrêt, c’est vraiment magnifique», s’émerveille Hélène, une conteuse suisse.

Parcours insolite

En 1995, Pie Tshibanda est témoin d’une épuration ethnique à Lubumbashi, la deuxième ville de RDC. L’écrivain décide d’en faire écho dans ses écrits parce qu’il fait aussi partie des victimes. Ce qui ne plaît pas aux autorités locales. Il sera menacé de mort jusqu’au jour où il quitte son pays pour s’exiler en Belgique, laissant sa femme et ses six enfants. Il s’installe alors dans un petit village où il est le seul noir. Rongé par la solitude, il force la rencontre avec ses voisins. «J’ai frappé à la porte de mon voisin pour lui dire que je suis un nouvel habitant du village. Il m’a regardé avec de gros yeux comme si je venais d’une autre planète », raconte-t-il.

La procédure d’asile, la recherche d’un emploi, le regroupement familial; chacune de ces étapes a son lot de malheurs. Pie décide de créer tout seul son propre emploi. Avec son regard de psychologue, il constate le diktat des enfants envers les parents dans la société belge. Il lance ainsi un bus école qui sillonne la région pour rappeler aux rejetons leurs devoirs vis-à-vis de leurs géniteurs et de la société. De nos jours d’autres personnes s’occupent de cet établissement, car le conteur de 62 ans enchaîne les passages sur les planches avec son spectacle «Un fou noir au pays des blancs» qui est une adaptation de son roman éponyme.

Avec plus de 1500 représentations a travers le monde, le Congolais prend petit à petit une carrure internationale mais n’arrête pas d’œuvrer pour les activités caritatives, comme en témoigne cette tournée. «Si j’arrête ma carrière, cinq belges vont au chômage», dit-il sans ironie. Morale de l’histoire : «L’étranger ne vient pas toujours pour chercher, mais aussi pour donner, apporter ce qu’il a.»

Voir un extrait du spectacle ci-dessous:

 

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Photo du profil de Anderson Makedi
Onésien depuis peu et père de trois enfants, Anderson Makedi a plein d’histoires à raconter. Né au Congo Brazzaville, diplômé en journalisme, il est le correspondant de la radio Africa N°1 après avoir travaillé pour la télévision nationale. Aujourd’hui, il anime un site destiné à la communauté congolaise, s’engage au sein de la paroisse protestante d’Onex et se passionne de tout. «L’information de proximité a une vraie valeur», affirme-t-il avec conviction.

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