Bernex fête le folklore suisse

Durant tout le week-end, les Rencontres Musicales de Bernex accueillaient, pour la première fois en Suisse romande, la 5e Rencontre Fédérale des Grandes Formations, une manifestation dédiée à la musique folklorique et qui a réuni dans les rue de Bernex plus de 400 musiciens venus de tout le pays.

Le soleil et le public ont répondu présent pour cette 28e édition des Rencontres musicales de Bernex. C’est en effet sous un ciel sans nuages qu’une foule compacte déambule entre les stands de nourriture et les différentes scènes érigées sur la rue principale. A intervalles réguliers, les passants s’écartent toutefois pour laisser passer les Sonneurs de Toupins de L’écho des Pâturage qui parviennent à se frayer un chemin à travers les badauds en faisant sonner leurs cloches en cadence. Ces hommes et ces femmes en costumes traditionnels, qui semblent tout droit sortis d’une fête de la désalpe, intriguent et captivent le public genevois. Pourtant, les apparences sont trompeuses : « Nous venons de Genève » racontent Ambre et Joëlle, deux jeunes sonneuses de toupins. « C’est en voyant nos pères faire qu’on a eu envie d’essayer » expliquent-elles.

Mais la tradition familiale n’est pas la seule motivation de ces musiciens. Ce sont surtout de vrais passionnés, à l’image de Lisbeth Furrer, membre de l’Alphüttli yodleurs club de Genève depuis 25 ans. « Je suis originaire de Schwytz, mais je vis à Genève depuis 30 ans. Quand je suis arrivée ici, je n’aurais jamais imaginé que je yodlerais un jour. Une fois, en écoutant par hasard la radio pendant que je repassais, j’ai entendu une dame yodler d’une façon qui m’a tant émue que j’en ai pleuré. Ça m’a tellement plu que j’ai décidé de travailler ma voix pour pouvoir l’imiter » raconte-t-elle. « Le yodle est surtout présent dans les régions montagneuses, mais il n’est pas cantonné à la Suisse allemande. On le retrouve en Bavière et en Autriche mais aussi en Bulgarie, en Italie du Nord et en Sardaigne, voire même chez les Pygmées qui ont une technique de chant très proche des yodleurs  appenzellois » explique-t-elle.

Quant à l’avenir du yodle, il ne semble pas se résumer à un divertissement pour touriste : « Avant, le yodle était très amateur ; il était pratiqué par des paysans qui se transmettaient les chansons de pères en fils. Mais depuis que je chante, c’est-à-dire 25 ans, on voit apparaître de jeunes compositeurs qui ont fait une formation en musique et en chant et qui prennent le yodle comme quelque chose de professionnel. La qualité est donc meilleure, ces nouveaux chanteurs étant beaucoup plus techniques. Cela donne une musique soignée, un peu comme de la musique classique. Mais cela ne plaît pas à tout le monde : certains pensent que ce n’est plus du yodle, car c’est trop soigné, ça ne sent plus la bouse, ce n’est pas authentique, ce n’est plus du folklore ! » raconte-t-elle d’un air amusé.

Ce sont de ces traditions bien vivantes qu’ont pu profiter les curieux durant tout le week-end dans une ambiance conviviale favorisant la découverte d’un folklore, à l’image de la Suisse, rempli de diversité.