
Une fois par mois, l’association l’èRe Des BelLes transforme des logements en salle de spectacle. Lundi, Laurent Viel a fait revivre «le plus grand Belge de tous les temps» dans un appartement de Perly.
Sur le coup de 21 h 35, lundi soir, tout Perly a dû entendre ces 25 voix qui reprenaient en chœur Les remparts de Varsovie. Dans ce cinq-pièces de la campagne genevoise, le chanteur Laurent Viel et son guitariste Thierry Garcia enchaînaient leur troisième rappel après s’être retirés dans le corridor. «Comme un vrai concert, finalement», sourit Marie-France Blanchard, l’une des organisatrices. Il n’empêche, pas de planches sous les pieds des deux artistes venus de Paris pour interpréter le répertoire de Brel, mais le parquet d’un salon
Chanson française uniquement
Voici huit ans que l’association perlysienne l’èRe Des BelLes a importé le concept de Chant’appart, né en France dans les années 90. Un week-end par mois, entre Genève et le canton de Vaud, un artiste professionnel se produit devant une trentaine de spectateurs – la place coûte 30 francs – tranquillement amassés chez des particuliers.
«Uniquement de la chanson française», tiennent absolument à préciser Viviane Vaucher et Marie-France Blanchard. Car leur association est une affaire de passionnées. Les deux mélomanes sillonnent les festivals à la recherche de perles rares. «A l’image de Laurent Viel, il existe un circuit parallèle d’artistes très talentueux qui ne sont pas assez mis en avant. C’est ceux-là que nous cherchons à programmer», explique Viviane Vaucher. Avec les années, les deux comparses ont tissé des liens avec les artistes et leur public. C’est le cas de Laurent Viel: de passage à Annecy pour y jouer son spectacle, il s’est arrêté à Genève pour trois représentations en salon.
Reste ensuite à trouver les accueillants. Lundi, c’était chez Véronique et Jacques, des habitués. «Au début, on peut trouver cela bizarre. Mais après être allée voir quelques concerts, j’ai décidé d’ouvrir mes portes», raconte Véronique. Chez elle, des amis, mais pas seulement. «Regardez, la moitié des gens ne savent pas chez qui ils sont. Je trouve que ça donne un côté amusant à la soirée», lance l’hôte d’un soir en s’affairant en cuisine. Car Chant’appart, c’est aussi un apéro et une troisième mi-temps entre accueillants, organisateurs, artistes et spectateurs.
Proximité et intensité
Les artistes, justement, que pensent-ils de ces salons transformés en salle de concert? «C’est terrifiant. Beaucoup plus que lorsqu’on chante dans un théâtre. S’il y en a un qui baille dans le public, tu le vois, analyse Laurent Viel. Mais cette proximité est surtout d’une intensité précieuse. On transpire, on rigole, on pleure en même temps.»
A la fin du concert, l’œil encore humide, il répétera ces mots à son public totalement subjugué, qui l’acclame bruyamment. Voilà, Perly sait d’où venait l’agréable boucan de lundi soir.
- De gauche à droite: Viviane Vaucher (organisatrice), Véronique (hôte), Marie-France Blanchard (organisatrice) et Jacques (hôte).
- Une trentaine de spectateurs se pressent dans les salons des accueillants.
- Le spectacle « Viel chante Brel » s’est arrêté à Perly.
- En choeur, ils ont chanté « Les remparts de Varsovie »
- Avec talent, Laurent Viel fait revivre le répertoir de Brel.