Lorsqu’on se balade en ville, on se rend compte qu’à de nombreux endroits il « manque » des arbres, parfois déjà depuis 5-6 ans ou plus : sans doute sont-ils tombés sous les tronçonneuses des jardiniers employés au Service des Espaces Verts ? Mais pourquoi ne les remplace-t-on pas ?
On sait que les genevois entretiennent une relation particulière avec « leurs » arbres. L’origine de cet attachement viscéral prend racine au début du XIXe siècle, grâce au génie des botanistes de Candolle, Boissier ou de Saussure qui importent à Genève des essences exotiques et créent des collections inestimables. Ces scientifiques de renommée mondiale vont saisir la curiosité des Genevois : cette émulation contamine même les riches familles genevoises qui plantent des variétés dans leurs propriétés, les futurs parcs La Grange, Perle du Lac, parc Beaulieu. De magnifiques végétaux d’agrément apparaissent alors en ville.
On comprend donc pourquoi, dès qu’un marronnier, un platane ou autre micocoulier vénérable est menacé d’abattage, certains de nos concitoyens se mobilisent pour essayer de sauver le feuillu qu’ils affectionnent, la plupart du temps d’ailleurs sans résultat positif escompté. On essaye de rassurer ces citadins interloqués en évoquant divers arguments tels que : ils sont malades, ils sont trop vieux, ils menacent de tomber sur les piétons, ils gênent, etc.
La Tribune de Genève le mentionnait d’ailleurs dans ses colonnes : « A chaque abattage, le collectif ‘Sauvons Nos Arbres’ accuse les autorités de privilégier le développement urbanistique au détriment de la qualité de vie de ses habitants. En tant qu’ancien directeur du SEVE, Roger Beer connaît l’argumentaire par cÅ“ur, mais rappelle que le patrimoine vert vieillit. A Genève, l’arbre a une moyenne d’âge de 60 ans. Quant aux spécimens remarquables, ils se meurent ».
Ok, alors replantons sains, jeunes, moins imposants, mieux adaptés, pour le bien-être de chacun.
Car on sait pourtant que les arbres sont de véritables « poumons » de la ville et d’indispensables puits de carbone naturels. Plus ils sont jeunes et plus ils absorbent de grandes quantités de dioxyde de carbone (CO2). Ce sont donc des purificateurs d’air : grâce à la photosynthèse, les arbres produisent de grandes quantités d’oxygène. Ils permettent également de réduire la teneur de l’air en gaz polluants et en particules fines. Les feuilles de certaines espèces agissent comme de véritables ventouses, qui peuvent fixer jusqu’à 20 kg de particules par an.
Les arbres sont aussi des « climatiseurs » précieux car ils ont un impact direct sur la température ambiante. Ils peuvent modifier le degré d’humidité d’un quartier simplement à travers la production de vapeur d’eau dans l’atmosphère (l’évapotranspiration). En été, ils rafraîchissent l’air grâce à leur feuillage : celui-ci absorbe et réfléchit une partie du rayonnement qui, autrement, atteindrait le macadam pour se transformer en chaleur.
Par ailleurs, des études ont montré que les patients hospitalisés qui peuvent regarder des arbres guérissent plus rapidement et souffrent moins de complications que ceux qui n’ont pas accès à ce type de paysage. De nombreux panoramas où dominent les arbres stimulent la reprise psychologique car ils provoquent des sentiments positifs, atténuent les émotions négatives telles que la peur, la colère et la tristesse. Le parc de Beau-Séjour, avec ses marronniers séculaires sous ses fenêtres, offre donc ce genre de bénéfice à ses pensionnaires…
Pour en revenir à mes observations récentes, je constate que le long de l’Arve, sur le quai Capo-d’Istria, la lignée de platanes est interrompue à de nombreux endroits : à la place, des « trous béants ». Au début de l’avenue de la Roseraie, en quittant le pont de la Fontenette à droite, plusieurs emplacements vides signalent leurs anciennes présences : des carrés squattés à présent par des herbes folles, des rejets de la propre plante (par désespoir ?), ou par les fleurs des « jardiniers sauvages » qui s’activent à colorer nos rues et nos trottoirs afin d’embellir les arrangements urbains un peu ternes.
A l’Avenue de Beau-Séjour, en direction de l’hôpital du même nom, c’est carrément toute la rangée de gauche qui a perdu les essences qui ombrageaient avantageusement les voitures parquées à cet endroit lors de cet été indien qui n’en finit plus.
Enfin, je ne parle que du quartier de la Roseraie et de Champel dans ces constatations, car à divers endroits de la ville, d’autres arbres brillent aussi par leur absence : pour preuve, des souches en décomposition, ancrées dans le bitume ou dans un maigre espace terreux, attestent de leur destinée interrompue…
Alors quand va-t-on replanter ces arbres si utiles à notre environnement et nécessaires à nos existences ?
Doppler
Bonjour Jean- Pierre.
Je suis d’accord avec toi. C’est tellement beau de voir des arbres le long des avenues. À la Servette, ils ont enlevé une vingtaine de platanes pour la construction du tram. J’espère qu’ils vont les replanter bientôt. Je te souhaite une belle journée. Bise Laurène