A Veyrier, un vide-greniers sauvage réjouit autant qu’il agace

Dans le quartier des Tournettes, le point de récupération prend chaque mois des airs de décharge à ciel ouvert. Reportage.

Mardi, 18 heures. Dans le quartier des Tournettes à Veyrier, une montagne d’objets hétéroclites commence à se former sur le point de récupération situé face au terminus du bus. Comme chaque mois, la levée des déchets encombrants prévue pour le lendemain génère de nombreuses allées et venues. Si l’endroit réserve souvent de belles surprises, des abus suscitent aussi le mécontentement des habitants du quartier.

La nuit tombée, le carrefour prend les allures d’une curieuse brocante. Au-delà des bureaux ou des vaisseliers, des tours d’ordinateur, des imprimantes, des télévisions ont été déchargées. Quelques chaussures plus loin, un siège pour enfant trône entre des cartons de catelles, un fer à repasser, des aspirateurs, un matelas et des abat-jours. A côté, des sacs en papier débordent de vidéo VHS et autres jouets. Déposée sur la place d’arrêt prévue pour les déchargements, une table de babyfoot a perdu ses pieds et attend un éventuel repreneur. Et des repreneurs potentiels, il y en a. Soulevant et retournant les objets entassés tous azimuts, simples curieux ou experts de la récup scrutent le moindre meuble, la moindre pièce qu’ils pourraient remettre en état.

«Il y a clairement de l’abus»

«Le mois dernier, j’ai trouvé un bureau pour mon fils», dit un voisin. A première vue, certains articles semblent en effet en parfait état et pourraient être vendus à des magasins de seconde main. «Il y a souvent des choses qui valent la peine», confirme Yann, occupé à remonter un robot pour enfants. «Ceux d’en face emportent souvent de jolis meubles», explique ce jeune habitant de Veyrier qui vient régulièrement chiner sur les lieux. Ceux d’en face, ce sont des brocanteurs venus de France voisine. A la recherche de nouveaux trésors, ils s’arrêtent aussi par le point Tournettes.

Ce vide-grenier improvisé ne fait cependant pas l’unanimité auprès des riverains. «Il y a clairement de l’abus», lâche une passante médusée devant un scooter qui traîne devant la boîte à fringues. Plus inquiétant, une pharmacie a été déposée sans être vidée de ses médicaments. «A mon avis, certains risquent une amende», se dit Sylvie, une habitante des Tournettes, en observant les vas-et-viens du soir et les déchets qui s’amoncellent.

Contactée à plusieurs reprises pour ce problème, la commune confirme avoir déjà pris des mesures. «Nous avons fait enlever les buissons qui cachaient ce point de récupération pour qu’il soit à découvert», indique M. Smyth, urbaniste auprès de la ville. Grâce à cet aménagement, les autorités espèrent décourager les adeptes du dépôt sauvage. La mairie étudie d’autres pistes pour améliorer la situation mais l’employé communal y voit surtout un problème d’éducation et de discipline. Il rappelle à ce propos que frigos, machines à laver et autres appareils électroménagers sont repris gratuitement en magasin. De même que les médicaments en pharmacie.

Meubles et autres objets encombrants peuvent être déposés à cet endroit chaque premier mercredi du mois. Les autres informations concernant les déchetteries peuvent être consultées sur le site de la ville de Veyrier.