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Amour et désamour à bord du tram 14

Amour et désamour à bord du tram 14

En deux ans, le tracé a profondément redessiné le visage des communes suburbaines. Reportage à bord et réactions, de Bernex à Meyrin.

Tout commence à Bernex. Ou peut-être est-ce là que tout finit. Le panneau lumineux vient d’être réparé, il indique enfin lequel des deux trams 14 à l’arrêt partira le premier. Durant de longs mois, c’était un jeu de hasard. Dans lequel monter? Celui de droite ou de gauche? Un dilemme du quotidien qui pouvait coûter cinq minutes d’attente.

Le voyage démarre à deux pas du P+R conçu pour absorber les hordes de pendulaires. En 43 minutes, le tram 14 aura parcouru 18 kilomètres. Sur son chemin, 27 arrêts, sept communes, la campagne, la périphérie, la ville et à nouveau la périphérie. Un parcours dont la dernière extension a été inaugurée en décembre 2011.

C’est à la campagne que l’on trouve les passagers furax. «La ligne 14 arrange tout le monde, sauf nous, à Bernex. C’est désastreux», fulmine une utilisatrice au sujet de la rareté des navettes qui prolongent le tracé au-delà du terminus. «On attend beaucoup trop longtemps le bus qui nous dépose au centre du village. J’en connais qui ont repris leur voiture.»

Quelques kilomètres plus loin, Onex apparaît sur la route de Chancy. L’artère est méconnaissable. Tout au long de celle-ci, plusieurs administrations ont récemment compris que c’est là qu’il faut être: Office cantonal de la population, Ministère public. Une cité réservée aux seniors observe également passer le convoi.

Balexert jubile, pas les petits commerces

A Onex comme à Lancy, le ton des voyageurs est désormais apaisé. «Dès que je peux, je prends le tram. On ne l’attend jamais longtemps et ça secoue moins que le bus», lâche un retraité onésien. Dans le quartier demeurent toutefois quelques commerçants qui n’ont pas digéré la pose des rames. «Mon chiffre d’affaires a dégringolé durant les trois années infernales qu’a duré le chantier (ndlr: de 2008 à 2011)et ça n’a jamais repris», fait savoir Christophe Nivoix, gérant du Marché Bio. La nouvelle ligne n’apporte-t-elle pas de nouveaux clients? «C’est ce que nous avait promis la Commune. Ce n’est pas le cas. Jamais personne n’est venu chez moi en tram. C’est peut-être paradoxal pour un magasin bio, mais tous les clients viennent en voiture. Et les places de parking ont été supprimées.»

Avant de retrouver la périphérie, il va falloir descendre vers la ville et la traverser. A bord, la mêlée se densifie à chaque fois que les portes s’ouvrent à la Jonction, Bel-Air ou Cornavin. Puis une remontée en ligne droite, sans fin. La cité des Avanchets et le centre commercial de Balexert marquent le retour dans les communes périphériques. Là, le tram a inspiré les architectes qui, pour l’accueillir, ont carrément fait construire 10 000m2 de galerie commerciale qui enjambe la route de Meyrin. Résultat, 6000 clients au quotidien et une fréquentation en hausse pour le plus grand centre de Suisse romande. «L’apport est positif, se félicite Rémy Henriod, directeur de Balexert. Il est difficile à mesurer précisément mais on peut affirmer qu’il contribue à amortir les effets de la crise. Tandis que le commerce de détail subit une baisse des revenus, chez nous, la situation est stable.»

Désaccords et réconciliation en bout de parcours

Deux arrêts plus loin, le convoi lâche les soldats encravatés. Ils filent vers le centre d’affaires de Blandonnet, où  HSBC et L’Oréal notamment ont installé leurs quartiers généraux quand le tram annonçait son passage. Juste au-dessus, les avions ont déjà sorti le train d’atterrissage et frôlent les câbles électriques.

Voilà Meyrin en bout de course. Dans cette commune excentrée, les rails sont une révolution. «Je pourrais écrire un livre sur l’accouchement douloureux qui a donné naissance à cette ligne, sourit Hans Rudolf Brauchli, président de Association des habitants de la ville de Meyrin (AHVM). Il y a eu des désaccords, des pétitions pour modifier le tracé. Mais au final, l’accueil de la population est positif.»

Aujourd’hui, l’association et les habitants meyrinois se sont résignés à l’idée d’un tracé qui ne dessert pas directement le quartier de Champs-Fréchets. L’introduction de la ligne 18, de Stand jusqu’au CERN, en revanche, est une «réussite totale», selon Hans Rudolf Brauchli. «Le tram est une bonne chose, conclut-il. Il correspond bien au mode de vie de ces jeunes qui ne rêvent plus de voiture pour se réaliser.»

A Meyrin-Gravière – où il n’y a plus de gravière depuis bien longtemps – descendent les jusqu’au-boutistes. La douane de Mategnin point à un kilomètre. Le wattman quitte sa cabine, traverse ses wagons pour reprendre les commandes à l’arrière. Il est désormais à l’avant. Dans cinq minutes, ça repart.

 

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Photo du profil de Luca Di Stefano
Passionné par l’info au coin de la rue, j'ai commencé à écrire dans ma commune de Vernier.
En parallèle, un site Internet consacré au foot des talus, des études et expériences dans le journalisme local ainsi que de longs voyages à vélo ont tracé mon parcours.

4 commentaires

  1. Bonjour
    Je suis handicapé des efforts ont été fait pour notre bien être et je vous remercie.Par contre j’ai une remarque à faire.
    A plusieurs arrêt qui ont été construit et ce spécialement sur la ligne 14 le trottoir n’est pas à la hauteur des rames et c’est tout neuf comment expliquer ça. La Place du Cirque et l’arrêt Vigne sont des exemples et bien d’autre endroit encore Je parle pas de la ligne 12 ont attend les travaux .Messieurs je pense que vous pouvez faire ré hausser plusieurs arrêt sans gène pour les usagers.
    Merci pour votre compréhension

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  2. Le tram est une très très bonne chose.Il y en a tout le temps.Plus besoin de se les geler des heures pour en voir un arriver.De plus,il a changé sur bien des endroits de sa présence des rues et quartiers qui étaient austères et mornes.Reste encore à rafraichir les façades de plusieurs immeubles hideux et à moderniser certains endroits.Certains lieux manquent encore d’animation sur le tracé.Toutefois,Genève est sur la bonne voie mais bien des améliorations reste à faire pour embellir enfin définitivement l’agglomération.La cité paie encore sa paralysie de la mobilité des 25 dernières années.Un petit effort supplémentaire et tout ira à l’avenir pour le mieux.

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  3. Cette ligne de tram est évidemment une excellente chose. Le gros problème est que la synchronisation des feux en ville n’est absolument pas adaptée: à la jonction, en direction du centre-ville, le tram s’arrête deux fois pour laisser passer les voitures! Ne parlons pas du désastre de la place de Bel-air: est-il vraiment impossible de faire appliquer aux automobilistes l’interdiction de circuler sur la dernière portion de la Rue du Rhône?
    La signalétique à certains arrêts est totalement insuffisante, voire déroutante. Je défie n’importe quel touriste égaré à Cornavin, au Rond-point de Plainpalais ou aux Esserts de comprendre où il est censé prendre telle ou telle ligne.
    Par ailleurs, quel dommage que l’arrêt P+R Bernex ait été aussi mal conçu. Les machines à ticket sont placées de manière stupide, d’autant plus qu’elles sont très fréquemment en panne. Il faut alors faire tout un détour, vous ratez un tram à coup sûr. Les cinq minutes d’attentes évoquées dans l’article sont alors une estimation pour le moins optimiste. Ces machines ne sont manifestement pas entretenues du tout: l’écran tactile de celle située sur le quai 2 est totalement illisible depuis des semaines, je l’ai signalé à des chauffeurs plus d’une fois, sans succès.
    Ne parlons pas de l’accès pour les piétons depuis le chemin de Chaumont, une sottise. Je suis surpris qu’il n’y ait pas encore eu d’accident.
    Bref, il y a encore du boulot!

    Répondre

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