Blaise Villars, encadreur contemporain à Confignon

Bien que dans chaque maison il y ait plusieurs cadres, le métier d’encadreur d’art reste méconnu. Rencontre avec Blaise Villars qui tient l’atelier Ex-Voto à Confignon.

Un métier au service de l’œuvre

Quand on lui demande ce qui l’a attiré dans le métier d’encadreur, Blaise Villars répond avec beaucoup d’humilité. « J’apprécie le fait d’avoir un contact avec des œuvres et des artistes sans devoir me mettre en première ligne ». Pourtant, l’encadreur a un rôle capital dans la mise en valeur des tableaux. « Même si l’on doit rester à son service, l’encadrement est très important dans la valorisation d’une œuvre. Le cadre peut sembler un détail, mais la qualité des choses passe souvent par des détails ».

L’importance du cadre ne s’arrête pas là. « Les gens me donnent toutes sortes de choses: non seulement des œuvres d’art mais aussi des broderies au point de croix de leur grand-mère, une photo de leurs enfants, etc. On veut conserver des objets auxquels on tient tant pour leur valeur commerciale que sentimentale». La conservation des œuvres est donc très importante et un bon encadrement est vital pour protéger les tableaux des dégâts du temps et de la lumière. Pour cela, l’artisan-encadreur dispose de toutes sortes de matériaux : en plus du bois brut (chêne, érable, épicéa,…) ou ouvragé, il travaille avec des verres munis de filtres UV afin d’éviter le vieillissement des papiers ainsi qu’avec des cartons sans acide qui ne jaunissent pas le papier.

La concurrence des grandes surfaces

Le métier souffre cependant de la concurrence des grandes surfaces qui cassent les prix. Pourtant, le  préjugé selon lequel l’artisan est plus cher ne se vérifie pas toujours. «Certains encadreurs sont très chers, mais personnellement j’ai à peu près les mêmes tarifs que les grandes surfaces et le travail n’est pas comparable. Elles ne se préoccupent pas du tout de la conservation. Une fois, on m’a amené une œuvre qui avait été encadrée par une grande enseigne. Elle était tenue à l’arrière par du scotch de carrossier. Ce qui est la pire des choses à faire: avec le temps la colle est absorbée par le papier et, après quelques années, on voit des marques en transparence ».

Ainsi, les artisans doivent trouver leur place entre grandes surfaces et ateliers de luxe. «La clientèle fortunée est frileuse, il est difficile de rentrer dans ses réseaux, car tout fonctionne par conseil et bouche-à-oreille. Seuls les clients plus modestes démarchent un encadreur sans trop se poser de question et, la plupart du temps, ils vont vers les grandes surfaces».

Un renouveau du métier

La profession souffre donc de son manque d’exposition qui empêche le public de prendre conscience du rôle qu’elle joue dans la conservation d’une œuvre. Quant aux jeunes, s’ils sont intéressés par les métiers en lien avec l’art, peu se dirigent vers l’encadrement qui souffre d’une image vieillotte. «Quand on pense au métier d’encadreur, on imagine l’encadrement traditionnel. Autrefois, la mode était aux imitations bon-marchés de cadres en or. Si l’on avait mis 300 CHF pour un cadre, on voulait que ça se voie. Aujourd’hui, les gens préfèrent un encadrement plus simple, plus sobre, qui accompagne l’œuvre».

Blaise Villars n’est pourtant pas pessimiste. «Il y aura toujours un marché pour les encadreurs et il est permis d’espérer un réveil des gens à la culture. Une prise de conscience que l’art, ce n’est pas seulement aller aux vernissages pour se montrer, mais aussi affiner son regard sur la mise en valeur de l’œuvre, par exemple grâce à un cadre de qualité ».

En parallèle à son activité d’encadreur, Blaise Villars a ouvert une galerie d’art dans son petit atelier.