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Comment les bars de la périphérie ont évité la fermeture à minuit

Comment les bars de la périphérie ont évité la fermeture à minuit

Les tenanciers de bars et de discothèques jonglent entre clients festifs et bon voisinage. Pour eux, être situé à Meyrin, Thônex ou au Grand-Saconnex est un atout.

Jamais José Antonio Guardiola ne retournerait au centre-ville. Et pourtant, cet Espagnol au bagout entraînant y a possédé plusieurs établissements par le passé. Désormais, il est le patron du G Bar, l’un des rares bistrots du Grand-Saconnex ouverts jusqu’à 2 heures du matin. «Quand l’opportunité de reprendre l’affaire s’est offerte à moi il y a douze ans, je n’avais mis les pieds dans la commune qu’une fois ou deux», se souvient-il. Aujourd’hui, il dit tenir le coup bien que «les deux dernières années n’aient pas été simples». Mais plus que tout, au moment où la vie nocturne vit une période de troubles – en témoigne le tollé causé par l’interdiction d’ouvrir jusqu’à 2 heures du matin infligée à 28 bars genevois – José Antonio Guardiola bichonne ses relations de voisinage. «Il y a peut-être eu deux ou trois couacs, mais finalement les incidents sont rares, dit-il. La mairie est à deux pas et il me semble que je suis plutôt bien perçu dans le quartier.»

Sans doute est-ce le cas puisque son bar ne fait pas partie de la liste des 28 établissements dans le collimateur du Service du commerce. En réalité, il n’y en a qu’un dans la périphérie genevoise et il se trouve à Meyrin (lire ci-dessous). Comment font ces tenanciers pour jongler entre la fête et le calme que réclament leurs voisins?

Connaître ses clients

A Thônex, le Blues Bar occupe le rez-de-chaussée d’un immeuble d’habitation. Le patron reconnaît qu’en périphérie, «c’est une autre façon de travailler. Chez moi, plus de la moitié des clients sont des habitués que je connais, explique-t-il. Alors, quand ils font du bruit, je vais personnellement demander de baisser le volume.» Est-ce là la recette pour de saines relations de voisinage? «Je discute également avec les habitants de l’immeuble, souligne le tenancier. Quand nous organisons des soirées musicales, je mets un mot dans l’ascenseur pour avertir les voisins.»

Dans ce même quartier, Catherine Bouvard sert des bières du monde entier. A l’heure de la fermeture, la sortie de son temple du houblon peut s’avérer critique en matière de bruit. Songe-t-elle à engager des chuchoteurs <i>(ndlr: des employés censés éviter que les clients ne perturbent le voisinage à l’extérieur de l’établissement)? Absolument pas. «On ne sait jamais à l’avance comment ça va se passer, mais quand il y a des excités, c’est moi qui hurle et je vous garantis que le silence revient.»

Par ailleurs, les boîtes de nuit en périphérie s’imposent dans l’offre nocturne genevoise. Le Blue Night fait partie de celles-ci et anime les nuits meyrinoises. Deux ans après avoir succédé à un cabaret sous le centre commercial, la discothèque accueille désormais jusqu’à 200 personnes les soirs de week-end. «Au départ, il a été difficile d’attirer les clients. Nous avons tenté de faire de la pub, mais ça n’a pas été très efficace», se souvient l’exploitant Jean-Pierre Vanacore. Reste qu’après quelques mois de balbutiements, l’emplacement loin du centre-ville s’avère désormais un atout. «Autour de nous, il y a 650 places de parking. Les premiers immeubles sont à 100 mètres et le tram passe juste devant dès 5 h 30 pour ceux qui restent jusqu’à la fermeture.»

Vie nocturne déplacée loin du centre?

Finalement, l’avenir des nuits genevoises se dessinerait-il alors en périphérie? Deux jeunes étudiants attablés dans un bar branché de la rue de l’Ecole-de-Médecine peinent à imaginer leurs soirées à Meyrin, Chêne-Bourg ou Vernier. Mais selon le patron du Blue Night, cela ne fait aucun doute. «A l’époque, tout le monde sortait en Vieille-Ville avant qu’elle ne soit vidée. Maintenant, c’est la rue de l’Ecole-de-Médecine qu’on bousille. A terme, toutes les activités festives iront à l’extérieur dans les zones éloignées des habitations.»

 


« On m’enlève 40% du chiffres d’affaires »Â Â 

A Meyrin, Le Cervoise Café fait partie de la liste des 28 bars contraints de fermer à minuit.

Sur la tireuse à bière, une feuille de papier A4 sur laquelle est désormais écrit à la main: «Fermeture à 00 heures». Le Cervoise Café, à Meyrin, est le seul parmi les 28 bars concernés par le refus de prolongation d’horaire d’exploitation situé en périphérie.

Quand la lettre du Service du commerce (Scom) lui est parvenue, le patron, José Ferreras, est tombé des nues. «Par le passé, il y a eu des problèmes, c’est vrai, mais j’ai tout fait pour éloigner les clients problématiques et je n’ai reçu aucune plainte depuis deux ans, explique-t-il un brin dépité. La tranche minuit-2h représente environ 40% de mon chiffre d’affaires.»

A Champs-Fréchets, seule une bande de béton sépare le centre commercial où se situe Le Cervoise Café de la barre d’immeuble. De nombreux retraités y résident. Et selon plusieurs habitants du quartier, cette proximité avec les commerces pose réellement problème en matière de bruit. Mais le café de José Ferreras n’en serait pas la cause. «Les jeunes prennent des pizzas au fast-food, squattent la terrasse de la boulangerie durant la nuit, font du bruit et laissent traîner les déchets», témoigne une voisine de longue date.

Le Cervoise Café aurait-il alors payé pour les autres? «C’est possible», selon cette Meyrinoise avertie. Quoi qu’il en soit, José Ferreras a décidé de se battre. Dans une lettre au Scom, il demande aux autorités de faire marche arrière. A chaque client qui entre dans son établissement, il tend une pétition avec l’espoir de pouvoir à nouveau faire tourner son établissement jusqu’à 2 heures du matin.

 

 

 

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Passionné par l’info au coin de la rue, j'ai commencé à écrire dans ma commune de Vernier.
En parallèle, un site Internet consacré au foot des talus, des études et expériences dans le journalisme local ainsi que de longs voyages à vélo ont tracé mon parcours.

1 commentaire

  1. Désolé,mais ces bars sont placés dans des lieux sordides et très excentrés.Quant au blue bar son look fait vraiment délabré et cheap.Cela ne donne pas envie de fêter.De plus,sortir, veut également dire pouvoir sentir l’ambiance de certains quartiers genevois et profiter de la beauté de la cité ou de ses environs.Genève ne doit pas offrir n’importe quoi pour la simple raison qu’elle n’est pas capable d’aménager sur son territoire des lieux destinés aux loisirs diurnes et nocturnes.Toujours cette solution de facilité à la genevoise,qui consiste à ne jamais rien entreprendre pour améliorer la cité et son agglomération.3 mots d’ordre à Genf,Kalvingrad, la répression,la médiocrité et la fermeture.Merci à la SIP de faire de Genève,une ville encore plus triste et à éviter à tout prix.Elle est désuète et nulle cette cité…Désolé pour ceux qui pensent que Genève est la 8ème merveille du monde.

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