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La campagne genevoise en mutation

La campagne genevoise en mutation

Bien des communes rurales voient arriver de nouvelles constructions. Paradoxalement, ce sont les derniers venus  qui s’opposent au développement.

Satigny, commune suburbaine. Il y a dix ans, la formule aurait été qualifiée d’hérésie. Aujourd’hui, les Satignotes hésitent avant d’admettre qu’il y a là une part de vérité. Avec son train qui relie la ville en une poignée de minutes, ses pendulaires en masse sur la route du Mandement et sa démographie galopante, on en oublierait presque le vignoble qui fait sa renommée. Durant les six dernières années, 1000 nouveaux habitants se sont ajoutés aux 3000 âmes que comptait Satigny. Et on attend encore 500 à 600 nouveaux résidents d’ici quatre ans.

«En effet, ça construit», lâche Raymond Meister, vigneron né dans la commune et vice-président du syndicat agricole, depuis son domaine avec vue plongeante sur les immeubles récemment sortis de terre. Très vite, le producteur tient à préciser. «Il n’y a aucune raison de voir les nouveaux habitants d’un mauvais œil. Ces terrains sont déclassés depuis 25 ans, on savait ce qui allait arriver et on ne s’y oppose pas.»

Une question de toit plat

Reste qu’à Satigny, la plus grande commune du canton, l’afflux a bouleversé les relations de voisinage. Pour preuve, la mission principale du syndicat agricole est désormais d’aller à la rencontre de ces voisins qu’on ne croise pas au bistrot. Du côté de la mairie, on mise sur la cérémonie d’accueil des nouveaux habitants pour tisser des liens. «Sur les 60 ou 80 familles invitées, seule une quinzaine se déplace, c’est un peu décevant», observe le maire Claude Guinans. Puis, ce dernier note un phénomène curieux: «Je suis surpris, les anciens de Satigny acceptent bien le changement. Les plus réticents sont les derniers arrivés». Au village, la première rencontre confirme le sentiment. Une habitante arrivée il y a cinq ans ne souhaite qu’une chose: qu’on stoppe la prolifération d’immeubles tels que le sien.

A vrai dire, c’est la forme des toits qui pose problème. Dans le champ de vision de Raymond Meister, c’est même le seul et unique désagrément à proximité de ces bâtisses anciennes pour la plupart classées au patrimoine. «La CMNS (ndlr, Commission des monuments, de la nature et des sites) impose cela. C’est insensé et dommageable pour la beauté du site.»

A Cressy, «on se sent à la campagne, mais…»

A plusieurs kilomètres de là, Cressy n’a jamais vu de toits pointus. Cubiques, rouges vifs ou vitrés, ces immeubles sourdent encore, à cheval sur les communes de Bernex, Confignon et Onex. «Il va nous falloir 20 ou 30 ans pour développer une vraie vie de quartier, explique Fernando Da Silva, le président de l’association des habitants de Cressy. Malgré tout, les événements se multiplient pour stimuler les rencontres». Avec succès, c’est vrai, même si la structure de ce quartier à l’apparence sans âme contraste avec les villages de Bernex et Confignon attenants. «On se sent à la campagne, mais il faut reconnaître qu’on se voit peu, notamment à cause des garages souterrains. Le soir, les habitants rentrent directement chez eux sans passer dans la rue», explique ce maître socioprofessionnel fortement engagé dans la vie de Cressy.

Par ailleurs, Fernando Da Silva pointe quelques aberrations telles que l’école déjà trop petite pour accueillir tous les gamins du quartier. Ou cette place spacieuse au centre de Cressy finalement devenue… le terminus du bus 21.

Quand on ne construit pas

Enfin, dans ce canton où la campagne est considérée comme plutôt bien préservée (par rapport à Vaud, Valais ou Fribourg, notamment), certaines communes ne voient arriver ni immeubles, ni résidences en masse. A Bardonnex, la population a augmenté de 400 habitants seulement durant les trente dernières années. En revanche, c’est le nombre de voitures en transit qui a explosé, avec notamment plus de 5000 automobilistes qui franchissent quotidiennement les deux petites douanes de Croix-de-Rozon. «Certains aimeraient qu’on les ferme, explique Dominique Bonfils, le responsable du bureau de poste au cœur du village. Mais ce passage permet à des commerces de maintenir leur activité. En tant que postier, ça m’amène des clients.»

Le dilemme est donc là. Avec ou sans nouveaux habitants, impossible de se soustraire à la croissance. Dans un canton dont la population devrait augmenter de 20% à l’horizon 2040.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Passionné par l’info au coin de la rue, j'ai commencé à écrire dans ma commune de Vernier.
En parallèle, un site Internet consacré au foot des talus, des études et expériences dans le journalisme local ainsi que de longs voyages à vélo ont tracé mon parcours.

1 commentaire

  1. C’est vraiment très bien de construire de nouveaux logements et que Genève reste la ville attractive et internationale qu’elle a toujours été.Par contre,il serait vraiment génial de construire de vrais quartiers animés plutôt que de rajouter un immeuble par ci et un autre par là sans que cela n’apporte rien de neuf et de vivant à l’agglomération.Genève a de la peine à construire de beaux projets architecturaux.Dommage car cela pourrait vraiment réconcilier la population avec la ville et ajouter un grand plus pour le tourisme.Toutes les villes y arrivent aujourd’hui mais à Genève on traîne les pieds.A force de retarder les travaux au nom d’un dogmatisme stérile,nous ne faisons que pourrir la situation et au final c’est l’emploi et la qualité de vie générale des habitants qui en pâtiront.

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