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On a retrouvé Coin-Coin!

On a retrouvé Coin-Coin!

– Espace de vie la Châtelaine, j’écoute?
– Bonjour, est-ce que Coin-Coin est dans votre établissement ?
– Oui, il est là, vous pouvez venir le rencontrer.

Et voilà. Ce n’était pas compliqué. Un article sur l’ineffable Coin-coin, une dizaine de commentaires et on apprend qu’il n’a pas mangé les pissenlits par la racine. Il est bien à Châtelaine, résident de l’EMS construit il y a cinq ans au bord de l’imposante route de Vernier.

A peine arrivé dans le bâtiment, accueil chaleureux de Karine. L’employée de l’établissement n’a pas eu besoin d’explications pour comprendre qui est Coin-Coin que déjà la voix de notre homme s’échappe de la cafétéria. Le décor a changé. Autour du personnage, ce n’est plus ce centre commercial du Lignon à l’architecture désuète, mais le restaurant d’un EMS avec tout le charme que cela comporte.

On s’assied. L’homme est peu bavard mais, sous ses faux airs bougons, ne parvient pas à faire croire que la visite l’ennuie.

Le caviste, un mec super

On apprend alors que Coin-Coin n’a jamais vécu au Lignon. Il y traînait son sourire figé et ses paupières lourdes lorsqu’il était employé comme assistant-jardinier à l’hôpital de Loëx. En 1971, lorsque la passerelle fut construite, il découvrait ce serpent corbuséen de béton. Et surtout sa brasserie qui organisait des bals plusieurs fois par année. Apparemment, la danse des canards y passait en boucle… Dès lors, Coin-Coin avait trouvé sa litanie et les résidents du quartier son surnom.

Puis, la cave du Lignon était devenue son QG. «Le caviste était un mec super. Parfois il m’offrait une p’tite bière», se souvient-il. Quand on lui dit que le commerce n’existe plus et qu’il a été remplacé par une épicerie portugaise, Coin-Coin reste silencieux.

Désormais notre ami occupe la chambre 112 de l’EMS. Avant cela, il logeait dans un établissement de Satigny. On a envie de parler de sa vie et de son parcours. «Je suis né au Grand-Lancy. Mon père était vaudois et ma mère tessinoise», explique-t-il. L’infirmière nous dira plus tard que de ses parents, Coin-Coin ne connaît que les cantons d’origine. Enfant, il a été ballotté entre les familles d’accueil avant de devenir garçon de ferme en Suisse allemande et finalement jardinier à Genève. Voilà, c’est à peu près tout. Ni mariage, ni enfants. Aujourd’hui, il conserve une amie à Locarno où il passe une semaine de vacances par année.

Pas de photo

Fin de l’entretien. Entre temps et exceptionnellement, Coin-Coin aura droit à un deuxième ballon de rouge. On ne fera pas de photo, il déteste ça.  «Viens je te montre ma chambre», dit-il avant de s’échapper aux commandes de son rollator. Sur ses étagères décharnées, deux photos seulement. L’une avec la «blondinette» de la Cave du Lignon, l’autre avec une dame du quartier à qui il avait l’habitude de faire la conversation.

Coin-Coin m’annonce qu’il aura 80 ans le 29 mai de cette année. «Tu viendras hein ? Ça m’a fait plaisir de te connaître.»

En fait, son prénom c’est Pierre-Olivier. Mais aujourd’hui encore, tout le monde l’appelle Coin-coin.

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J'écris un article
Photo du profil de Luca Di Stefano
Passionné par l’info au coin de la rue, j'ai commencé à écrire dans ma commune de Vernier.
En parallèle, un site Internet consacré au foot des talus, des études et expériences dans le journalisme local ainsi que de longs voyages à vélo ont tracé mon parcours.

5 commentaires

  1. Très touchant votre article, on attend la suite au moi de mai 🙂

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  2. une personne mythique ! coin-coin . il dit toujours bonjour aux conducteurs des tpg . avec sa phrase , bonjour chauffeur , tu paye un verre .. extra longue vie a lui….. ed….

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  3. Mr Di Stefano,
    quel plaisir de lire votre article , suis émue tellement vos mots sont justes et vos phrases relatent si bien Mr Grosjean ! l’envie est grande de lui faire partager votre article mais j’ai promis….. donc je vais juste en parler à ma directrice et au comptable ( qui mange de temps en temps la fondue avec Pierre Olivier ).
    c’était un moment très agréable et si vous avez envie de passer par La Châtelaine autour du 29 mai….. 80 ans …… nous serons là.
    Bien à vous , Karine.

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    • Bonjour karine,
      je suis heureux de savoir que pierrot grosjean est toujours vivant. je l’ai bien connu à Loex, j’y suis d’ailleurs le responsable du parc et jardin. donner lui le bonjour de ma part, et j’espère lui rendre visite à l’occasion.
      meilleures salutations.

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  4. Quel personnage magnifique. Meilleurs voeux pour lui.

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