Tous ceux qui vivent, ou qui ont vécu, au Lignon savent de qui je veux parler. Coin-coin, c’était ce vieux Monsieur qui traînait souvent à proximité des bennes vertes (aujourd’hui remplacées), entre l’église et le centre commercial.
Armé de sa canne, il titubait avec une démarche chaloupée à la Charlie Chaplin. La vitesse en moins. Casquette Feldschlösschen posée sur la tête et litron de la même marque en main. Ces bouteilles qui rapportaient 50 centimes de consigne quand on les envoyait se faire ingurgiter par la machine de la Coop.
D’accord, cela fait quelque temps que j’ai cessé de passer l’essentiel de mes journées au Lignon. Mais lors d’une soirée avec des amis d’enfance, la question est apparue en faisant l’inventaire des originaux du quartier: où est Coin-coin ? Â
Voilà des années qu’on ne l’a pas aperçu et il y a comme un vide. On était là et Coin-coin aussi. Jamais tout à fait éveillé, mais jamais absent non plus. Les gamins que nous étions lui lançaient quotidiennement un « ça va Coin-coin ? » Il répondait inlassablement…. « coin-coin». C’était là notre unique dialogue. Alors le surnom coulait de source. Parfois sa réponse changeait, c’était un « hé hé » bruyant.
Regard comateux et sourire gravé
Où est-il donc passé? La première hypothèse serait celle d’un passage de l’arme à gauche. «Vu ce qu’il s’est envoyé», serait-on tenté de dire. Mais pour d’autres, Coin-coin était immortel. On a grandi, changé, déménagé, enfanté pour certains, pendant que Coin-coin ne bougeait pas. Eternel, comme cette peinture de l’homme-araignée qui escalade la grande tour. On ne sait pas pourquoi, quand, ni comment, mais elle est là . Et on vit bien comme ça.
Eh bien Coin-coin, c’était un peu ça. Dans nos têtes, il avait toujours été ce type aviné qu’on croisait quotidiennement, regard comateux et sourire en coin gravé au milieu du visage. Une sorte de Benny Hill à l’heure du coup de pompe, en somme.
Comme pour l’homme-araignée, on n’a jamais posé de questions. Personne n’a jamais fantasmé sur l’éventuelle vie de millionnaire que Coin-coin aurait pu avoir. Du beau gosse qu’il aurait pu être avant de brailler des onomatopées aux gamins. Â
Alors si quelqu’un a des nouvelles de Coin-coin, qu’il se manifeste. Qu’il nous dise son nom, qu’il nous raconte son histoire.
Michèle
Coin Coin n’est pas, ou n’était pas un vanu-pied ! Il savait parfaitement parler français et avait même un vocabulaire très châtié. Mais c’est vrai qu’il aimait bien boire un coup. Je ne sais pas ce qu’il est devenu.
Laurent
Ne confonds pas tout les personnages 🙂 La vanu-pied s’appelait effectivement François alias « jesus christ » et comme l’a dit BuBu c’était un échoué de la vie qui s’en sortait comme il pouvait. (très gentil).
Coin-coin n’était pas vanu-pied du coup 🙂 mais une superstar toujours souriants et capable de conversation intelligible selon les heures de la journée 🙂
Cela fait en tout cas plaisir de voir que ses personnes font partie de nos souvenirs (agréables).
Bonne année à tous.
De Benedetto
Non, il ne s’appelle pas François. François est un autre personnage du Lignon que l’on appelait Jésus Christ et qui secouait verbalement les coincés dans le bus 7.
De Benedetto
Ton article m’a profondément touchée et a fait ressurgir un passé oublié. Merci…
GAULIN
Bonjour,
Tout ce que je peux vous dire c’est qu’il se trouve à l’EMS de Châtelaine.
Bubu
PS: je suis presque certain que le vanu-pied s’appelait François.