Aimer les animaux, c’est bien. Les connaître, c’est mieux. Depuis trente ans, le vivarium de Meyrin dispense des cours pratiques et théoriques aux plus jeunes.
Le mardi soir, il y a école à Meyrin. Avec des cahiers, des devoirs et des travaux pratiques. Des professeurs, aussi. Et c’est comme ça depuis plus de 30 ans à l’école des reptiles du vivarium. «Quand un jeune veut tester sa passion, il peut le faire ici», lance d’emblée Bilal Ramadan, responsable de l’école. Durant l’atelier décoration de terrarium, il demande à la dizaine d’enfants présents. «Ce terrarium, il est haut ou bas? Est-ce qu’on va pouvoir y mettre une bête arboricole?» Cette question a été abordée en cours: Le terrarium étant bas, on n’y mettra pas de serpent arboricole. Ce groupe-ci rassemble les «petits» jusqu’à 12 ans, qui alternent les mardis avec les plus âgés. Au total, plus de 1000 enfants ont fait leurs classes depuis la naissance de l’école en 1981. Sans jamais aucun accident, est-il peut-être nécessaire de préciser.
Même pas peur
En plein cours, Nathan, 8 ans, ne craint pas de plonger sa main dans le terrarium pour nourrir ses bêtes préférées. Quand il sera grand, son métier sera de «s’occuper des serpents», c’est lui qui le dit. Parmi les élèves, un garçon hésite à manipuler les animaux qu’on lui présente. La peur? Son regard témoigne de l’absurdité de la question. «C’est parce que je n’ai pas révisé mes cours!» Car l’école des reptiles met un point d’honneur à transmettre des connaissances théoriques à ses herpétologistes en herbe.
«Ces enfants sont de vrais mordus, ils n’ont aucune espèce de répugnance. Alors nous utilisons leur passion pour leur offrir du savoir», affirme Bilal Ramadan avec sa voix imposante. Lui-même a découvert le pouvoir envoûtant des reptiles alors qu’il avait 8 ans. «Un jour, quelqu’un est venu nous montrer un serpent en classe. Tout le monde a fui au fond de la salle, sauf moi qui restais face à l’animal à le contempler.»
Cinquante ans plus tard, cet enseignant du centre de formation professionnelle construction et de l’Ecole de culture générale a pris la place de celui qui, un jour, a réveillé cette fascination. Après avoir fondé la première association Elapsoïdea avec Philippe Golay, Philippe Perrottet et Marie-Claude Curty en 1979, il essaime une vision humaniste de l’amour des bêtes: «S’intéresser aux reptiles signifie aborder des questions plus fondamentales de notre rapport au monde: l’environnement, la diversité, l’écologie et même la sensualité», dit-il.
Python fatigué
Depuis quelques années, le reptile a la cote. Sous l’acronyme de NAC (nouveaux animaux de compagnie), on désigne cette tendance à accueillir à domicile des bêtes atypiques. «Pour moi, la captivité n’a de sens que si elle est éducative», clame Bilal Ramadan. En d’autres termes, héberger un serpent conformément à une mode passagère peut conduire à l’abandon ou au décès de l’animal. Le vivarium permet bien à ses membres de prendre des bêtes en pension, mais selon des règles strictes.
Retour au cours. Après avoir nourri boas, couleuvres et autres vipères, la séance se termine par le moment préféré des enfants: la manipulation. Sorti de son sommeil, un python royal passe de main en main. Les enfants s’amusent de voir l’animal se mettre en boule autour de leurs bras menus. A l’arrière, les parents venus récupérer leurs rejetons observent, mais gardent leurs distances. Il est presque 20 heures. Le python semble fatigué, il est temps de le laisser tranquille. «A dans deux semaines les enfants. Et n’oubliez pas de faire vos devoirs!»
Photos: ©Laurent Guiraud
Mijo
Mon petit-fils est le plus heureux depuis qu’il fréquente cette école et il m’apprend beaucoup.