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Une page se tourne à la ferme de Merlinge

Une page se tourne à la ferme de Merlinge

Le propriétaire pousse la famille Chollet au départ, après une querelle de voisinage tranchée par le Tribunal fédéral. Depuis des générations, ces fermiers exploitaient le domaine très fréquenté de Meinier.

Le poney et l’ânesse sont partis la semaine dernière chez leurs nouveaux propriétaires. Il ne reste qu’une oie, quelques poules et Thérèse Chollet s’excuserait presque: «On voit déjà le déclin, dit-elle la larme à l’œil. Je n’ai jamais cru qu’il faudrait partir, mais on a toujours été soutenu moralement.»

Au mois de décembre, les Chollet quitteront la Ferme de Merlinge au terme de huit années de conflit avec les propriétaires du domaine. Un dénouement qui met fin à trente-huit ans de présence du couple aux commandes de cette ferme de la route de Gy à l’avant-garde en matière de vente directe et d’accueil. Dans ce domaine aux confins du canton, la crèche était vivante, les enfants en course d’école embarquaient dans un petit train pour aller cueillir les fraises, on se rassemblait pour des nuitées de gremaillage des noix et les brunchs affichaient complet des jours à l’avance.

Menaces, épreuves de force

Si la famille Chollet était parvenue à faire de cette Ferme de Merlinge un lieu fréquenté, elle n’en demeurait pas moins locataire. En 2005, l’homme d’affaires François Marland rachète le domaine aux descendants de la maison de Savoie, la famille royale d’Italie. Au vrai, l’acquéreur ne vient pas de loin puisqu’il vit dans le château de Merlinge, qui jouxte la ferme.

Avant l’opération immobilière, les relations entre les deux familles étaient plus que cordiales. «On partageait des fondues, nos enfants jouaient ensemble. Les Chollet étaient nos seuls voisins et on était ravi», explique François Marland. Mais lorsque celui-ci décide de se porter acquéreur, les choses se compliquent. Car au même moment, le couple de fermiers manifeste aussi son intérêt. Selon le droit foncier rural, Jean-Jacques et Thérèse devraient disposer d’un droit de préemption sur l’entreprise agricole en vertu de leur statut de producteurs. Mais l’arbitrage de la Commission foncière agricole – confirmé par le Tribunal fédéral par la suite – en décide autrement permettant à l’homme d’affaires français de devenir propriétaire de la Ferme de Merlinge. Quant à la date du départ des Chollet, elle est fixée au 1er juin 2013.

Projets d’avenir

Durant ces années de procédure, la guerre entre les voisins fait rage. Fils électriques coupés chez les uns, terrain saccagé chez les autres. Menaces, épreuves de force. Dans ce village de campagne où le Salève s’affiche de profil, on parle même de chiens empoisonnés et de rats crevés sur les pas-de-porte.

Malgré la dimension privée de l’affaire, le maire Marc Michela a tenté la médiation: «La famille Chollet est bien intégrée à Meinier, alors tout ceci est dommage pour elle et pour nous. On a réussi à repousser la date de son départ à décembre. Maintenant, il faudra être vigilant que la Ferme de Merlinge ne devienne pas autre chose qu’une exploitation agricole.» Car c’est là l’interrogation. Face aux doutes, François Marland assure que «les activités de la ferme se poursuivront, en mieux. Un fermier travaille déjà, il y aura des vaches limousines, du blé, du maïs… Dans cette affaire, on a voulu me faire passer pour le méchant châtelain contre le pauvre fermier…»

A quelques semaines du départ, Jean-Jacques Chollet lâche avec amertume: «Notre famille exploitait cette ferme depuis nonante ans.» Ce week-end, des événements spéciaux auront lieu au domaine pour se dire au revoir. «C’est l’occasion de remercier ceux qui nous ont soutenus», lâche Thérèse. En attendant que le couple trouve une exploitation à reprendre, les regards se tournent vers la fille Aline, 32 ans, qui se prépare à exploiter la Ferme de Bellebouche, à moins d’un kilomètre de là. «Dans la famille, on est tous dans la nature.»

 

 

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Passionné par l’info au coin de la rue, j'ai commencé à écrire dans ma commune de Vernier.
En parallèle, un site Internet consacré au foot des talus, des études et expériences dans le journalisme local ainsi que de longs voyages à vélo ont tracé mon parcours.

12 commentaires

  1. Jean Jacques et Thérèse je pense bien à vous et à tous les magnifique moments passés à Merlinge. Ce départ reste incompréhensible ……

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