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Un paradis pour les rapaces dans la campagne genevoise

Un paradis pour les rapaces dans la campagne genevoise

C’est un joli coin de campagne genevoise, un ancien verger, caché en contrebas du village de Bardonnex. Depuis la route, rien de bien frappant. Ce n’est qu’une fois arrivé que l’on comprend. Un grand hibou en bois, des canards, des oies, des poules et un peu plus loin des volières d’où proviennent des hululements: nous voici arrivés au Centre de Réadaptation des Rapaces (CRR) de Bardonnex.

Créé officiellement en 2010 – mais les premières volières remontent à 2006 -, ce centre entièrement financé par des dons est en passe de devenir un des plus importants de Suisse romande avec une cinquantaine de volières. Sa vocation première est de recueillir les oiseaux blessés – en particulier les rapaces -, de les soigner puis de les relâcher dans leur milieu naturel. Le centre accepte toutefois tous les animaux qu’on lui amène, quitte à les transférer à d’autres centres de soins.

Un passionné parmi les rapaces
A l’origine du CRR se trouve Ludovic Bourqui qui en est à la fois le fondateur et l’âme forte. Personnage entier et passionné, ce fils et petit-fils d’agriculteur fait remonter son amour de la faune à son enfance, passée dans la ferme de son grand-père. Dyslexique, il raconte volontiers avoir détesté l’école et appris ce qu’il sait de la nature grâce une pratique quotidienne des animaux et à un sens aigüe de l’observation. Cette capacité à observer et percevoir ce que d’autres ne voient pas lui sert au quotidien dans son activité au centre de réadaptation, qu’il s’agisse de décider s’il faut emmener un animal blessé chez le vétérinaire ou de comprendre le comportement inhabituel des oiseaux dont il s’occupe.  « Le matin même, par exemple, certains détails, une agitation parmi les pensionnaires du centre, m’ont alerté, explique-t-il. Quelques minutes plus tard, j’ai découvert qu’un des canards de la basse-cour avait été attaqué et tué, selon toute probabilité par un rapace de passage. »

Des soins au quotidien
Les causes les plus communes de blessures chez les oiseaux auxquelles le centre est confronté sont dues à des collisions avec des voitures ou des baies vitrées. Les fils électriques et les filets de toutes sortes sont également une cause importante d’accident. Dès son arrivée au centre, le volatile est ausculté. Quelle est la gravité de ses blessures ? Peut-il être soigné sur place ? Son éventuel handicap lui permettra-t-il de retourner à la vie sauvage ? Autant de questions auxquelles Ludovic Bourqui et son équipe sont confrontés au quotidien.

Depuis sa création en 2010, le Centre de Réadaptation des Rapaces a vu passer près de 1500 oiseaux. Une partie d’entre eux sont déposés par des particuliers. La SPA, la police et les pompiers font également appel aux services du centre. Ludovic Bourqui est régulièrement amené à intervenir directement sur le terrain car ne recueille pas qui veut un rapace ou un oiseau blessé. Il faut savoir s’en approcher et le capturer sans prendre de coups de bec ou de serres.

Une fois arrivé au CRR, un diagnostic est posé: l’oiseau sera soigné sur place, emmené chez un vétérinaire, voire euthanasié si son état est jugé sans espoir. Le responsable du centre relève que ces choix ne sont pas faciles mais qu’ils ne peuvent être éludés. Le centre accueille d’ores et déjà près de 200 pensionnaires fixes, dont une partie de rapaces qui ne peuvent plus être rendus à la nature pour des causes allant du handicap insurmontable à la trop grande familiarité avec les humains.

Assurer leur retour en milieu naturel
Pour assurer le retour des oiseaux dans leur milieu naturel, des efforts importants sont fournis : physiothérapie, réapprentissage du vol dans des volières adaptées, nourrissage correspondant à leurs habitudes alimentaires. Une attention particulière et des règles strictes sont appliquées afin d’éviter que les oiseaux ne deviennent trop familiers et dépendants des humains. « C’est une tâche particulièrement difficile et qui implique parfois une grande fermeté avec les bénévoles » explique Ludovic Bourqui. « La plupart d’entre eux imaginent qu’une partie importante de leur travail consistera à approcher les oiseaux, les porter, voire leur faire des papouilles. Or, cela ne correspond pas à la réalité de notre travail dont 90 % est consacré à des tâches comme le nettoyage des serres et l’entretien du terrain. Notre objectif est d’éviter de changer les comportements des oiseaux en limitant la proximité avec les humains afin qu’une fois relâchés dans la nature, ils aient un maximum de chances de survivre ».

Le centre s’efforce de maintenir les oiseaux dans un contexte aussi proche que possible de leur milieu naturel et de leur donner une alimentation correspondant à celle qu’ils ont dans la nature. « Dès que leur état le permet, les grands rapaces sont mis dans une volière de 50 mètres de long, bien adaptée au réapprentissage du vol. La volière des chouettes Chevêches contient de vieux troncs d’arbres, rappelant leur habitat naturel. Et pour permettre aux Bondrées apivores de conserver leurs habitudes alimentaires, nous utilisons des nids de guêpes abandonnés dont les alvéoles sont remplies de vers de farine puis bouchées avec du miel. »

Intéressés par les activités du Centre de réadaptation des Rapaces ?
Rendez-vous sur le site internet du CRR:  http://www.crr-geneve.ch

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Photo du profil de Anne Pastori Pastori
Anne est aux premières loges pour assister au développement fulgurant de sa commune de Plan-les-Ouates. Elle s’intéresse particulièrement à «ce mélange fascinant entre la campagne et l’évolution urbaine qui fait apparaître de nouvelles problématiques.» Experte en communication et réseaux sociaux, passionnée par le graphisme, elle réside et participe à la vie publique de Plan-les-Ouates depuis près de quinze ans.

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