
Parmi les autres activités proposées durant le mois de mars aux personnes hospitalisées à Beau-Séjour, l’Atelier d’Animation organisait encore, outre deux concerts et la sortie-visite de la RTS (voir article N°26), une après-midi de jeux et de divertissement dans la grande salle de gymnastique. Ce lieu, habituellement réservé aux thérapies et aux exercices de rééducation, se transformait alors pour quelques heures en véritable jeu de piste, rehaussé d’un grand concours ouvert à tous les pensionnaires.
Avec des moyens limités mais beaucoup d’ingéniosité, grâce aussi à l’appui de nos sponsors, et naturellement de notre équipe de bénévoles – qui faisaient preuve de beaucoup d’empathie et de chaleur humaine auprès de nos pensionnaires – nous n’étions cependant pas à court d’imagination pour offrir aux patients des épisodes de répit et de détente bienvenus, entre les séances de traitements et leurs soins quotidiens.
A une certaine époque, dans les années 90-97, ce grand jeu se présentait comme un parcours à travers les étages de l’institution, une sorte de « rallye » avec des postes répartis à différents endroits de Beau-Séjour. Si cette activité, inhabituelle dans un hôpital, créait beaucoup d’animation, cela devint pourtant par la suite une organisation laborieuse, nécessitant un grand investissement en logistique et surtout en volontaires auxiliaires : notre animatrice de l’époque, Micky, n’en dormait d’ailleurs pas la nuit précédente… De plus, le chassé-croisé des équipes de patients et d’accompagnants bénévoles dans les unités de soins, le va-et-vient des fauteuils roulants, générait un certain brouhaha, ponctué il est vrai d’éclats de rire sonores… ce qui n’était pas du goût de tout le monde, notamment de certains soignants, qui devaient eux « travailler » malgré cet intervalle divertissant.
C’est la raison pour laquelle nous nous sommes repliés sur le gymnase, séparé en deux pour l’occasion par un grand rideau, afin de permettre aux physiothérapeutes de poursuivre tout de même les entraînements avec leurs patients. Cependant, l’animation n’en était pas moins attrayante, au contraire : nous pouvions alors utiliser certains engins sur place et bénéficier de l’infrastructure de la salle.
Les différents postes proposaient des situations amusantes où il fallait exercer la mémoire, les sens, la dextérité, la logique etc. Par exemple : trouver la fin de proverbes imprimés sur des cartes, reconnaître des noms d’acteurs, de gens célèbres, de villes, de fleurs, reconstituer un puzzle géant, empiler le plus de briques possible sur un tabouret. Il y avait aussi des jeux plus physiques : fléchettes, ballons dans des cerceaux, jeux de quilles, etc. Les exercices n’avaient aucune visée thérapeutique, si ce n’est le plaisir qu’ils suscitaient, et étaient adaptés aux divers handicaps ou aux particularités, aux fauteuils roulants ou aux béquilles. Si quelqu’un avait plus de difficulté à un poste, il pouvait néanmoins compenser à un autre et ainsi récupérer des points sur sa « feuille de route ».
L’après-midi se terminait par la proclamation des résultats, une distribution de prix et récompenses pour chaque participant. Les lots et articles promotionnels offerts par nos fidèles donateurs rendaient à chaque fois notre planche de prix très attractive : avec les pâtisseries et les boissons fraîches qui suivaient, cette animation représentait toujours un moment fort apprécié dans le quotidien des personnes hospitalisées. Elles regagnaient ensuite leurs chambres avec leur « trophée », qu’elles pouvaient exhiber fièrement le soir à la famille ou les amis venant leur rendre visite.