
Dès la fin du XIXe siècle, une grande famille genevoise a fait sa moisson dans la presse locale. Morceaux choisis
Comment meubler ses soirées à la fin du XIXe siècle et au début du XXe? La lecture, notamment celle des journaux, occupait un grand nombre de familles genevoises. L’une d’elles, les Le Fort, s’est amusée à découper et collectionner articles et petites annonces dans la presse déchaînée de ces décennies. L’ouvrage à usage interne ne fut imprimé qu’à un nombre réduit d’exemplaires et c’est bien dommage. Nous avons eu la chance de pouvoir consulter cette curiosité. Morceaux choisis.
«Une femme mariée, sans enfants, désire en avoir un. Chêne-Bougeries, s’adresser à la laiterie.»
«Charmante fille, gracieuse, élégante, désire connaître personne qui lui offrirait un voyage en aéroplane.»
«Société des Grinchus de Carouge. Perdu son président. Prière de le ramener, sans récompense, au local habituel.»
«La personne bien connue qui a promis de payer un gâteau aux cerises est priée de s’exécuter si elle veut s’éviter des ennuis.»
«Une nourrice désire trouver un petit nourrisson pour nourrir chez elle. Elle a deux messieurs pour fournir de bons renseignements. Rue Verdaine 1, au 3e.»
«Jeune étrangère, ayant gros cafard, cherche un imbécile pouvant la distraire. H.S. 13 poste restante, Stand.»
«Ravissante petite ânesse à vendre. Téléphoner aux heures de bureau au Journal de Genève.»
Cette anthologie de la drôlerie locale aurait pu inspirer les deux marioles qui ont exploité le filon en publiant plusieurs tomes de La réalité dépasse la fiction , le succès comique de l’après-guerre pour le magazine Elle , une œuvre de bénédictins humoristes. «De quoi rire à gorge déployée pendant des heures», écrivait le très sérieux Journal de Genève . La réalité dépasse la fiction a souvent cité la presse suisse. Ainsi la Tribune de Lausanne , qui écrivait: «Le douanier roule à vélo tous feux éteints de sorte qu’on ne l’entend pas venir.» On lit dans La Dépêche du Midi : «Le jeune homme prétend avoir été matraqué et pendu. La corde ayant cassé, il porte plainte.» On a aussi apprécié cette affiche de Cary Grant et Grace Kelly dans La main au collet , film d’Alfred Hitchcock, avec cette petite phrase: «Le film qui a permis à Grace Kelly de rencontrer le prince de Monaco.»
La chasse est ouverte, elle continue semaine après semaine dans Le Canard enchaîné .
Jean-Claude Ferrier
QueDire
Eh bien, visiblement vous avez le rire facile…