
Depuis le début du 19ème siècle, la Place du Marché de Carouge est ornée de 32 platanes alignés en deux rangées. Les Carougeois y tenaient énormément, jusqu’au coup de tonnerre de l’an 2000: les arbres de la place, vieux et malades, devaient être abattus ! La Municipalité, après étude approfondie, avait pris cette décision à l’unanimité, tous partis confondus!
Le Boulet et quelques autres associations opposées à l’abattage avaient lancé un référendum. La population avait donc dû voter le 26 novembre 2000 pour décider si, oui ou non, on allait supprimer tous les vieux arbres et les remplacer par «des arbres identiques, en une seule fois, afin de retrouver la célèbre voûte végétale en quelques années». 43 % des électeurs et électrices s’étaient tout de même prononcés contre le projet, très étayé, des autorités de la commune. L’abattage avait donc eu lieu dans un climat passionné, voire dramatique.
Au printemps 2001 les 32 nouveaux jeunes platanes, venus d’Allemagne du Nord, avaient été plantés en grande pompe, et des classes de l’Ecole des Promenades parrainaient ces arbres destinés à «offrir une Place du Marché harmonieuse à nos enfants et petits-enfants».
11 ans plus tard, Joséphine, 17 ans, 3ème année d’ECG, dont la classe de 1ère primaire avait parrainé un jeune arbre a un très vague souvenir des festivités, mais se souvient nettement du plot taillé dans un vieux platane qu’elle avait reçu, comme tous les enfants de sa classe, et qu’elle a gardé.
Et ce mois de janvier 2013, nouveau coup : «La Tribune de Genève» nous informe que deux champignons s’attaquent aux platanes carougeois et qu’il est bien probable qu’ils devront être à leur tour abattus. Pourtant (notre micro-trottoir a-t-il lieu trop tôt ?) aucune personne interrogée ne se révolte, ni ne s’indigne.
Arthur Chiorino, vice-président du Club des Aînés: «C’est logique de les abattre, s’ils sont malades; d’ailleurs les platanes sont originaires d’Asie. Il faut les remplacer par d’autres essences, typiques de nos régions».
Jacqueline Berger, grande marcheuse et observatrice de la nature :
«Je me suis tout de suite doutée qu’il y avait des risques, dès leur plantation. On savait qu’une maladie du platane existait. Il ne fallait pas choisir des hybrides de platanes, ni les tailler, comme on le fait. Il aurait fallu les laisser croître comme le grand platane de la Place d’Armes, âgé de 250 ans.»
Nuria Bermudez, secrétaire et mère de famille, s’inquiète aussi de la soudaine disparition des deux arbres devant son entrée du Boulevard des Promenades. «Depuis plusieurs mois, on a placé des barrières de protection devant les vestiges, mais nous n’avons aucune information si d’autres arbres vont être replantés, cela nous manque ».
René Cruse, nonagénaire, adore les arbres et a suivi très attentivement les nouvelles plantations à Carouge : il s’est réjoui de la nouvelle jeunesse de la Place du Marché, puis de la croissance des nouveaux platanes de la rue de la Débridée qui, nous apprend-on, seront plus résistants, et récemment de la plantation de tilleuls à la Rue Montfalcon.
Puisqu’il faut changer d’essence, pourquoi Carouge ne deviendrait-elle pas la ville des tilleuls, aux fleurs odorantes aux vertus euphorisantes?
- Joséphine Seiler devant l’arbre de sa classe de 1ère primaire. (image: M. Budry)
- Joséphine Seiler devant l’arbre de sa classe de 1ère primaire. (image: M. Budry)
- Arthur Chiorino (image: M. Budry)
- Jacqueline Berger (image: M. Budry)
- Nuria Bermudez et ses enfants (image: M. Budry)
- René Cruse (image: M. Budry)
- René Cruse devant les platanes de la rue Monfalcon (image: M. Budry)
marcel
Normal qu’ils soit malade avec les spots qu’il y a dessous et qui les éclaires toute la nuit comme si il faisait encore jour! sans parler de l’énergie gaspillée
joyeux
Ce qui est important avant tout,c’est de ne pas se prendre un arbre sur la tête car malade.Le reste ce n’est que blablabla et polémique politique stérile….
Valérie Bourquin
M. Chiorino a bien raison; des arbres originaires de nos régions permettront d’éviter les maladies. Mais il serait également indiqué de privilégier la diversité et de planter différentes espèces pour ne pas accentuer les problèmes d’allergies au pollen, en plus de favoriser la biodiversité et les abeilles, notamment!