
Max Jacot milite en affichant des portraits géants des habitants des Grottes. Rencontre dans un quartier insoumis
La démarche est militante. Une série de portraits d’habitants et commerçants des Grottes qui s’affichent en grand format sur les murs du quartier. On les retrouve également aux Bains des Pâquis, où l’exposition durera jusqu’au 14 mai.
Sur ces clichés, il y a le couturier concentré, l’ado qui ne lâche pas son ballon de foot ou l’employée expansive du pressing. Des tranches de vie, en somme, dans ce coin de Genève dont l’avenir pourrait se décider prochainement. Car à deux pas, il y a la gare, avec ses passagers qui s’entassent et son agrandissement nécessaire.
Toquer aux portes
Pour résumer, deux visions s’opposent. D’un côté, les CFF, qui prévoient de faire déborder la gare sur les Grottes avec deux voies et un quai supplémentaires. De l’autre, les habitants – réunis sous la bannière du Collectif 500 – qui contre-attaquent avec une initiative populaire en vue d’un aménagement souterrain.
En pleine bataille des chiffres, entre financement de l’extension et logements voués à disparaître (lire la «TG» du 6 avril), Max Jacot, photographe et auteur de ces portraits, est allé toquer aux portes précisément sur cette bande d’une quarantaine de mètres de large convoitée par les CFF. «Derrière la gare Cornavin, il y a du monde, de la vie, des commerçants», dit-il, comme si les considérations urbanistiques avaient floué le quotidien. Lui-même membre du Collectif 500 et habitant du quartier depuis une vingtaine d’années, il a bien entendu photographié des connaissances, mais aussi découvert un univers méconnu des Grottes.
Squatters et ouvriers
«Je ne m’étais jamais vraiment intéressé à la vie des commerçants. Ils ont des préoccupations un peu différentes du reste des habitants, mais au final les gens de ce quartier montrent surtout qu’ils savent dire non et résister. Jamais avec agressivité et toujours pour des causes locales.» D’où vient alors cette insoumission endémique des Grottes? A en croire le photographe, l’ADN contestataire du quartier est à chercher dans son histoire. Si les squats ont laissé place à des coopératives d’habitation et des ateliers à l’Ilôt 13, «l’esprit squatter est encore très vivant», fait-il remarquer. Quant au reste du quartier, il reste marqué par les ouvriers étrangers qui ont constitué son tissu social durant des décennies.
Ainsi, les projets immobiliers n’ont jamais vraiment été les bienvenus derrière Cornavin. En 1975, les premiers signes d’un esprit communautaire surgissaient lorsque la population prenait possession d’immeubles menacés de démolition. Dix ans plus tard, c’est une grande barre commerciale de sept étages qui était prévue là, mais les frondeurs des Grottes remportaient une nouvelle bataille.
«L’un des plus beaux»
Max Jacot, lui, a vécu de l’intérieur les vingt dernières années. C’est là qu’il vit et qu’il a installé son atelier. Tour à tour violoncelliste, bassiste d’un groupe punk, illustrateur, créateur de sites Web, il a mené un parcours bigarré, à l’image de son quartier. «Ce projet de portraits est l’un des plus beaux que j’ai réalisés», avoue-t-il. Mais en bon habitant des Grottes, l’esprit rebelle prend le dessus. «Ce qui compte, c’est de préserver un mode de vie qui nous semble correct.»
- Moussa, le couturier.
- Les mécaniciens vélo.
- Les enfants des Grottes.
- Le marchand de jouets du quartier.
- En cuisine, à Montbrillant.
- Deux frères dans leur salon.
- Au salon-lavoir de Montbrillant.
QueFaire
Il faut raser ce quartier, et vite.