
Un soir de mars, Kevin me conduit à Sézenove, un hameau situé sur la commune de Bernex. C’est dans une friche que le jeune homme a posé son rucher. Il me prête ses bottes. Pendant que nous pataugeons dans la boue, il me parle de la pollinisation. Lorsqu’on atteint les ruches, lui qui est d’habitude timide, me développe tout un chapitre sur la vie des abeilles avec comme épilogue, la question de leur longévité.
En effet, Kevin Clark est en première année de Sciences pharmaceutiques à l’Université de Genève. L’Onésien de 20 ans n’a pas choisi cette filière par hasard. «Bon nombre de personnes qui font des recherches sur la disparition des abeilles ont fait des études dans la filière pharmaceutique», explique-t-il. Evidemment, Kevin s’intéresse aux causes du dépeuplement des abeilles à travers l’Europe en particulier et le monde en général. D’ailleurs, cela a constitué le sujet de son travail de maturité au collège. Mais, sa passion pour l’apiculture l’a piqué depuis son jeune âge. «J’allais souvent avec mon grand-père dans son jardin, et on parlait régulièrement des abeilles, de leur vie et leur disparition», se souvient l’étudiant.
Entre l’Amérique et l’Afrique
Son souci grandissant, il prend l’habitude de fréquenter des apiculteurs genevois. En 2011, il n’a que 17 ans, mais acquiert déjà son propre matériel, soit trois ruches qu’il installe à Bernex. La même année, il récolte 40 litres de miel. «C’est uniquement pour la consommation familiale», précise-t-il. En 2013, grâce à l’association NORDESTA, il passe 3 mois au Brésil oû il travaille aux cotés des spécialistes locaux. «J’ai découvert des techniques encore plus intéressantes en discutant avec des apiculteurs des mondes différents. Au Brésil par exemple la récolte de la propolis se fait d’une manière beaucoup plus simple qu’en Suisse», raconte Kevin.
L’Afrique, est aussi son terrain de recherches puisqu’il s’y est déjà rendu à plusieurs reprises. «Depuis longtemps, je suis en contact avec un chercheur au Burkina Faso. Il a étudié des techniques de récolte sans enfumage excessif pour avoir un miel de qualité», explique le jeune apiculteur.
Petit à petit, Kevin se fait des armes dans le but de voir un jour l’abeille vivre plus longtemps que d’habitude. L’humanité doit une bonne partie de sa survie à cet insecte. « Je le fais pour l’intérêt général, de l’être humain», conclut-il.