
Deux collectionneurs sont à la recherche d’archives de la prestigieuse fonderie Pastori, à Carouge.
L’un est un grand collectionneur, l’autre est galeriste d’art et d’antiquité à Saint-Barthélémy, dans les Antilles françaises. Pourtant ces derniers jours, ce sont les rues de Carouge et Genève qu’ils ont sillonnées à la recherche d’informations. A leur programme, archives, bibliothèques, musées, cimetière ainsi que des personnes privées avec lesquelles ils ont pu se mettre en relation à distance.
Contactée par eux parce que mon nom de famille pourrait me relier à leurs recherches – ce qui s’avère malheureusement ne pas être le cas -, je rencontre Jean-Pierre Hennequet et Bertrand Bruhl dans le lobby de leur hôtel. Dans l’entretien qui s’en suit, ils me racontent ce qu’ils ont pu découvrir sur la Fonderie d’art Pastori, son rôle dans la diffusion de la sculpture en métal en Suisse durant la plus grande partie du 20ème siècle ainsi que les zones d’ombre qu’ils cherchent encore à éclaircir.
La Fonderie Pastori de Carouge
Le galeriste Jean-Pierre Hennequet m’explique qu’il a souvent eu l’occasion de faire des recherches sur la provenance des œuvres que sa galerie traite pour ses clients, que cela soit pour une vente ou un achat. Pour les sculptures d’artistes du 20ème siècle, il lui est arrivé de buter sur l’absence d’informations relatives à leur réalisation. C’est le cas pour les sculptures provenant de la Fonderie d’art Pastori à Carouge. C’est ainsi qu’il en a parlé à son ami Bertrand Bruhl qui est à la fois un grand connaisseur et un collectionneur passionné. Celui-ci lui ayant confirmé éprouver les mêmes difficultés, ils ont décidé de se rendre ensemble à Carouge lors de l’un de leurs voyages en Europe « afin de tenter de tirer au clair ce petit mystère » me précise-t-il, en souriant.
Il faut dire que les deux amis font preuve d’une belle détermination. Dès leur arrivée, ils se sont rendus à la fonderie pour découvrir ce qu’il reste de ce haut lieu de la sculpture puis ils ont arpenté le cimetière et trouvé la tombe de Mario/Jean-Marie (???) Pastori ; ils ont également contacté les archivistes de Carouge et du canton, plusieurs bibliothèques de la ville et des personnes qui ont gravité autour de la Fonderie. Leur espoir est de trouver auprès des héritiers et anciens collaborateurs des témoignages sur l’activité de la fonderie et même d’accéder aux archives de cette entreprise si elles existent encore.
– Jean-Pierre Hennequet, pourquoi tant d’intérêt pour une fonderie qui n’existe plus depuis 1985 ?
« C’est que celle-ci a joué un rôle majeur dans le succès en Suisse de la sculpture relevant de la technique de la fonte. De nombreux artistes de l’époque ont eu recours aux talents de Mario Pastori et de son équipe. Parmi ceux qui ont fait fondre des œuvres à Carouge, il faut signaler Alberto Giacometti, une des icônes de l’art du 20ème siècle ; la plasticienne surréaliste Meret Oppenheim, qui a d’ailleurs entretenu une correspondance avec Mario Pastori ; mais également des artistes comme Gérald Ducimetière dont plusieurs œuvres ornent le Rond-point de Plainpalais.»
– Que savez-vous de l’histoire de la Fonderie Pastori?
« Elle a été créée en 1919 à la rue de la Filature à Carouge par Mario Pastori. Cet italien de 33 ans était fraîchement arrivé de Milan et possédait déjà une solide formation de fondeur d’art. Nous ignorons encore de quels soutiens il a disposé pour pouvoir disposer d’un terrain et y installer les ateliers et locaux administratifs dont il avait besoin. Après son décès, c’est son fils, Jean-Marie, qui a repris la fonderie. Celle-ci a continué son activité jusqu’au décès subit de son patron au printemps 1984, suite à un accident cardiaque alors qu’il travaillait à la fonte d’une grande sculpture. »
Il précise encore que durant la période d’activité de la fonderie, soit entre 1919 et 1985, de nombreuses villes de Suisse ont passé des commandes publiques à la fonderie de Carouge ; ce qui en fait une référence importante pour l’histoire de l’art monumental en Suisse.
A la recherche des archives de la Fonderie
– Quel accueil avez-vous reçu lors de vos recherches à Carouge et Genève et quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées ?
« Nous sommes frappés par la grande qualité de l’accueil que nous avons reçu et très encouragés de ce fait pour la poursuite de nos recherches. La difficulté majeure que nous rencontrons actuellement tient au fait qu’à ce jour il ne nous a pas encore été possible de localiser les archives de la fonderie. En effet, nous avons l’espoir d’y trouver trace de toutes les commandes réalisées, ainsi que les détails de la réalisation des sculptures.
Selon les dernières informations que nous avons pu recueillir, ces archives auraient été conservées par la veuve de Jean-Marie Pastori. Nous cherchons donc à localiser cette personne qui a habité à un moment donné à Champel. Nous pensons également que Jean-Marie Pastori avait une sœur mais nous n’en savons pas plus pour le moment.
Une autre difficulté vient du temps écoulé et de la disparition des personnes qui pourraient nous en apprendre plus sur le sujet. Nous recherchons donc tout témoignage sur l’activité passée de la fonderie. Qu’il s’agisse de personnes qui auraient travaillé à la Fonderie Pastori ou de leurs proches, de commanditaires d’œuvres, d’artistes qui y auraient fait fondre des sculptures à Carouge ou encore de spécialistes d’histoire de l’art, historiens, archivistes, bibliothécaires, etc. Toute information est la bienvenue. »
Encore une question : si l’un des lecteurs de Signé Genève a des informations, comment pourrait-il vous joindre ?
« Le plus simple est de m’adresser un courriel à l’adresse jphsbh@gmail.com. »
- Bronze de Gérald Ducimetière réalisé par la Fonderie Pastori
- Bronze de Gérald Ducimetière réalisé par la Fonderie Pastori
- Sépulture pour la famille Pastori, cimetière de Carouge @JPH
- Les deux chercheurs lors de leur séjour à Genève
Jean-Jacques Snella
Bonjour,
Simple promeneur, j’ai été intrigué par un petit bâtiment rue Cardinal-Mermillod, à côté d’un espace géré de manière communautaire, et non loin d’une station service Coop.
Ce bâtiment a attiré mon attentiion par son aspect un peu “temple grec” et surtout par les incriptions latines qui figurent sur le fronton. Ces inscriptions semblent faire référence à un personnage, d’ascendence éventuellement royale ?
Je me suis renseigné auprès de service de l’urbanisme de Carouge, commune qui est maintenant propriétaire du lieu et pour qui le bâtiment est un hangar. Ils m’ont indiqué l’appartenance ancienne à la fonderie Pastori.
Avez-vous d’autres renseignements sur cet étrange bâtiment ?
Avec mes meilleures salutations,
Anne Pastori Zumbach
Malheureusement pas.
Roessinger
J’ai trouvé une peinture du peintre Uldry, qui s’intitule » Chez Pastori Fondeur » une vue des ateliers, mais pas de date…
FORNASARI SCULPTEUR
C’est JM Pastori qui a fondu mes sculptures qui sont placées
a Lancy ( guéparde) place du 1er aout
a Carouge ( guépard) devant la bibliothèque
deVant l’hopithal cantonal ( torse féminin)
Loutan Henri
bonjour,
concernant pastori : en tant que fournisseurs de ciment réfractaires, j’ai assisté à sa dernière coulée.
– Yvan Larsen, le sculpteur animalier avait toujours des contactes avec le ciseleur de pastori (atelier à chancy, ancienne laiterie, et habite Chalais)
– Monsieur Finaz (0033450207286) fondeur chez Durox SA, connaissait bien professionnellement Pastori
Bravo pour votre article
meilleures salutations
henri loutan