L’Ombre de l’Art à la rue des Bains

Jeudi 10 octobre. Cela s’anime au BAC – comprenez Bâtiment d’Art Contemporain – donnant sur la rue des Bains, plus précisément au Commun, une grande salle qui accueille nombre d’expositions temporaires et autres manifestations artistiques. Ce soir, c’est le vernissage de l’Ombre de l’Art, une exposition traitant du thème de l’échec dans le domaine de la création.

Rencontre avec Richard Le Quellec, concepteur de l’exposition. Il nous explique sa démarche.

« Il y a 5 ans, j’avais fait une performance du même genre au Grütli, dans le cadre du festival Trans, vous connaissez ? C’était déjà sur la thématique de l’échec mais dans une vision pluridisciplinaire. J’avais invité des danseurs, des gens du théâtre, mais aussi des institutions à parler de tous ces projets que l’on envisage mais qui ne sont finalement pas réalisés. Je m’intéresse à l’échec en tant que moteur pour avancer. »

Après s’être informé sur le sujet par de nombreuses lectures, l’artiste a choisi huit grandes catégories d’oeuvres : les ratés, les censurés, les inachevés, les non-réalisés, les détruits, les copiés, les glorifiés et les dénigrés. Dans la salle, chacun de ces types d’échecs est présenté par un grand panneau, puis des tables en bois proposent divers ouvrages et documents liés à chaque thématique. Au fond, quatre postes de télévision diffusent des petits extraits de films.

Alors tout cela, en quoi est-ce de l’art ?

La présentation peut s’apparenter à l’art minimaliste qu’on rencontrait dans les années 70. On est dans un bâtiment qui accueille de l’art contemporain, mais je n’ai pas voulu montrer que cela, c’est trop réducteur pour la thématique de la création. Actuellement, l’art contemporain est finalement très conventionnel et codifié. C’est pour cela que j’y ai intégré aussi de la littérature.

À qui s’adresse ce type d’exposition ? Grand public ou initiés ?

C’est ouvert à tous… J’ai vraiment voulu faire de cette exposition un partage de connaissances. L’art contemporain est parfois très élitiste. Ici, on peut entrer sans connaissances préalables, il suffit d’être un peu curieux. J’ai par exemple pris l’exemple de Frankenstein, que tout le monde connaît, en tant que créateur qui se débat avec sa création.

La notion d’échec est très floue. Moi-même je m’y suis perdu en préparant l’exposition. J’ai quand même tenté d’organiser la visite, mais finalement, chacun peut commencer où il veut, et faire ensuite les liens qui lui parlent entre les différents éléments.

J’ai voulu montrer comment on a tendance à mystifier l’acte créatif. Les artistes, comme bien d’autres certainement, sont la cible de beaucoup d’a priori, entre la fascination et l’image du doux rêveur paresseux… On ne se rend pas compte de tout ce qu’il y derrière la réalisation d’une oeuvre. Finalement, l’artiste est quelqu’un qui se lance dans une aventure… qui aboutit, ou pas. Avec le risque d’être considérée comme un échec.