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Parce qu’ils le valent bien, nos Festivals

Parce qu’ils le valent bien, nos Festivals

Si seulement nos décideurs et nos sponsors historiques avaient une claire vision des arguments de poids que peuvent constituer nos visions du réel dans le paysage culturel international, ils s’investiraient bien plus pour leur donner des lettres de noblesse et une notoriété mondiale. Culturellement, il faut bien le reconnaître, la région a tout du Grand petit Genève. La faute à qui, sans doute pas à Rousseau.

Que Nyon me pardonne pour cet emprunt nominal, mais la réalité est là, cachée derrière un immense potentiel qui surpasse de bien loin les considérations flatteuses mais polies et gentillettes qu’on leur porte pourtant. Black Movie, les Droits Humains, Festival tous Ecrans et Visions du Réel auraient à tous quatre aujourd’hui le poids d’un Sundance du cinéma du réel et du documentaire s’ils n’avaient pas eu la mauvaise idée de germer au sein de notre région. Il manque à ces Festivals non pas l’excellence et la vision, ses acteurs les ont depuis longtemps, mais cette main invisible de l’audace politique, sans laquelle toutes les plus belles intentions du monde ne peuvent aspirer à plus de grandeur. Et c’est là que le bas blesse car Genève (et Nyon dans une moins grande mesure si l’on voit le succès du Paléo) n’a jamais su positionner ses grands événements sur l’échiquier mondial de la culture. A cela faut-il évidemment pointer du doigt les attitudes bien désobligeantes de nos sponsors historiques qui n’aspirent qu’à la promotion du luxe, du glamour, de l’a-populaire et du politiquement correct. On se félicite d’avoir une offre importante, l’une des plus riches d’Europe, mais la réalité est bien là, crue et amère, quoique l’on prétende: la notoriété de nos grands événements culturels ne dépasse souvent guère le Mont-de-Sion, celui de notre canton, pas d’Israël.

J’exagère bien sûr et loin de moi également l’idée de fusionner ces événements aux identités propres. Toutefois, il y a matière à réfléchir. Et de se demander pourquoi diable Genève ne réussit pas comme Bâle ou Zurich ? Pourquoi sabre-t-elle à ce point sa propre dynamique culturelle ? Pourquoi essaime-t-elle tant de beaux événements, qu’elle contribue pourtant à rester éternellement mineurs ? Elle est comme cette mère jalouse qui se refuse à voir son enfant gagner sa pleine maturité et la dépasser de son intelligence. Culture d’austérité, de petitesse, de profil bas, de modestie toute calviniste ? Confusion chronique entre l’excellence et la démagogie ? On se demande pourquoi elle a la lumière dans ses armoiries puisqu’elle a si peur de se dorer en plein soleil. Notre République si aimée des grands écrivains du passé donne décidément à moitié raison à l’argumentaire de C.F Ramuz: « un petit pays est-il condamné par sa petitesse même à ne pas connaître la grandeur ? » A moitié en effet, car si elle castre volontiers ses projets culturels (et sportifs faudrait-il rajouter), elle sait si bien choyer ses événements économiques. Je rêve d’une Genève où le Monde ne vienne pas que pour son Salon de l’Auto, ses conférences internationales, ses manifestations horlogères et ses feux d’artifice qui embrasent sa rade. Je rêve d’une Genève où le Monde entier se déplace pour ses vibrations culturelles. Je rêve trop sans doute et peut-être que je râlerai après quand il y aura trop de monde comme au Paléo.

Mais avec ce quatuor de Festivals et je devrais en rajouter d’autres, le Grand Genève tient là une occasion unique de porter au très loin son excellence culturelle. Elle se targue fièrement d’être le siège des droits de l’homme, de l’environnement et de la paix. Alors qu’elle devienne vraiment la plate-forme mondiale du cinéma du réel et documentaire. Qu’un Prix donné à Genève ou à Nyon compte plus que tout ! Nous romands ne supportons pas l’indifférence et la complaisance de nos amis les français. Alors donnons-nous les moyens que l’on s’intéresse à nous autrement que par le mouvement de nos horloges et les petits secrets de nos banquiers ! Nous voulons le Grand Genève ? Faisons en sorte qu’il soit grand aussi et surtout par sa Culture et l’Excellence qui y règne à l’intérieur de ses frontières!

Car pour l’heure, le constat est clair, nous avons tout du Grand petit Genève.

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