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Lettre d’amour à la TSR.

Le 17 février 2019.
Ma chère TSR,

Jamais je n’aurais cru devoir t’écrire pour te demander de ne pas me quitter. Moi qui t’ai parfois abandonnée pour d’autres horizons où toujours j’ai cherché ton image et ta voix mais qui suis toujours revenu à mes racines.
Mes racines, parlons-en. Né dans le Genevois français, j’ai grandi dans le système centralisé de ce beau pays, son école, son administration, ses radios, ses télévisions.
Mais les ondes ont ceci de particulier qu’elles se rient des frontières. Alors, nous achetions un téléviseur Pal Secam dans les années soixante pour pouvoir te regarder. Car nous aussi nous nous riions des frontières. J’ai donc grandi avec Henri Dès et les babibouchettes, Rocky les belles oreilles ou Temps présent. Sans oublier le téléjournal qui m’apportait une vision du monde moins centrée sur la France et d’une expression très british, très factuelle. En clair, je grandissais aussi avec cette télévision plus familiale, plus amicale dans sa fabrication, moins guindée et plus proche. Un excellent contrepoint à la télédiffusion française !
Quand tu es passée au numérique, je me suis empressé de ma procurer le bon décodeur pour te retrouver et pouvoir te partager avec mes enfants ou avec mes amis étrangers de passage. Il faut dire que j’ai toujours été fier de toi. Petits moyens et programmes de qualité. (Bon, on oubliera les Grosses Têtes de P.Bouvard…)
Aujourd’hui, alors que nous filons le parfait amour dans une relation stable, un bandeau m’annonce au bas de ton écran que tu vas changer de mode d’émission. Inquiet de te perdre, je me renseigne et j’apprends avec stupeur que tu quittes le réseau hertzien pour ne plus passer que par internet. C’est-à-dire, pour moi, que tu m’abandonnes à tout jamais. Car personne en France ne fera l’effort de reprendre tes programmes pour me les proposer sur ma box internet. Ne nous mentons pas, les amoureux dans mon genre ne sont pas légion dans le monde francophone. Il faudra me contenter de t’apercevoir de loin en loin sur TV5 monde, porteuse de francophonie justement.
Que faut-il déduire de cette décision ? Sinon que tous les Suisses vont être obligés de payer pour un service public ? Que tous les collectifs suisses vont devoir passer TRES rapidement à la télévision par Internet ? Et que les bons petits vieux de tous les cantons romands vont s’arracher leur reste de cheveux à chercher leur programme favori ?
Personnellement, je ne suis pas concerné par ces soucis techniques. Non, ce qui me touche est du domaine affectif et constitutif, tu l’as bien compris. En quittant les rives de la Suisse, parce que j’imagine que les Français de Franche-Comté (vers Neuchâtel) ou même ceux d’Alsace vivent le même trouble que moi ici, autour de Genève. En quittant les rives hertziennes de la Suisse, tu laisses un grand vide dans nos cœurs émus de téléspectateurs curieux de leurs voisins. Dans le monde global de la communication, tu veux apparaître à Singapour alors que tu disparais d’Annemasse. A l’heure des grands rapprochements transfrontaliers et des initiatives locales, tu deviens mondialement compatible.
En terme de proximité, les Suisses m’avaient habitué à mieux…
Aussi, je te dis adieu. Je ne te suivrai pas sur le Net, je ne te ferai plus découvrir à mes proches et je ne saurai plus rien de toi à l’avenir, sauf à produire un effort dont je ne suis pas capable.
Je resterai avec mes souvenirs disponibles sur You Tube ou Dailymotion sans plus rien connaître de tes nouvelles productions.
Les histoires d’amour finissent mal parce qu’elles ne devraient pas finir. Tu en as décidé autrement. Puisses-tu ne jamais le regretter.
Avec toutes mes condoléances télévisuelles au public suisse, mon ami.
Yves Fournier Annemasse, téléspectateur fidèle et enthousiaste.

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Cadre commercial sur France.

Conseiller municipal d'Annemasse.

Dans la région depuis 10 générations au moins dont 7 dans le Genevoix savoyard

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